L'enseignement supérieur privé se développe en Grande-Bretagne

De notre correspondante à Londres, Élisabeth Blanchet Publié le
« Le gouvernement peut-il atteindre ses objectifs en matière d'enseignement supérieur sans l'appui du secteur privé ? » est l'une des questions clés de la conférence span style="font-style: italic;">Going Global organisée par le British Council fin mars 2010. « Oui... mais pas très bien », répond Lord Tomlinson, intervenant majeur de la présentation et directeur de la London School of Commerce (LSC), institution d'enseignement supérieur britannique privée. Il poursuit en confessant que, pendant des années, il a eu tort de penser que les secteurs public et privé ne pouvaient pas faire bon ménage. 

C'est sa rencontre avec un « entrepreneur de l'éducation » qui a converti Lord Tomlinson en le persuadant que le privé pouvait tout à fait fournir un enseignement supérieur de qualité à un coût moindre que les universités publiques. Lord Tomlinson n'est pas le seul à partager cette opinion à en juger par l'importance du récent développement d'institutions d'enseignement supérieur privées au Royaume-Uni.

La Grande-Bretagne ne compte qu'une seule université privée

Aujourd'hui outre-Manche, il n'existe qu'une seule université privée, celle de Buckhingham. Les autres sont toutes publiques. Pourtant, Buckhingham n'est plus la seule institution privée à pouvoir délivrer des diplômes d'État. Trois autres organismes – BPP Ltd (une compagnie d'audit internationale), the College of Law et Ashridge Business School – ont récemment obtenu ce même pouvoir auprès des autorités concernées (la Quality Assurance Agency).

Dans une autre catégorie, on trouve les institutions qui délivrent leurs propres diplômes (notamment les universités américaines) et enfin celles qui passent par le biais d'universités publiques pour décerner des diplômes d'État. Ainsi, la London School of Commerce a établi en 2002 un partenariat avec la University of Wales Institute Cardiff (UWIC), pour son cursus de commerce aussi bien en premier qu'en deuxième et troisième cycles. Le personnel enseignant est celui de la LSC, mais il est accompagné et supervisé par des universitaires de la UWIC. C'est aussi cette dernière qui valide les diplômes. Les exemples de ce type de collaborations se multiplient. Elles assurent aux institutions privées un gage de qualité et aident les universités à atteindre leurs objectifs, à la fois académiques et économiques. Dans un contexte de récession où l'État vient de réduire son budget de financement des universités de plus d'un milliard d'euros pour l'année universitaire 2010-2011, de telles collaborations sont les bienvenues et tendent à se multiplier.

Le privé concourt aussi à la démocratisation de l'enseignement supérieur

Les échanges entre les secteurs privé et public ne présentent pas que des atouts financiers pour le public, ils vont aussi de pair avec les objectifs du gouvernement de démocratiser l'accès à l'université. Même si la majorité des institutions privées installées sur le sol britannique proposent surtout des diplômes de deuxième et troisième cycles à des étudiants étrangers, elles développent aussi des formations de premier cycle et elles attirent de plus en plus de Britanniques. Non seulement les coupes budgétaires drastiques du gouvernement risquent de laisser près de 50.000 postulants sans place à l'université à la rentrée prochaine, mais les étudiants pourraient aussi y gagner financièrement (il y a en effet de grandes chances que les frais de scolarité augmentent dans un avenir très proche). Dans ce nouveau contexte de boom du secteur privé et de crise économique, le gouvernement a tout intérêt à profiter du développement du secteur privé pour l'aider à atteindre ses objectifs.

De notre correspondante à Londres, Élisabeth Blanchet | Publié le