Modèles d’attractivité, leaders en matière de recherches et moteurs des transformations de la société, d’après Gilles Roussel, les Français ont de quoi "être fiers de leurs universités". Avec toujours plus d’étudiants à accueillir chaque année (25.900 étudiants supplémentaires en 2018 et 14.000 en 2019), les établissements doivent mettre les bouchées doubles pour assurer leur réussite. Et ce, dès la licence.
C’est d’ailleurs tout l’enjeu de la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) qui, en plus de Parcoursup, prévoit un nouveau dispositif, le dispositif "oui, si", pour favoriser la réussite des étudiants en difficulté. Mise en place il y a tout juste un an, lors de la rentrée 2018, cette nouvelle méthode n’est pas sans conséquence pour les universités.
Les indicateurs d’évaluation de réussite à revoir
"On ne peut plus évaluer la réussite des étudiants au passage en deuxième année puisqu’il peut y avoir un rallongement des études", explique Christine Gangloff, présidente de l’université de Haute-Alsace et membre du conseil d’administration de la CPU. En effet, à la rentrée 2018, certains étudiants ont intégré le parcours "oui, si" pour leur première année de licence. Selon les établissements, plusieurs méthodes sont proposées : tutorat, cours de méthodologie, remise à niveau ou licence en quatre ans.
C’est ce rallongement des études qui est actuellement remis en cause. "La réussite doit désormais être analysée individuellement selon le ‘contrat’ qui a été établi avec l’étudiant, estime Gilles Roussel, c’est pour cela qu’un groupe de travail est chargé d’analyser les nouveaux indicateurs de réussite en licence." "Cela fait partie des problématiques majeures pour les universités", confirme Christine Gangloff.
La vie étudiante, un autre facteur de réussite
En dehors des notes et de la durée des études, la vie étudiante semble jouer un rôle important pour la réussite des étudiants. "On oublie souvent qu’il y a eu une vraie transformation de la vie étudiante avec l’instauration de la CVEC (contribution de vie étudiante et de campus, ndlr), c’est aussi comme ça qu’on attire les étudiants", remarque le président de la CPU.
Un pari qu’a décidé de faire l’université de Corse lors de la rentrée 2019 : pendant quatre ans, une quarantaine d’actions seront menées autour du logement, la santé, la restauration, la mobilité, le sport, les loisirs et la vie associative pour améliorer la qualité de vie des quelque 4.700 étudiants.
"Tout ce qu’il y a en dehors de la formation est propice à la réussite, explique Jérémie Santini, chargé de mission vie étudiante. Il y a l’attractivité des formations mais l’un des facteurs clés, c’est ce qu’il y a autour de son parcours d’étude." Au cours de l’année, un guichet unique d’accueil sera mis à disposition des étudiants "pour répondre à leurs demandes, les informer ou les orienter vers les services concernés". Une action qui va coûter entre 400 et 500.000 euros rien que pour le réaménagement des services.
"Nous allons aussi mettre en place des aides spécifiques pour les étudiants qui feront des stages obligatoires non rémunérés pendant leur cursus. Nous avons négocié un budget de 30.000 euros avec les collectivités pour commencer", complète le chargé de mission. D’autres actions seront menées au fur et à mesure pour "moderniser et facilité la vie des étudiants".
Encore des bouleversements à venir
Arrêté licence, fin de la PACES (première année commune aux études de santé) ou professionnalisation en DUT : tous ces dispositifs devraient aussi avoir un impact sur la réussite des étudiants dans les prochaines années. "Cela va dans le sens d’une meilleure adaptation des parcours aux étudiants", estime Gilles Roussel.
En attendant, aucun chiffre n’est pour le moment disponible pour évaluer la réussite des étudiants en licence. "On en a fait la demande mais pour l’instant il n’y a pas de tendance globale", confirme Olivier Laboux, président de l’université de Nantes et vice-président de la CPU.
Les présidents d’université s’accordent tout de même pour dire que la loi ORE montre d’ores et déjà des effets positifs : "Les équipes pédagogiques nous ont affirmé qu’il y avait moins de décrocheurs en cours d’année grâce au dispositif 'oui, si' notamment", assure Christine Gangloff. Parcoursup a également permis de mieux connaître les futurs étudiants. "Ils sont mieux informés, on voit qu’ils ont pris le temps de réfléchir à leur projet d’orientation, ils sont donc plus motivés en arrivant à l’université", conclut Gilles Roussel.