Les universités brésiliennes font leur marché en France

Publié le
Une délégation d’une trentaine d’universitaires brésiliens est venue en France, fin mai 2010, faire la promotion de leur système d’enseignement supérieur. Ils en vantent le dynamisme et souhaitent le développer sur le plan de l’internationalisation.

Ils sont venus en force : les représentants d’une trentaine d’universités et d’associations brésiliennes étaient fin mai 2010 en France, pour une semaine de voyage d’études entre Paris, Lyon et Grenoble. Organisé par l’ambassade de France au Brésil, le CenDoTec (Centre franco-brésilien de Documentation scientifique et technique) et l’agence CampusFrance, leur séjour visait à la fois à promouvoir l’offre d’études au Brésil en France et à s’immerger dans le système hexagonal à travers diverses visites d’établissements et rencontres institutionnelles.

1% d’étudiants étrangers

Pays émergent économiquement aux sérieux atouts en matière d’enseignement supérieur, le Brésil veut progresser en matière de mobilité internationale. «Les universités brésiliennes ont un niveau d’excellence internationale, avec une forte autonomie et une évaluation nationale. En revanche, elles sont encore en retard sur le plan de l’internationalisation» remarque Thierry Valentin, directeur du CenDoTec. «Par exemple on compte 1% d’étudiants étrangers dont beaucoup d’Africains et de Latino-américains qui bénéficient de bourses, dans une logique de stratégie de coopération Sud-Sud.»

La France est un de ses partenaires privilégiés en Europe. Notre pays est la troisième destination des jeunes Brésiliens après les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Mais la balance de la mobilité est déficitaire : de l’ordre de quatre Brésiliens pour un Français en 2009.

Communication à améliorer

Organisateur du séjour des Brésiliens pour le compte du CenDoTec, Thierry Valentin s’interroge sur cette distorsion. Au-delà des bonnes performances reconnues du géant latino-américain (8ème puissance mondiale), « peut-être y a t-il un défaut de communication ? » estime le directeur. « Probablement que les étudiants français ne savent pas qu’il existe plus de 500 entreprises françaises établies au Brésil et qui recrutent. »

« Notre université accueille seulement 400 étrangers par an, alors qu’elle compte 50 000 inscrits au total » reconnaît de son côté José Celso Freire, directeur des relations internationales de l’Université d’Etat de Sao-Paulo (UNESP). Ce jovial quinquagénaire s’exprime dans un bon français et pour cause : il a suivi sa thèse en informatique à l’université de Grenoble. « La coopération scientifique avec la France est bien établie à travers différents programmes de recherche, mais nous souhaiterions développer les échanges d’étudiants au niveau licence et master » poursuit José Celso Freire. De fait, l’UNESP comptait seulement 29 étudiants en France cette année (contre 4 étudiants français) et on dénombre quelque 35 conventions d’échanges avec des établissements de l’Hexagone.

Une mobilité en développement

Si l’on soulève la question linguistique comme un des obstacles à la mobilité des Français, la réponse semble bien rodée. «Un étudiant qui a déjà étudié l’espagnol peut très bien s’en sortir. Au bout d’un mois d’études du portugais, on peut s’en sortir pour comprendre et suivre des cours » assure le représentant de l’UNESP. « La plupart des établissements proposent des cours de portugais pour débutants et n’exigent pas de niveau de langues à l’entrée » précise Thierry Valentin qui juge les Brésiliens un peu optimistes sur la question linguistique. Autre défi à relever, celui de l’accueil des étrangers, notamment en matière de services étudiants.

«On note un très grand intérêt des recteurs des universités pour développer la mobilité » complète Rossana Silva, secrétaire exécutive du groupe Coimbra des universités brésiliennes qui regroupe une cinquantaine d’établissements. « Notre problème est que la mobilité est encore réservée aux étudiants de la classe supérieure qui peuvent financer leur séjour. Il nous faut encore développer les bourses pour les jeunes sans ressources. » Et l’internationalisation est très diversifiée suivant le statut de l’université (privée, publique, fédérale, étatique, confesionnelle…), son ancienneté, son réseau de recherche.

Une recherche dynamique

Et pour achever de convaincre de la qualité des universités brésiliennes, l’universitaire de Sao Paulo ne manque pas d’arguments. Brochure à l’appui, il souligne la bonne place des établissements de son pays dans les publications scientifiques : 20% des publications internationales dans le domaine de la médecine tropicale, 12% en parasitologie, 9% dans le domaine de l’agriculture, etc. Plus globalement, les points forts de la recherche recouvre quasiment tous les secteurs : ingénierie, aérospatiale et aéronautique, mais aussi biodiversité, immunologie, gestion de l’environnement, domaines artistiques et arts de la scène, économie-gestion… En matière de coopération scientifique avec la France, les partenariats vont de l’Institut Pasteur à l’IFREMER.

« Il y a un effort sans précédent du gouvernement actuel dans le domaine de l’enseignement supérieur » souligne Ana Dayse Dorea, de l’ANDIFES, association qui représente les 59 Institutions fédérales d’enseignement supérieur. «Le président Lula est celui qui a le plus investi en la matière. Il y a  notamment un projet de construction de nouvelles universités et de développement de nouveaux campus pour répondre à la demande d’études supérieures.»  «Le gouvernement fédéral n’arrive pas à faire face à la demande, du coup le système privé est en plein essor » conclut Thierry Valentin.


Des coopérations universitaires et scientifiques

En 2008, le CenDoTec recensait 583 accords de coopération universitaires actifs entre des établissements des deux pays et 52 accords de doubles-diplômes. En matière de coopération scientifique, le programme de la COFECUB (Comité français d’évaluation de la coopération  universitaire et scientifique avec le Brésil) recensait 132 projets financés en 2009. Pour l’ingénierie, le programme BRAFITEC (Brasil France Ingénieurs Technologie) regroupe 30 universités brésiliennes et une centaine d’écoles d’ingénieur françaises) : 400 étudiants Brésiliens et 96 Français en ont bénéficié en 2008. Citons également le dispositif Brafagri (pour l’agronomie et la médecine vétérinaire) et des coopérations en sciences humaines et sociales.

| Publié le