L'ESC Pau, incertain sur son grade master, devient "éklore-ed School of management"

Rachel Rodrigues - Mis à jour le
L'ESC Pau, incertain sur son grade master, devient "éklore-ed School of management"
Le campus de Saint-Denis du CNPC Sport, aujourd'hui regroupé au sein du groupe éklore, le 22 septembre 2023. // ©  Rachel Rodrigues
Alors que l'ESC Pau est dans l'incertitude du renouvellement de son grade master, la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) Pau Béarn annonce sa fusion, à la rentrée 2023, avec le CNPC sport, une autre structure de son pôle formation. Les cursus sont également réorganisés, avec un programme grande école raccourci à deux ans.

Le 22 septembre, la naissance du nouveau groupe "éklore" est annoncé. Cette nouvelle marque réunit les activités d'enseignement supérieur du groupe Formation CCI Pau Béarn. Sous un même nom, l'école de commerce ESC Pau et le CNPC sport suivront une nouvelle stratégie pour les années à venir.

En termes d'objectifs, éklore, qui comprend quatre filières, a pour ambition d'atteindre les 3.500 étudiants en 2027, contre 2.621 aujourd'hui (dont 65% d'alternants).

Le groupe entend passer de 350 à 500 étudiants internationaux et amplifier son travail de recherche, en embauchant 15 professeurs permanents supplémentaires pour passer de 20 à 40 articles publiés par an.

Un PGE uniquement ouvert en admissions parallèles

Filière du groupe, l'éklore-ed School of management reprend le périmètre de l'ESC Pau Business School, pour l'ensemble de ses formations et la marque "ESC Pau" disparaît.

Une annonce qui intervient alors que la CEFDG (Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion) doit encore statuer sur le renouvellement du grade master du programme grande école (PGE), en novembre 2023, "après un premier avis négatif causé par une erreur matérielle dans le dossier". "Je suis très confiant", précise Loic Harriet, directeur général du groupe éklore-ed (voir encadré).

Mise à jour du 6 décembre 2023 : après ce nouvel examen, la CEFDG a renouvelé le grade de licence et le grade de master à l'établissement, pour une durée de trois ans.

Désormais, la formation sera donc proposée en deux ans (4e et 5e années) et non plus trois ans (3e, 4e et 5e années). Une première pour un PGE. Le recrutement des candidats de prépa cessera pour la rentrée 2024 : l'école en recrutait déjà très peu en 1re année. Cette formation de niveau bac+5, ne recrutera qu'en admissions parallèles, via un concours propre, dont les modalités doivent évoluer.

L'objectif est d'opérer "une montée en gamme et un accroissement de la sélectivité", précise Loïc Harriet. Sont visés les diplômés de licence en sciences de gestion ou d'autres disciplines : profils littéraires, scientifiques ou sciences humaines. Le premier semestre propose une mise à niveau des disciplines managériales.

Le cursus DBA (Doctorate in business administration) sera toujours proposé. Et le bachelor devrait se déployer sur de nouveaux campus, en proposant une spécialisation par territoire.

Le renouvellement du grade master encore incertain

La CEFDG explique les raisons qui ont conduit à donner un premier avis défavorable pour le grade de master. Parmi les "points de vigilance" – en dehors du faible recrutement de candidats de prépa et du non-respect des critères d'implication des professeurs permanents qui était erroné – elle indique :

- l'attractivité du programme et la baisse des effectifs (de 530 en 2019-2020 à 422 en 2022-2023);

- la faiblesse du système de bourses sociales : baisse du nombre de boursiers Crous (de 78 en 2019 à 13 aujourd'hui), "sans doute en raison d'un déploiement massif vers l'apprentissage". Chute "considérable" du montant des bourses sociales externes (de 111.000 euros à 9.000 euros). De même, il n'y a aucun boursier interne et "le montant des bourses internes [est] nul". Loïc Harriet précise que la Fondation de l'école, en sommeil avec le Covid, a été réactivée pour soutenir les boursiers Crous ;

- la très forte proportion des étudiants apprentis (70% des effectifs) rendant le budget de l'école dépendant du montant de la prise en charge par les entreprises de la formation ;

- l'indécision quant au statut juridique futur de l'établissement. Loïc Harriet nous confirme que des réflexions sont en cours sur ce sujet.

Les trois autres filières éklore-ed

Trois autres filières voient le jour. Les marques éklore-ed pro et éklore-ed executive regroupent les formations professionnelles, ainsi que les services proposés aux entreprises.

Basé sur l'héritage du CNPC Sport, le groupe propose une filière axée sur le commerce du sport, sous la marque éklore-ed Sport Business, qui reprend les formations post-bac, du BTS au master.

Mais, la CCI précise que CNPC Sport, dont le nom et la structure perdure, "se recentre sur son cœur de métier historique qu'est le déploiement des formations techniques ski et cycle et demeure en dehors du groupe éklore-ed". Ces formations se concentreront le campus de Vitrolles.

Redéployer le bachelor et la formation continue sur trois campus

Le groupe revendique son implantation dans des villes moyennes pour ses campus de Pau, mais aussi de Grenoble, Nantes et Saint-Denis où était implanté le CNPC Sport. Les cursus d'éklore devraient se redéployer sur ces trois derniers sites.

Ce choix garantit "une qualité de vie qui prévaut sur celle des grandes métropoles", assure Loïc Harriet. L'expérience étudiante fait partie des atouts que le groupe veut mettre en avant. "Nous souhaitons mieux faire connaître la qualité et le coût attractif de la vie étudiante à Pau", illustre Loïc Harriet, seul campus à délivrer le programme grande école.

L'ancrage territorial de ses cursus est également un des points centraux de la stratégie, qui souhaite rester à taille humaine, "une petite école au sein des grandes écoles", résume Didier Laporte.

Le bien-être des étudiants au cœur du projet

La création d'éklore s'inscrit dans un contexte où "le rapport au travail n'est plus le même", explique Loïc Harriet. Selon lui, les jeunes se préoccupent moins d'où ils seront dans cinq ou dix ans que de leur situation immédiate. "Il faut créer les conditions d'étude qui leur permettront de se sentir bien tout de suite".

À titre d'exemple, le directeur général du groupe affirme avoir conscience de la préoccupation grandissante que représente le coût des études pour les étudiants. Il rappelle que l'ESC Pau n'a pas augmenté ses frais de scolarité depuis 2018 (5.700 euros par an pour le bachelor et 10.500 euros par an pour le PGE) et souhaite les maintenir ainsi à la rentrée 2024.

Pour le bien-être des étudiants, le groupe met l'accent sur le sport, qu'il entend inclure dans les maquettes pédagogiques. "C'est un paramètre important de la santé et du bien-être des jeunes", estime Loïc Harriet.

L'institution a aussi pour projet d'élaborer des indicateurs de satisfaction, pour évaluer le bien-être des étudiants.

Une stratégie construite avec les étudiants

Selon le groupe, le projet part d'un constat fait après la crise du Covid-19 et des bouleversements qu'elle a entraînés dans l'enseignement supérieur. "Il était nécessaire que nous nous réinventions", affirme Didier Laporte, président de la CCI Pau Béarn. "Les besoins des jeunes ont changé", abonde Loïc Harriet.

Pour les prochaines années, le groupe éklore a élaboré un plan stratégique "en rupture" avec le secteur des études supérieures. Pour le directeur général du groupe, il était important de construire ce projet avec les étudiants. Depuis octobre 2022, 128 étudiants ont participé à des séquences de travail pour réfléchir à la stratégie d'éklore, ainsi que 618 alumni et de nombreux enseignants.

Rachel Rodrigues | - Mis à jour le