Le comité de pilotage de la stratégie nationale de recherche et de l'innovation constitué

Frédérique Letourneux et Fabienne Guimont Publié le

L’annonce du projet avait été révélée dans la presse dès fin août 2008 et Valérie Pécresse avait présenté officiellement ses priorités de recherche pour 2009-2012 en conseil des ministres début septembre 2008. Un mois et demi après, la ministre de la Recherche vient de nommer officiellement le comité de pilotage (voir encadré) de la stratégie nationale de recherche et d’innovation (SNRI). Celui-ci devra dresser une cartographie très large des enjeux socio-économiques (sociétaux, scientifiques, technologiques et organisationnels c’est-à-dire « permettant d’optimiser les interactions entre les différents acteurs impliqués dans les domaines de la recherche et de l’innovation » précise le communiqué).

De novembre 2008 à mars 2009, des groupes de travail approfondiront ces thématiques pour aboutir à un rapport. La ministre présentera sa stratégie de recherche en mars 2009 devant le conseil des ministres. Pour mettre en œuvre son plan stratégique, la ministre annonce qu'elle mettra en débat les résultats produits en organisant, en mars 2009 également, une large concertation associant la communauté scientifique, les milieux économiques et les associations.

Les grands organismes, grands absents

Cette large concertation ne séduit pourtant pas tout le monde. Le syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS-FSU) dénonce dans ce projet l’éviction de fait des représentants élus de la communauté scientifique (Comité national de la recherche scientifique, conseils scientifiques du CNRS et des grands organismes de recherche) qui seuls, selon lui, « permettent une réflexion collective ». Par ailleurs, son secrétaire général, Jean-Luc Mazet, déplore une vision « utilitariste » de la recherche : « La recherche et l’innovation sont englobées dans un même système managérial. Or, la recherche appliquée et la recherche fondamentale ne sont pas sur la même échelle de temps. La planification sera toujours à court et à moyen terme, alors que la recherche doit forcément s’inscrire dans un temps long. »

Crise oblige, Valérie Pécresse a défini, elle, l’ambition de sa stratégie de recherche comme « une réponse durable aux difficultés économiques que nous traversons, un vecteur de création d’emplois, mais aussi un espoir de meilleure qualité de vie pour tous nos concitoyens ».    

Un comité de dix-huit personnalités

Le comité de pilotage de la stratégie nationale de recherche et d’innovation  est plus large que la dizaine de personnalités initialement évoquée, mais les grands organismes de recherche ne sont pas représentés. Il est présidé par Danièle Hervieu-Léger (sociologue, présidente de l'Ecole des hautes études en sciences sociales).
Ses membres sont :
- Yves Agid (médecin neurologue, professeur et directeur scientifique de l'Institut du cerveau et de la moelle à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière)
- Claude Birraux (député de Haute-Savoie et président de l'Office parlementaire de l'évaluation des choix techniques et scientifiques)
- Bernard Chevassus-au-Louis (inspecteur général de l'agriculture)
- Jean-Pierre Clamadieu (président-directeur général de Rhodia)
- Elisabeth Crouzet-Pavan (historienne, professeur à l'université de Paris 4)
- Mathias Fink
(physicien, directeur du laboratoire ondes et acoustique de l'Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles)
- Jean-Martin Folz (président de l'association française des entreprises privées)
- Dominique Guellec (économiste, administrateur principal à l'OCDE, direction de la science, de la technologie et de l'industrie)
- Jean Jouzel (climatologue, directeur de l'Institut Pierre Simon Laplace et du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement)
- Pierre-Louis Lions (mathématicien, professeur au Collège de France et à Polytechnique)
- Alain Mérieux (président-directeur général de Biomérieux)
- Denis Ranque (président de Thalès)
- Gilles Saint-Paul (économiste, professeur à l'université de Toulouse 1)
- Claude Saunier
(ancien sénateur des Côtes-d'Armor et vice-président de l'Office parlementaire de l'évaluation des choix scientifiques et techniques)
- Hugues Souparis
(président-directeur général de Hologram-industries, membre du conseil d'administration d'Oséo Innovation et du comité directeur de Croissance plus)
- Jacques Stern (président de l'ANR et président-directeur général d'Ingenico)
- Bruno Vanryb (président-directeur général d'Avanquest Software, membre du conseil d'Euronext).

Frédérique Letourneux et Fabienne Guimont | Publié le