Métiers d’art : un plan national pour valoriser la filière et encourager les vocations

Sarah Nafti Publié le
Métiers d’art : un plan national pour valoriser la filière et encourager les vocations
Les ministres Olivia Grégoire et Rima Abdul Malak ont présenté la stratégie nationale en faveur des métiers d’art mardi 30 mai 2023 à Paris. // ©  Sarah Nafti
Les ministres Olivia Grégoire et Rima Abdul Malak ont présenté la stratégie nationale en faveur des métiers d’art mardi 30 mai 2023 à Paris. Un plan qui vise à revaloriser la filière, et se fonde notamment sur l’orientation et la formation.

C’est un plan "ambitieux" et "interministériel", selon les mots d’Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, qui a été présenté ce mardi 30 mai. La stratégie nationale en faveur des métiers d’art vise à réaliser un contrat de filière en soutien aux métiers d’art d’ici 2025.

Perpétuer les savoir-faire

La filière fait face au défi de "former les plus jeunes pour perpétuer les savoir-faire" mais aussi de rester innovante et compétitive. D’après la ministre, cette stratégie nationale doit aider la filière "à se projeter dans l’avenir" en lui donnant "une vision, une ambition et des moyens".

Ces métiers sont "un angle mort de notre politique culturelle" a ajouté la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, alors que ces 281 métiers composent "le chic français" et sont porteurs de valeurs, "dont on a besoin pour répondre aux aspirations des nouvelles générations". Et notamment la durabilité, le soin dans le geste ou encore "la fierté du savoir-faire".

Ce cadre d’action "qui est le début d’un chemin" et pourra "faire l’objet d’amélioration" a été élaboré en concertation avec les acteurs du secteur.

Le premier axe de la stratégie est de "valoriser les métiers d’art auprès de la jeunesse". Pour ce faire, le plan prévoit de mobiliser différentes ressources, comme les journées européennes des métiers d’art, qui bénéficieront de 2,4 millions d’euros supplémentaires pour monter en puissance, mais aussi le Pass culture ou encore les possibilités de stage de 3e.

Ce sont ainsi 1.000 stages qui seront proposés sur une plateforme dédiée, et en priorité aux élèves des QPV. En outre, les fiches métiers et orientation vers les métiers d’art et les formations de l’Onisep vont être réécrites.

2,4 millions d’euros supplémentaires pour les journées européennes des métiers d’art

Le deuxième axe est celui de la formation "où l’attente est particulièrement forte", rappelle Olivia Grégoire. Pour renforcer l’offre de formation, elle a annoncé la création d’un CFA à l’initiative du Mobilier national. Actuellement, plus de 1.000 établissements et centres de formation forment aux différents diplômes existants - CAP, bac pro, BMA (brevet des métiers d’art) ou encore DNMADE (diplôme national des métiers de l’art et du design) en post-bac.

Toutefois, "certains métiers sont orphelins de formation", constatait la ministre, quand d’autres, en tension, - comme le tissage textile ou l’orfèvrerie - ne formaient pas assez de candidats chaque année. Ce CFA dédié aux métiers de la décoration va permettre d’assurer l’ensemble des formations aux métiers d’art des manufactures nationales, de les harmoniser et de prendre en compte les besoins des différents ateliers. Il devra également "faciliter les reconversions professionnelles" à l’entrée et à la sortie de ces métiers par des partenariats avec les acteurs de la formation continue.

Un comité interministériel pour réfléchir aux diplômes et contenus des formations

Un comité interministériel sous l’égide du ministère de l’Education nationale sera chargé d’engager une réflexion sur les diplômes et les contenus des formations afin d’en renforcer les aspects pratiques. Une attention toute particulière sera portée aux lycées professionnels. Près de 15.000 jeunes sont actuellement formés aux métiers d’art dans ces lycées et bénéficieront de 20 millions d’euros supplémentaires chaque année, qui permettront, entre autres, de rémunérer les périodes de stage.

L’apprentissage est également un pilier de la formation aux métiers d’art. Pour inciter les entreprises à s’investir dans l’apprentissage, le fait de recruter des apprentis sera un critère important pour obtenir le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV), qui distingue les entreprises françaises artisanales et industrielles aux savoir-faire rares et d’exception.

Ce label permet aux entreprises de bénéficier d’un crédit d’impôts de 15%. Cette stratégie nationale va aussi s’appuyer davantage sur le dispositif Maître d’art-élève dont le budget sera doublé, pour atteindre 850.000 euros sur trois ans.

46,8 millions d’euros dans le cadre de France 2030

Dans le cadre de France 2030, 46,8 millions d’euros seront dédiés à la création de pôles territoriaux des industries culturelles et créatives, centrés sur les métiers d’art, du design et de la mode. Ces pôles permettront de faire émerger des écosystèmes locaux ou régionaux.

Enfin, cette stratégie nationale vise à encourager la recherche et l’innovation : les chambres des métiers et de l’artisanat seront chargées de cartographier les aides à l’innovation existantes, afin d’aider les entreprises à les mobiliser plus facilement.

Un pôle de recherche et d’innovation dans le domaine du mobilier, des arts textiles et des arts du feu sera créé pour, entre autres, financer des programmes de recherche sur les éco-matériaux, la durabilité et les circuits courts.

Sarah Nafti | Publié le