Pour Albert Fert (prix Nobel 2007), le classement de Shanghaï sous-évalue les chercheurs français

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Sous le titre « Comment le classement de Shanghaï désavantage nos universités », Albert Fert, prix Nobel de physique 2007, explique de manière approfondie les handicaps des universités françaises dans ce palmarès chinois, dans un article du Monde daté du 27 août 2008 .

En général, la raison avancée est simple : ce classement donne une part très importante à la recherche, ce qui défavorise la France. La recherche française serait donc si mauvaise ? Albert Fert va plus loin et dévoile précisément les inconvénients, pour la France, de la méthode de notation employée. « Nos universités devraient être à une meilleure place », affirme-t-il.

Le Nobel français vaut deux fois moins que le Nobel anglo-saxon

« J’ai d’abord appris qu’un prix, Nobel ou autre, obtenu par un professeur d’université française rapportait généralement deux fois moins de « points » à son université que le même prix en rapporte à l’université d’un collègue étranger, américain ou britannique par exemple, lauréat du même prix », explique Albert Fert. Comment expliquer cette différence de traitement ? « La recherche universitaire française s’effectue en général dans des laboratoires mixtes associant l’université à un organisme comme le CNRS. Shanghaï attribue alors 50 % du bénéfice à l’université et 50% à l’organisme », précise-t-il. Ces organismes de recherche ne sont pas pris en compte dans le classement, qui se limite aux universités. « Cela signifie que la moitié du bénéfice du prix ne profite à personne et s’évapore complètement », souligne le chercheur.

Publications : 50% pour l'université, 50% pour rien

De la même manière, « dans le cas de publications d’un laboratoire universitaire associant l’université et un organisme comme le CNRS, à peu près 50 % du bénéfice restera en général à l'université et 50 % s'évaporera », explique le prix Nobel. Etant donné qu'environ 60 % de la note finale attribuée à chaque université provient du décompte des articles publiés et citations d'articles, l'impact est important. « [Les universités françaises] méritent mieux que leur classement actuel », conclut-il.




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