Luc Chatel entame son tour de France des lycées

De notre envoyée spéciale à Cambrai, Virginie Bertereau Publié le

Un lycée par jour pendant un mois. Tel est le rythme que compte tenir Luc Chatel au cours des prochaines semaines. Le ministre de l’Education nationale a entamé mercredi 14 octobre 2009, au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy sur la réforme du lycée, un « tour de France » des établissements. Objectif : discuter plus précisément de la mise en œuvre des grandes lignes annoncées par le président avec les élèves, les professeurs, les personnels encadrants. Des grandes lignes largement inspirées des préconisations de Richard Descoings, le directeur de Sciences po chargé d’une mission lycée en janvier 2009. Mêmes idées, même méthode. Mais en accéléré. Le ministre doit en effet produire un texte pour décembre 2009.

Un pas de plus vers l’autonomie

Pour sa première étape, jeudi 15 octobre, Luc Chatel a fait halte à Cambrai, au lycée Fénelon, un établissement de l’académie de Lille. Il a d’abord rencontré les professeurs en huis clos, une cinquantaine de minutes, pour les rassurer et leur prouver son ouverture. Puis il a accordé une heure à une trentaine de lycéens qui attendaient leur tour devant la salle en file indienne. Pour le ministre, ce fut l’occasion de réexpliquer les points clés de la réforme (orientation progressive et réversible, rééquilibrage des filières, accompagnement personnalisé, davantage de langues étrangères, de culture, de responsabilités aux élèves), de recueillir des impressions et de répondre aux questions. Timides au début de l’entrevue, les élèves ont ensuite fait part de leurs préoccupations. Nicolas, en seconde : « Les deux heures d’accompagnement, vous comptez les mettre le samedi ou la semaine ? ». Réponse du ministre : « Ces deux heures seront intégrées aux cours. J’avoue que cela peut paraître aujourd’hui compliqué. Mais ce sera aux chefs d’établissements d’organiser au mieux l’emploi du temps. L’époque où tout devait être décidé « en haut » est finie ».

2010-2012 :  une réforme progressive

Autre question pertinente de Constance, également en seconde : « Par quoi voulez-vous commencer ? Vous ne pouvez pas tout faire en même temps… ». Et le ministre de préciser le calendrier de la réforme : la mise en place de mesures pour la classe de seconde (tutorat, plateforme dédiée à l’orientation, accompagnement individualisé…) à la rentrée 2010, pour la première (notamment la rénovation des filières STI et L) en 2011 et pour la terminale en 2012. Puis un élève l’interpelle sur les « stages-passerelles », destinés à permettre le passage d’une série à une autre en cas d’échec. « Ces stages concerneront un nombre limité d’élèves – le passage de la série L à la série S est un exemple extrême – ceux sur lesquels nous concentrerons tous nos efforts. Il ne s’agit pas de faire un « lycée zapping ». De toutes façons, ce sera au conseil de classe de décider. Par ailleurs, nous mettrons en place des programmes communs dans les matières communes. Ce qui facilitera déjà les passerelles », lui répond Luc Chatel.

L’agence de remplacement aux oubliettes ?

La question des moyens (16 000 suppressions de postes sont prévues à la rentrée 2010) ne sera pas abordée par les élèves, mais par les personnels encadrants, après le déjeuner, au théâtre de la ville. « Le président l’a dit : la réforme du lycée n’est pas faite pour réaliser des économies. Elle se fera à taux d’encadrement constant, répète le ministre. Nous dégagerons des moyens pour la formation continue des professeurs qui accepteront de nouvelles missions. C’est une nouveauté : nous allons mettre en place un droit individuel à la formation ». Le ministre a beaucoup à perdre s'il ne parvient pas à convaincre sur ce point : les syndicats d'enseignants pourraient s'entendre sur une journée de grève après la Toussaint.

Enfin, questionné dans les dernières minutes sur l’agence nationale de remplacement dont il avait été un temps question en 2008, Luc Chatel répond : « Je ne suis pas sûr qu’il faille créer une agence, mais je sais qu’il faut améliorer le dispositif, gagner en souplesse. Même s’il ne doit pas s’agir d’une règle générale, je ne serais pas choqué si un professeur de sciences physiques remplaçait un professeur de mathématiques. M. de la Casagrande doit faire des propositions pour une présentation début 2010 ». La page Darcos semble bel et bien tournée.

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