Reportage

Etudes à distance : reportage au campus connecté de Saint-Raphaël

Depuis le campus connecté de Saint Raphaël, Tara et Idrisse suivent une licence des universités Paris 8 et Aix-Marseille université.
Depuis le campus connecté de Saint Raphaël, Tara et Idrisse suivent une licence des universités Paris 8 et Aix-Marseille université. © Amélie Petitdemange
Par Amélie Petitdemange, publié le 25 novembre 2019
6 min

À la rentrée 2019, treize campus connectés ont ouvert en France pour reconnecter à la formation les jeunes des territoires isolés. Reportage à Saint-Raphaël, dans le Var (83).

Saint-Raphaël (83), ville moyenne sur la Côte d’Azur. Malgré ses 50.000 habitants, aucune antenne universitaire dans les environs. Pour étudier, les jeunes doivent aller jusqu’à Nice (06), Aix (13), Marseille (13) ou Toulon (83). Des villes chères où le Crous n’a pas de place pour tout le monde. Résultat : 37% des 18-24 ans sont en cours d’études, contre une moyenne nationale de 52%.

C’est une des raisons pour lesquelles la ville de Saint Raphaël a été sélectionnée par le ministère de l’Enseignement supérieur comme site pilote pour installer un campus connecté. Idéalement situé en face de la gare routière, dans les locaux de la CCI (Chambre de commerce et d'industrie) du Var, le campus dispose de deux salles équipées d'ordinateurs, d'une salle de réunion et d'une salle de repos.

Treize autres campus ont vu le jour à la rentrée 2019 en Bretagne, Grand Est, Occitanie, Bourgogne-Franche-Comté, Rhône-Alpes-Auvergne et dans la région Sud pour reconnecter à la formation les jeunes des territoires isolés. Le ministère de l’Enseignement supérieur a dédié 1,5 million d’euros à ces sites, qui proposent plus de 60 formations diplômantes (BTS, licences, masters…).

Idrisse, habitant de Fréjus (83), a intégré le campus connecté de Saint Raphaël pour suivre une licence de LEA (langues étrangères appliquées). Après un bac STMG option informatique, le jeune homme de 20 ans s’était dirigé vers un BTS comptabilité qui ne l’a pas convaincu. "Au lieu de continuer en licence pro, j’ai voulu commencer une licence de LEA. Mais pour ça, je devais aller jusqu’à Toulon, Nice, ou Aix, ce qui représente trois heures de train par jour. Et je n’avais pas les moyens de louer un appartement sur place", explique-t-il. Il s’est donc inscrit en licence de LEA à distance à Aix-Marseille université, et la réalise depuis le campus connecté de Saint Raphaël.

Un accompagnement personnalisé

Les étudiants s’inscrivent dans une formation, que ce soit par le CNED ou une des trentaines universités françaises qui proposent leurs formations en distance, et étudient depuis le campus connecté. Si cette année est expérimentale, les formations à distance seront sur Parcoursup à la rentrée 2020. Pour faire face à la probable augmentation des demandes, le campus connecté de Saint-Raphaël augmentera sa capacité à 35 étudiants en simultané, contre 20 actuellement.

De nouveaux tuteurs seront également recrutés. Pour l’instant, deux tutrices accompagnent les étudiants à travers des ateliers collectifs et des points personnalisés. "Ils ne viennent pas quand ils veulent, une présence de minimum douze heures par semaine est obligatoire", souligne Joëlline Pradier, responsable du campus connecté de Saint-Raphaël et tutrice. Selon elle, "c’est comme suivre un cursus universitaire avec l’encadrement d’un BTS".

Car l’objectif des campus connectés n’est pas seulement la proximité géographique. Il s’agit aussi d’accompagner des étudiants qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas suivre des cours dans des amphis surpeuplés. "Nous avons des jeunes en difficulté scolaire, des jeunes mères, des agoraphobes… Les publics sont très divers. Mais avec l’entrée sur Parcousup, il y aura davantage de néo-bacheliers", explique Erwan Paitel, chef de projet campus connecté au niveau national. Il souligne également que s’inscrire à une formation à distance permet d’avoir un plan B au cas où l’étudiant ne serait pas admis en présentiel.

Une communauté d’étudiants

Tara, 20 ans, s’est ainsi inscrite en licence de psychologie à Paris 8 à partir de décembre. "Les inscriptions étaient fermées dans toutes les autres universités. Avec cette formation à distance, je ne perds pas une année", se réjouit l’étudiante, qui suit un MOOC en attendant le début de sa formation.

Pour Tara, qui a déjà étudié avec le CNED, le campus connecté a l’avantage de créer une petite promotion d’étudiants. L’entraide est d’ailleurs favorisée par des ateliers menés par les étudiants. Idrisse donne par exemple des cours d’anglais, ce qui lui permet de s’exercer dans le cadre de sa licence LEA tout en apportant des compétences aux étudiants inscrits dans d’autres filières.

Des partiels à plusieurs kilomètres

Ces projets de campus connectés sont cependant en phase d’expérimentation. Encore peu d'établissements permettent par exemple de passer les partiels sur place. Les étudiants doivent faire l’aller-retour à l’université dans laquelle ils sont inscrits lors des examens de janvier et de juin. C’est le cas d’Idrisse et de Tara, qui devront se déplacer à Marseille et à Paris. D’autres établissements, comme l’université de Caen, autorise les étudiants à passer leur partiel au sein du campus connecté.

Un dispositif qui devrait s’étendre sous l’impulsion de la Fédération interuniversitaire de l’enseignement à distance (FIED). En octobre dernier, la ministre Frédérique Vidal a annoncé le lancement d’un nouvel appel à projet de 25 millions d’euros pour créer une centaine de nouveaux campus à destination de plus de 4.000 étudiants.

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