Les universités françaises doivent attirer les étudiants indiens, selon les sénateurs

Fabienne Guimont Publié le
Les universités françaises doivent attirer les étudiants indiens, selon les sénateurs
L'Institut indien de technologie à Delhi // © 

Quatre mois après le déplacement de Nicolas Sarkozy et Valérie Pécresse en Inde en janvier 2008, la commission des affaires culturelles du Sénat a fait le voyage à son tour. Rendu le 16 juillet 2008, son rapport d’information est intitulé L'Inde aux deux visages : de Bollywood à la cyber-université. La délégation de sénateurs a visité le système d’enseignement supérieur d'une part et la production cinématographique d'autre part, dans ce pays de 1,1 milliard d’habitants. Concernant le premier thème, ils déplorent les faibles échanges d’étudiants et de chercheurs entre les universités françaises et indiennes, dominés par la « suprématie « anglo-saxonne ».

1500 étudiants indiens en France

Les universités françaises n’ont inscrit que 523 étudiants indiens en 2005-2006 (un millier dans les écoles de la Conférence des grandes écoles) en dépit des neuf espaces CampusFrance, contre plus de 4 000 en Allemagne, 22 000 au Royaume-Uni et 70 000 aux Etats-Unis. A titre de comparaison, le tiers de la recherche américaine est produite par des chercheurs indiens. Et pour certains, l'Inde serait en train de devenir la "capitale mondiale de l'externalisation des activités de R&D".

Se faire mieux connaître

La « promotion » des études supérieures françaises est pointée du doigt pour expliquer le déficit des échanges. Les sénateurs préconisent de faire de la coopération scientifique avec l’Inde une des priorités notamment dans les secteurs du spatial, du nucléaire, de la biotechnologie et des nanotechnologies. Les leviers sur lesquels s’appuyer seraient les PRES, les co-financements franco-indiens, la coopération décentralisée, l’apprentissage du français...

E-learning et formation de thésards

Deux projets sont estimés prometteurs par les sénateurs pour renforcer la coopération universitaire. D’une part la « cyber-université » qui se construit entre le Pôle universitaire européen de Toulouse et l'Institut indien de la science (IIS) de Bangalore. Ce e-learning - dans un pays qui a développé très tôt des "open universities" sur le mode de l'enseignement à distance - concernera d’abord les mathématiques appliquées puis le génie aéronautique et spatial et, par la suite, le génie industriel, le design et l’informatique. D’autre part est évoquée la création d’un « collège doctoral franco-indien ».

Lancé par Valérie Pécresse lors de son déplacement en Inde, le projet d’université franco-indienne de Delhi semble plus aléatoire. « La partie indienne demeure réservée sur ce projet d'université et sur son financement », notent les auteurs du rapport. La ministre de l’Enseignement supérieur n’a pas communiqué sur ce rapport jusqu’à présent.  


Filipe : du e-learning pour évaluer la compréhension des étudiants étrangers en sciences

Filipe pour filière linguistique préparatoire aux études en France. Soutenu par le ministère de l’Education nationale et porté par l’Institut polytechnique de Grenoble et l’UNIT (université numérique ingénierie et technologie), ces modules en e-learning sont destinés aux étudiants étrangers pour apprendre le français scientifique et technologique depuis leur pays d'origine avant de venir suivre un second cycle en France. Lancé en 2005, il propose des exposés oraux et des exercices interactifs dans des spécialités comme les mathématiques, les probabilités, les statistiques, ou sur les cycles de l’eau…De quoi testé si l’étudiant se sent capable de suivre un cours dans sa discipline avant de venir en France. Après avoir été utilisés à Shanghai et au Vietnam, ces programmes à distance devraient être testés en Inde dans la région de Madras et dans le réseau des Alliances françaises et des Indian institutes of technology ainsi qu’au Mexique.

Fabienne Guimont | Publié le