Les campus connectés veulent reconnecter les jeunes avec les études supérieures

À Tarare (69), commune d’à peine 11.000 habitants située dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, un campus connecté a vu le jour le 1er septembre. Il fait partie des 49 nouveaux campus ouverts en cette rentrée 2021, dans 15 territoires enclavés de France. Au total, 89 campus connectés pourront accueillir jusqu’à 5.000 étudiants par an sur les cinq prochaines années.

"Nous sommes dans un territoire semi-rural et dans une des villes les plus pauvres de France. Les entreprises n'arrivent pas à recruter, notamment pour les postes de cadres intermédiaires et cadres car les jeunes sont peu qualifiés", explique Joëlle Rembert, cheffe de projet du campus connecté de Tarare.

L’offre de formation est faible dans la communauté d'agglomération de l'Ouest Rhodanien. Résultat : les jeunes doivent déménager à Lyon ou à Roanne pour étudier. "C’est une solution pour ceux qui peuvent partir, mais derrière il reste de nombreux jeunes qui ne peuvent pas quitter le territoire. Certains n’ont pas les moyens, d’autres ne veulent pas partir, ou n’imaginent même pas qu’ils peuvent quitter Tarare", souligne la responsable.

L'objectif du campus est de reconnecter ces jeunes à l’enseignement supérieur. Près de 200 formations sont accessibles, en partenariat avec des universités, des écoles privées, le Cned ou encore le Cnam. L’étudiant s’inscrit sur Parcoursup, choisit la modalité "à distance" puis il peut suivre ses cours depuis le campus connecté. Il paie les frais d'inscription de l’établissement et rejoint le campus connecté quand il veut gratuitement. "Nous réfléchissons à ajouter un logo campus connecté sur les formations à distance de Parcoursup, car les étudiants n’ont pas forcément connaissance de ce dispositif", précise Hélène Lannier, tutrice au campus connecté de Tarare.

Le nouveau campus ne compte cette année que trois étudiantes. Mais l'objectif est d'accueillir 50 jeunes sur cinq ans. Cyrine est l'une de ces étudiantes. En BTS gestion et protection de la nature avec Agro sup Dijon, elle vient tous les jours sur ce campus connecté. "J’avais prévu de suivre mes cours à distance depuis chez moi mais la proviseure de mon lycée m’a parlé de l’ouverture de ce campus. Le fait d’être plusieurs, c’est motivant. On a envie de travailler, on se sent moins seul et on peut se faire aider si on rencontre des difficultés", raconte la jeune femme.

Installé dans le tiers-lieu La Bobine, le campus connecté prête des ordinateurs, garantit un accès à Internet et à des imprimantes, et offre un cadre de travail calme et lumineux. Et surtout, les trois étudiantes qui ont rejoint cette nouvelle structure à la rentrée bénéficient de l’accompagnement d’une tutrice.

Mon suivi est à la fois individuel, avec un accompagnement administratif, pédagogique et méthodologique, mais aussi collectif, avec des ateliers par exemple.

Un rôle assuré par Hélène Lannier, ex-chargée d'enseignement à l’université Lyon 2. "Je suis présente au quotidien au campus connecté avec les étudiants. Mon suivi est à la fois individuel, avec un accompagnement administratif, pédagogique et méthodologique, mais aussi collectif, avec des ateliers par exemple."

Hélène Lannier et Joëlle Rembert ont aussi des projets culturels et veulent favoriser les échanges avec l’université Lyon 2, située à une cinquantaine de kilomètres de Tarare.

"L’idée, c’est de faire venir la culture au campus connecté. Nous organiserons des sorties, nous irons voir des spectacles", explique la tutrice. 'Il faut aussi qu’on emmène les étudiants en dehors du territoire pour montrer le champ des possibles", ajoute Joëlle Lambert. Ils iront par exemple à Lyon 2 pour assister à des conférences ou pour des rencontres sportives. En parallèle, le campus connecté veut accueillir des conférences ou des présentations des services de l’université.

Créer un esprit de promo fait aussi partie des engagements des campus connectés. La plupart d’entre eux organisent par exemple une journée d’intégration au sein du campus. Un esprit de cohésion se crée aussi avec la promotion de l’université, assure Cyrine. "On discute sur WhatsApp avec les étudiants. La semaine prochaine, on se regroupe tous en Lozère pour une sortie sur le terrain avec les profs."

Les étudiants doivent venir 12 heures par semaine minimum. "L’organisation est assez souple, notamment pour permettre aux jeunes qui travaillent de nous rejoindre", explique Joëlle. Un point reste cependant à améliorer : l’organisation des partiels. Les étudiants se rendent généralement dans l’établissement pour les examens, même s’il est à l’autre bout de la France.

Les campus connectés réfléchissent par conséquent à faire passer les partiels sur place. "Nous travaillons activement sur le sujet des examens", assure Erwan Paitel, chef de projet campus connecté au ministère de l'Enseignement supérieur. Les BTS se feront pratiquement systématiquement dans le lycée voisin. Quant aux licences, c’est effectivement variable mais la situation s’éclaircit peu à peu. La crise sanitaire a largement fait bouger les curseurs."