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Saison 1 des Idex à l’université : le verdict est tombé

Céline Authemayou, Camille Stromboni Publié le
Saison 1 des Idex à l’université : le verdict est tombé
L'université de Bordeaux fait partie des trois projets d'Idex confirmés définitivement par le jury, fin avril 2016. // ©  Camille Stromboni
Les résultats ont été annoncés le 29 avril 2016 pour les universités : sur les huit Initiatives d'excellence, trois sont confirmées définitivement par l'État – Aix-Marseille, Bordeaux, Strasbourg –, trois voient leur période probatoire reconduite (PSL, Sorbonne universités, Saclay) et deux sont stoppées (Toulouse et Sorbonne Paris Cité). Retour sur cette première saison de la compétition des Idex.

#1. La compétition sous l'ère Sarkozy : huit premiers vainqueurs...

Annoncé en 2009 par Nicolas Sarkozy, alors président de la République, le programme d'investissements d'avenir vise à apporter des financements conséquents à des projets d'envergure, avec un capital de 35 milliards d'euros pour 2010. Six secteurs sont concernés, parmi lesquels l'enseignement supérieur et la recherche.

Labex, Equipex, Satt, IHU... Différents appels à projets concernent les universités. Le principal : les Initiatives d'excellence – ou Idex – consistent à réunir "selon une logique de territoire, des établissements d'enseignement supérieur et de recherche déjà reconnus pour leur excellence scientifique et pédagogique" selon le gouvernement, pour faire émerger une dizaine d'universités de rayonnement mondial.

Deux vagues de sélection se déroulent entre 2010 et 2012, avec un jury international qui auditionne à chaque fois les candidats. Trois projets sont sélectionnés au premier tour en juillet 2011 : Strasbourg (750 millions), Paris Sciences et Lettres (750 millions) et Bordeaux (700 millions).

Quant à la vague 2, annoncée début 2012, elle aboutit à cinq vainqueurs : Aix-Marseille (750 millions), Toulouse (750 millions), Sorbonne-Paris-Cité (800 millions), Sorbonne Universités (900 millions), Paris-Saclay (950 millions).

Les sommes "obtenues" correspondent au capital sur lequel les universités reçoivent des intérêts.

#2. ... et deux repêchés

Deux sites universitaires ont obtenu un statut un peu particulier lors de la première compétition des Investissements d'avenir en 2012 : Lyon et Hésam avaient été labellisés "Initiative d'excellence"... mais seulement à moitié. Ils retournent au combat au sein de la nouvelle compétition des Idex (PIA2), lancée sous le quinquennat de François Hollande, chacun à sa manière.

À la suite de l'échec de la candidature Idex lors de la première vague de sélection en 2015, en mars 2016, Hésam a déposé un dossier dans une catégorie inédite, créée dans le cadre de cette nouvelle saison. Quant à Lyon, elle concourt au label Idex, lors de la sélection prévue courant 2016.

#3. bilan à mi-parcours : des milliards qui coûtent cher

Alors qu'en 2014 s'ouvre la saison 2 des Idex, annoncée par Manuel Valls, c'est l'heure du premier bilan pour les huit lauréats de la saison 1. Si de nombreux projets innovants ont pu être lancés, la question du coût des Idex pour les universités reste entière.

Accélérateur pour les projets de recherche et vecteur pour la politique de site, l'Idex ne porte pas encore ses fruits en matière de formation. Les établissements lauréats soulignent qu'ils doivent faire face à un volet administratif lourd, qui ralentit l'arrivée des moyens.

#4. Une nouvelle évaluation à quatre ans

Après avoir obtenu, en 2012, le label d'excellence avec les intérêts d'un capital allant de 700 à 950 millions d'euros, les huit lauréats de l'Idex se remettent en course en 2016, à la suite d'une période probatoire de quatre ans.

Invités à rendre un rapport d'étape le 22 décembre 2015, tous ont été auditionnés par le jury international présidé par Jean-Marc Rapp, fin avril 2016. Une visite sur site a eu lieu auparavant courant mars, par un comité mandaté par le jury.

En jeu : la reconduction – définitive ou temporaire – de ce soutien financier conséquent. Avec, pour plusieurs lauréats, d'importantes évolutions depuis le premier blanc-seing du jury, comme le départ de l'université Paris 2 de Sorbonne Universités ou la préférence pour la voie fédérale à Toulouse, plutôt qu'une fusion.

#5. Le cas Saclay

Si plusieurs lauréats de l'Idex ont dû faire évoluer leur projet pour s'adapter à un contexte nouveau, les acteurs de l'université Paris-Saclay ont, au contraire, tout fait pour rester conforme au projet initial.

Ce qui n'était pas évident : des désaccords profonds entre les membres quant à leur intégration dans le regroupement francilien se sont fait jour à l'hiver 2015. Certains étant plus ou moins enclins à se fondre dans la Comue (Communauté d'universités et établissements).

Connue pour sa position frileuse, l'École polytechnique préférait à l'intégration une "conjugaison" des forces. Une attitude soutenue par sa tutelle, qui a annoncé, le 15 décembre 2015, sa volonté de voir émerger au sein de Saclay une "association" d'écoles d'ingénieurs, dont la structure resterait à déterminer.

Les 18 membres de l'Université Paris-Saclay ont finalement déposé, ensemble, leur dossier d'Idex, le 22 décembre 2015, clôturant cette séquence de hautes tensions. Pour Gilles Bloch, président du pôle francilien, le modèle d'une "université de recherche mondiale intégrée" a triomphé.

#6. Trois projets confirmés, trois en période probatoire, deux arrêtés

Les résultats sont tombés le 29 avril 2016. Sur les huit projets d'Idex évalués à l'issue d'une période probatoire de quatre ans, trois ont été définitivement confirmés : Aix-Marseille, Bordeaux et Strasbourg. Ils bénéficieront donc sans limitation de durée des financements annuels qui leur avaient été accordés lors de la sélection initiale.

Trois autres ont vu leur période probatoire renouvelée. Sorbonne universités a deux ans pour faire ses preuves. Avec une vérification de la fusion annoncée au 1er janvier 2018, indique le communiqué de l'Etat. PSL pour sa part, tout comme l'université Paris Saclay écopent d'une période probatoire de 18 mois. Les deux regroupements sont attendus sur le modèle même d'université cible et sur "l'adhésion des établissements engagés".

Enfin, deux projets (Toulouse et Sorbonne Paris Cité) sont tout simplement stoppés, le jury ayant estimé que "l’objectif Idex est impossible à atteindre sans une dynamique toute nouvelle et des mesures de rupture." "Ce qui implique le retrait du label et de la dotation attribuée au projet", indique le communiqué du CGI (Commissariat général à l'investissement) et du ministère de l'Enseignement supérieur. L'Etat promet un "accompagnement", qui sera défini dans les prochaines semaines. Une manière de limiter le choc.

Céline Authemayou, Camille Stromboni | Publié le