Les étudiants allemands manifestent contre Bologne et les amphis surchargés

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland Publié le
Manifestations, occupations de locaux, grèves... le mouvement entamé il y a une semaine a connu mardi 17 novembre 2009 son apogée avec 10 000 étudiants mobilisés. Pourtant, aucun meneur, aucun mot d’ordre pour cette mobilisation atomisée sur quelque cent universités.

Les étudiants allemands emboîtent le pas au mouvement qui a démarré en Autriche il y a près d’un mois. Si dans ce pays on manifeste surtout contre le processus de sélection introduit suite à l’affluence des étudiants étrangers, notamment allemands, Outre-Rhin la grogne prend appui sur d’autres raisons. Et elles sont nombreuses.

Au rang des revendications, sont désignées pèle-mêle les mauvaises conditions d’enseignement –amphis surchargés, manque de consultation des étudiants et droits d’inscription élevés dans de nombreux Länder – mais aussi les conséquences de la réforme de Bologne. Les étudiants allemands dénoncent l’infantilisation dont ils sont victimes dans les filières bachelor-master, jugées trop scolaires dans leur forme et leur déroulement.

Sur ce dernier point, les étudiants ont gagné une alliée en la personne d’Annette Schavan, ministre fédérale de la Formation et de la Recherche qui les rejoint dans cette analyse et promet un allègement des programmes.  Quant aux autres revendications des étudiants, la ministre ne manque pas de rappeler que la coalition gouvernementale a décidé de dégager 12 milliards d’euros supplémentaires d’ici à 2013 pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Ce geste ne suffira pas cependant à combler le retard pris par l’Allemagne. Avec 4,8 % de son PIB consacré à l’enseignement, la république fédérale est encore loin des 5,5 % dépensés en moyenne par les pays de l’OCDE. Par ailleurs, la ministre renvoie la balle dans le camp des présidents d’université. Car depuis, la réforme de l’autonomie de l’enseignement supérieur, nombre de décisions budgétaires sont aux mains des établissements. Une mutation qui explique en partie le morcellement du mouvement étudiant aujourd’hui.

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland | Publié le