Google prend pied dans l’enseignement supérieur français

Ludivine Coste Publié le
Google prend pied dans l’enseignement supérieur français
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L’ESC Lille est le premier établissement d’enseignement supérieur français à choisir Google Apps Education pour son campus numérique. Une belle opération de marketing pour Google. Une belle opportunité de communiquer pour l’ESC Lille. Ce logiciel proposé gratuitement aux établissements a déjà été adopté en Europe par les universités de Bologne en Italie, de Leeds Metropolitan en Grande-Bretagne ou encore de Trinity College en Irlande. 

Baptisée MyESC Lille, la suite bureautique collaborative en ligne mise en place par Google Apps Education pour cette rentrée 2008 propose un portail de services divers et variés : environnement de travail personnalisé, partage d’agendas, messagerie avec 7Giga de capacité dont Google talk, une messagerie instantanée, alertes SMS gratuites sur le portable des étudiants en cas de cours annulés, cours interactifs, corrections de TD, Google vidéo… Le choix proposé est plus vaste que la plupart des ENT (environnement numérique de travail) proposés dans les autres établissements supérieurs et s’enrichira bientôt d’un espace commun de travail (« co-working space »). Mis en place pour renouer le dialogue avec une génération d’étudiants nés avec le web, ce campus numérique permet selon la direction de l’ESC de coller à sa culture entrepreneuriale.  

Les étudiants, futurs clients des solutions professionnelles de Google  

« Nous devons saisir cette opportunité. Les entreprises ouvrent de plus en plus leurs portes aux nouvelles technologies et de nouveaux usages se dessinent.  Dans le management, l’expérimentation a un rôle fondamental. Nos étudiants se servent du net dans leur vie de tous les jours mais nous devons les familiariser avec la culture web professionnelle. Sinon, nous ne faisons pas notre travail », explique Olivier Le Fournier, directeur du département management de l’école lilloise. Un discours qui caresse Google dans le sens du poil : logiciel open source, Google Apps Education est donc gratuit.  

Si la société américaine met en avant que ses deux créateurs, fils d’enseignants, ont toujours été très sensibles à tout ce qui touche à l’éducation, elle affirme prendre un pari sur l’avenir. « Nous misons sur l’habitude prise par ces futurs managers à l’utilisation de Google Apps Education dans leur études. Nous pensons qu’en intégrant leur future entreprise ils se tourneront plus naturellement vers notre solution professionnelle qui elle est payante », explique Luca Paderni, directeur de Google Apps Education Europe. Rappelons que la solution Edition Premier revient aux entreprises à 40 € l’année par utilisateur.  

Côté pédagogique, l’avantage se mesure tant dans le corps professoral que chez les étudiants. Pour les TD, les professeurs peuvent voir, par exemple, qui ajoute quoi aux devoirs. Les étudiants eux peuvent travailler à distance, corriger en direct leurs travaux tout en ayant toujours la possibilité de revenir à la version originale du document. Plus besoin de s’échanger des dizaines de fichiers joints ! Et pour tous, l’accès à ses données peut se faire de n’importe quel ordinateur.  

L’avantage d’une mise en place sans développement préalable  

Après avoir rencontré une demi-douzaine de fournisseurs, Google Apps Education s’est révélée être aux yeux des responsables du projet ESC Lille la solution clé en main la plus adéquate. « Ce qui nous a convaincu, c’est que Google proposait des API (Application Programming Interface) qui nous permettaient de ne pas avoir des centaines de lignes de code à écrire comme cela aurait été le cas avec un portail comme Esup. Nous n’avions pas les moyens de mettre quinze développeurs sur ce projet », précise Rachid Chabane, responsable du projet MyESC Lille.  

Bref, pour le moment le groupe ESC Lille et Google Apps Education filent le parfait amour malgré quelques petits couacs. Selon Luca Paderni, des milliers d’universités utiliseraient Google Apps Education dans le monde dont celles de Leeds Metropolitan University (Grande-Bretagne), de Bologne (Italie), de Ljubljana (Slovénie) ou encore le Trinity College de Dublin (Irlande). Pourtant à la question des problèmes rencontrés par ses utilisateurs, le directeur élude et argue qu’il s’agit d’une solution évolutive. De son côté, Frédéric Di Gléria, l’un des responsables du projet à l’ESC Lille n’hésite pas à glisser que Microsoft Office reste plus performant avec Word ou Excel par exemple que les solutions proposées par Google. Quant aux problèmes de propriété et à la sécurité de tout ce qui touche les données de l’école, l’ESC affirme avoir pris des garanties contractuelles avec Google. Olivier Le Fournier, né bien avant la génération Internet, assure avoir lui-même testé la facilité d’utilisation de cette suite bureautique collaborative, tout en concédant, que lors de la mise en ligne des cours, des problèmes touchant aux droits d’auteurs se poseront certainement. Du résultat de cette première implantation hexagonale dépendra peut-être l'histoire de ce type d'ENT en France. A suivre...

Ludivine Coste | Publié le