Il a fallu pas moins de 150 collaborateurs, 100 étudiants et diplômés et 50 entreprises réunis en 14 groupes de travail pendant un an pour concevoir la nouvelle stratégie de l'Ieseg, école de commerce, implantée à Lille et à Paris La Défense.
De quoi marquer la prise de fonction de la nouvelle directrice générale, Caroline Roussel, actuelle directrice adjointe de l'école, qui succédera le 1er juillet, à Jean-Philippe Ammeux, en poste depuis 1994 et qui part à la retraite.
Une nouvelle étape pour la plus réputée des écoles de commerce post-bac, mais en "bâtissant sur des fondamentaux solides", explique Jean-Philippe Ammeux, que sont l'excellence académique, l'attention portée aux étudiants et l'internationalisation.
Un plan portant des ambitions fortes de croissance pour l'Ieseg
Se déployant de 2022 à 2027, le plan "Inspirer-connecter-transformer" affiche des orientations ambitieuses puisque l'école veut passer de 7.000 à 9.000 étudiants et de 175 professeurs permanents à 250. Ces augmentations passeront par la création de formations, ainsi que par le développement du bachelor.
Pour accueillir ces nouveaux arrivants, le campus historique de Lille est rénové et étendu, avec un nouveau bâtiment dans le quartier Vauban prévu pour la rentrée 2023. De même, à la Défense, un nouveau bâtiment sera ouvert pour 2022-2023. Au total, l'Ieseg disposera de 50.000 m² contre 34.000 m², aujourd'hui.
Le budget de l'école doit passer de 83 à 120 millions d'euros en 2026-2027, une croissance alimentée par la formation continue (de 1.000 à 1.500 apprenants) et une augmentation "très limitée" des frais de scolarité de 2 à 3%, en fonction de l'inflation, selon Caroline Roussel.l'Iseg
"Inspirer" via l'expérience étudiante
L'école veut proposer une "expérience d'apprentissage étudiante engageante". "L'étudiant est au centre du projet pédagogique de l'Ieseg, surtout après la crise sanitaire. Il faut les accompagner globalement : de façon académique mais aussi en tant que personne et dans leurs projets professionnels", indique la future directrice.
Ainsi tous les étudiants auront un accompagnement personnalisé, via un journal de bord digitalisé et en s'appuyant sur des tuteurs. Pour les impliquer davantage, tous les cours en management intègreront désormais une collaboration avec une entreprise.
Plus généralement, l'ensemble des élèves travaillera sur des problématiques réelles, notamment sur des questions de durabilité, comme le projet de verdissement réalisé avec la ville d'Issy-les-Moulineaux.
La pédagogie s'appuiera davantage sur la gamification avec des modules de jeux vidéo, l'apprentissage virtuel et des cours en ligne. "Nous voulons adosser nos innovations pédagogiques sur les sciences de l'éducation : comprendre les bénéfices en matière d'apprentissage, avant de le développer à plus grande échelle", indique Caroline Roussel.
Autre volet "inspirant" : l'interdisciplinarité, allant de l'IA aux humanités. Des cours de philosophie, d'histoire, de data science ou de géopolitique seront proposés. Par ailleurs, l'école développera des projets interdisciplinaires "qui deviendront la signature Ieseg", afin que les élèves apprennent à ne pas travailler en silo.
Enfin, l'école est en réflexion pour créer des programmes avec des écoles de droit et de design, ou d'ingénieurs, à l'horizon 2023-2024.
Connecter grâce à un écosystème entrepreneurial et une communauté interculturelle
L'Ieseg va développer son écosystème entrepreneurial (étudiants, collaborateurs et diplômés) en encourageant l'entrepreneuriat social et responsable, soutenant les étudiants dans leur expérience entrepreneuriale et en favorisant un état d'esprit entrepreneurial chez tous les étudiants.
L'incubateur pourra accueillir 150 entreprises (dont 50% d'entreprises à impact durable) en 2027, contre 50 aujourd'hui. De plus, une structure dotée d'un fonds de départ d'un million d'euros sera créée pour investir dans des projets entrepreneuriaux.
Autre point : cultiver une communauté interculturelle diverse et inclusive. "Nous sommes une école très internationale mais on veut aller plus loin. La diversité, c'est aussi la question femme-homme, celle du handicap…", rappelle Caroline Roussel.
Tous les collaborateurs seront formés à ces questions. Pour cela, le Centre d’excellence pour l’engagement interculturel, créé en 2017, disposera de plus de moyens. Et pour financer des bourses, le budget de la fondation Ieseg doit atteindre à 3,5 millions d'euros.
Transformer par une approche globale de la durabilité
"Le développement durable est le chapeau de toutes les actions de notre plan stratégique", pose Caroline Roussel. Les enjeux de durabilité sont abordés à travers une approche systémique, incluant les cours, la recherche mais aussi l'école "en tant qu'entreprise dans l'ensemble de ses activités".
L'Ieseg veut lancer un "sustainibility hub", intégrant étudiants, diplômés et collaborateurs. Les étudiants piloteront un "Climate Lab" : "certains de nos étudiants sont moteurs sur ces sujets. Ils pourront donc être formés, puis sensibiliser d'autres étudiants, et ainsi de suite".
Deux chaires, dotées chacune d'un million d'euros, vont être consacrées à la durabilité et le nombre de publications de recherche sur le sujet sera doublé.
Enfin, pour accompagner les étudiants et les collaborateurs, l'Ieseg va se doter d'un Well-being hub, proposant des initiatives de soutien psychologique, de gestion du stress, etc.