Le Sénat révise le bac

Sophie de Tarlé et Fabienne Guimont Publié le
Le Sénat révise le bac
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Les premières épreuves écrites du baccalauréat ont commencé lundi 16 juin 2008. A l'occasion du 200ème anniversaire de cette institution, le sénateur Jacques Legendre a rendu public son rapport intitulé « A quoi sert le bac ? ». Après une centaine d’auditions (syndicats, associations, parents d’élèves, professeurs, personnalités du secteur éducatif), il formule ses propositions. Certaines inspireront peut-être Xavier Darcos dans sa réforme du lycée.

A quoi sert le bac ? Selon le dernier sondage TNS Sofrès-La Croix, les Français répondent unanimement (72%) que le vénérable parchemin est important pour réussir dans la vie sur le plan professionnel, mais 82% pensent qu’il n’est pas suffisant pour trouver du travail. En revanche, huit sur dix défendent le fonctionnement du lycée par filière

Le rapport "A quoi sert le bac ?" du sénateur Jacques Legendre colle à l'opinion publique : pas question de supprimer ce monument national. Au contraire le sénateur UMP du Nord-Pas-de-Calais trouve même que notre pays ne compte pas assez de bacheliers. « La France forme moins de diplômés du secondaire que la plupart des pays de l’OCDE, alors que les besoins de main d’œuvre qualifiés sont importants », a t-il déclaré. Le rapport recommande donc un élargissement de l’accès au bac, afin d’atteindre l’objectif des 80 % de bacheliers dans une classe d’âge (contre 64 % actuellement). Pour y arriver, le rapporteur a suggéré plusieurs mesures.                 

Rendre transparents les barèmes de correction

Il faut dissiper l’atmosphère de soupçons qui pèse actuellement sur ce diplôme. «  On dit que le bac est bidouillé », a dit le sénateur, qui suggère plus de transparence dans les corrections. Il souhaiterait que les barèmes de correction établis par les commissions d’harmonisation (qui donnent les indications aux correcteurs) soient écrits et publics. Un barème de correction de mathématiques du bac S est d’ailleurs fourni en annexe du rapport (voir document joint en pdf). Il a aussi regretté que « ces barèmes  de notation soient trop souvent formulés dans des termes purement positifs. « Il ne s’agit que rarement de sanctionner telle ou telle erreur pourtant jugée rédhibitoire», regrette-t-il.  

Impliquer davantage l’université

Le bac étant le premier grade de l’enseignement supérieur, la présidence des jurys est normalement assurée par des professeurs d’université. En fait, les derniers vestiges de la compétence universitaire en matière de baccalauréat sont devenus des dispositifs pour une part purement formels. Les présidents de jurys ne sont que rarement des universitaires. Le rapporteur estime que cette situation n’est pas satisfaisante. « Parce qu’elle accueille les bacheliers auxquels elle ouvre par principe ses portes, l’université doit être réellement impliquée dans la délivrance du baccalauréat. Il serait donc souhaitable que tous les jurys soient effectivement présidés par des universitaires, pleinement rémunérés à cette fin », peut-on lire dans le rapport.

De plus, « l’enseignement supérieur… ne participe qu’à la marge à la définition des connaissances et des compétences qui doivent être celles des bacheliers ». En effet, a martelé le sénateur, « l’université doit clairement définir les pré-requis exigés pour intégrer ses différentes filières ». Mais le problème essentiel est sans doute le manque de pouvoir de ces présidents de jurys. Afin de les responsabiliser pleinement, le sénateur suggère de leur donner le pouvoir de nomination des membres des jurys. Enfin, il faudrait « impliquer l’enseignement supérieur à tous les stades du baccalauréat : définition des programmes, préparation des sujets, présidence des jurys », a-t-il ajouté.  

Réviser le rattrapage

C’est un fait, parmi les bacheliers généraux qui échouent à l’université, beaucoup ont eu leur bac au rattrapage ou avec mention passable. Ils passent les épreuves orales quelques jours après  les résultats, à l’oral. Mais même en cas de succès, ils  conserveront leurs lacunes dans le supérieur. Pour remédier à ce problème, le rapporteur suggère de déplacer le rattrapage en septembre pour les inciter à travailler sur leurs lacunes pendant l’été.  

Mieux équilibrer les séries

C’est toujours un vœu pieu depuis trente ans : lutter contre la suprématie du bac scientifique et la déliquescence du bac littéraire, devenu au fil de ans moribond. Le rapport suggère un tronc commun accompagné d’options équilibrées. Une voie pas très éloignée de la réforme du lycée lancée par Xavier Darcos.   

Les maux du supérieur soignés au lycée

Une feuille de route commune - signée par les enseignants, parents d’élèves et lycéens - définit le cadre des négociations dans lesquelles vont s’engager ministère et syndicats pour la réforme du lycée. Le pilotage a été confié au recteur Jean-Paul Gaudemar. Dans ces « points de convergence », l’objectif assigné pour les lycéens est de les rendre plus autonomes - une nécessité à leur poursuite d’études à l’université -, de réduire le poids des déterminismes sociaux entre filières générale et technologique et de décloisonner les filières du lycée. Le redoublement ne devrait devenir qu’un « ultime recours ».
Les enseignants devraient aussi faire leur pédagogie en diversifiant les situations éducatives (cours, remises à niveau, projets interdisciplinaires, aide à l’orientation, préparation méthodologique aux études supérieures…), en travaillant davantage en équipe et avec les personnels du supérieur.
La classe de seconde doit être repensée pour la rentrée 2009. La première et la terminale suivront. Le bac nouveau est prévu pour 2012      

Sophie de Tarlé et Fabienne Guimont | Publié le