Indiscret. Diplôme de master : le ministère veut faire le ménage parmi les écoles de commerce

Jessica Gourdon Publié le
Indiscret. Diplôme de master : le ministère veut faire le ménage parmi les écoles de commerce
Diplômes // © 

Il suffit de se promener sur les sites internet des écoles de commerce pour s’en convaincre : l'utilisation du terme de "master", en théorie protégé par l'Etat, fait l'objet d'une grande confusion.

C’est ce qui a poussé Patrick Hetzel , à la tête de l’administration du ministère de l’Enseignement supérieur, à frapper du poing sur la table. « Mon attention est régulièrement appelée sur l’ambiguïté entretenue par certains établissements privés ou consulaires, notamment sur leurs sites internet, pour des diplômes de niveau bac +5 présentés comme master », écrit-il dans une une lettre envoyée à tous les directeurs d’écoles de commerce , datée du 3 avril 2011.

Le diplôme de master, monopole d'Etat

Officiellement, seuls les établissements publics (les universités, les écoles d’ingénieurs…) sont aptes à délivrer un tel diplôme. Les écoles privées peuvent être autorisées par arrêté ministériel à délivrer un titre « conférant le grade de master ». Pour les écoles de commerce, c’est la CEFDG, présidée par Frank Bournois , qui octroie cette autorisation, au terme d’un audit exigeant (43 écoles de commerce ont obtenu cette autorisation sur les 220 existantes).

Entre diplôme de master et diplôme "conférant le grade de master", la confusion est très répandue. De même, par souci de simplification ou pour attirer des étudiants, certaines écoles utilisent ce terme dans leur communication alors même qu’elles n’ont pas obtenu l’autorisation par la CEFDG, comme nous l'avions relaté .

Ces utilisations sont pourtant pénalement sanctionnées, comme le rappelle dans sa lettre Patrick Hetzel : « le fait, pour un établissement privé, de diffuser des messages publicitaires indiquant qu’il délivre un diplôme national peut constituer une publicité mensongère sanctionnée par un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende ». Il ajoute s’agit d’une « atteinte à l’ordre public de nature à mettre en cause la responsabilité du dirigeant de l’établissement ».

Une règlementation très complexe

Mais la confusion ne s'arrête pas là. Pour contourner l'utilisation du mot "master", d'autres dénominations sont apparues. Ainsi, le terme de MBA (master of business administration) est libre d'utilisation. Les écoles peuvent donc utiliser ce sigle pour qualifier un diplôme…"mais elles ont l'interdiction de le dérouler", explique Frank Bournois, président de la CEDFG. Une injonction difficile à contrôler.

Le sigle « MSc», quant à lui, est un label propriété de la Conférence des grandes écoles . Mais les écoles qui l'utilisent n'ont pas le droit d'employer son déroulé « master of science » ! Quant au terme « mastère », il appartient également à la Conférence des grandes écoles, et ne peut être utilisé que pour des formations bac+5 accréditées par cette association.

Enfin, cerise sur le gâteau : s’il est impossible pour une école privée de délivrer un master, rien ne l’empêche de dénommer les deux dernières années de son cursus le « cycle master ». Ou comment embrouiller tout le monde.

Jessica Gourdon | Publié le