Pour étendre son réseau, l'Institut Mines-Télécom mise sur ses ressources propres

Laura Makary Publié le
Pour étendre son réseau, l'Institut Mines-Télécom mise sur ses ressources propres
En région Auvergne-Rhône-Alpes, l'"IMT Aura" regroupera Mines Saint-Étienne, Télécom Saint-Étienne, Sigma Clermont et un nouveau campus sur le Grand Lyon. // ©  Thierry Chassepoux/ ENSM-SE
Imposer ses écoles dans le paysage de l'ingénierie française, c'est le pari de l'Institut Mines-Télécom dans son plan stratégique 2018-2022. Parmi ses objectifs, l'IMT vise une hausse forte de ses effectifs, étudiants, enseignants et chercheurs, ainsi que celle de ses ressources propres.

S'imposer comme un "établissement public de référence, performant et porteur d'excellence". C'est ainsi que Philippe Jamet, directeur général de l'Institut Mines-Télécom, résume le plan stratégique 2018-2022 de l'établissement. Dévoilée le 16 janvier 2018, cette feuille de route fixe plusieurs objectifs ambitieux, parmi lesquels une hausse conséquente de ses effectifs étudiants, aussi bien en formation initiale, en alternance, ou tout au long de la vie, un renforcement de sa recherche, ainsi qu'un accroissement rapide de ses ressources propres.

100 millions d'euros de ressources propres en plus

Pour se développer, l'Institut souhaite, de façon prioritaire, voir ses revenus augmenter. Alors qu'il revendique aujourd'hui 170 millions d'euros de ressources propres, l'IMT veut les voir passer à 272 millions, soit une hausse de 60 %. Un objectif indissociable de l'augmentation du nombre d'étudiants : 20.000 étudiants en 2022, "soit, sur la base de la rentrée 2016, un doublement des effectifs". Ces futurs élèves rejoindraient les "formations cœurs" des écoles de l'IMT – les cursus ingénieurs, et aussi de nouvelles filières.

"Nous souhaitons développer des Bachelors débouchant sur un emploi, c'est une véritable demande de la part des entreprises et des territoires. Ce seront des cursus plutôt portés par l'IMT que par ses écoles, comme le Bachelor déjà lancé à Saint-Étienne avec l'Irup", détaille Philippe Jamet. Également en ligne de mire : une formation continue plus soutenue. L'IMT espère en tirer 55 millions d'euros supplémentaires.

Nos recettes mécénales venues de nos diplômés ne s'élèvent qu'à 600.000 euros. Ce n'est pas suffisant, avec 70.000 alumni.
(P. Jammet)

Autre piste : le mécénat. "Notre programme est ambitieux, via les entreprises qui acquittent des contributions pluriannuelles à l'institut, et via les alumni. Sur ce dernier champ, tout reste à faire. Nos recettes mécénales venues de nos diplômés ne s'élèvent qu'à environ 600.000 euros. Ce n'est pas suffisant, avec 70.000 alumni. Nous envisageons donc de doubler ce montant d'ici à cinq ans", calcule le directeur général de l'IMT. Au total, la somme visée pour le mécénat, toutes cibles confondues, est de 15 millions d'euros supplémentaires. Le développement de la recherche, avec le recrutement voulu de 300 enseignants-chercheurs, et de la valorisation, notamment via des plates-formes détenues par les écoles, pourraient également gonfler l'enveloppe.

Des groupements régionaux à amplifier

En plus de ces nouveaux moyens et effectifs, l'IMT déploie sa marque dans deux régions, via de nouveaux consortiums. Tout d'abord dans l'est de la France, IMT Grand Est, déjà dévoilé par EducPros en janvier 2017, rassemblera cinq écoles d'ingénieurs : Mines Nancy, Télécom Nancy, l'ENSG, Télécom Physique Strasbourg et l'EOST Strasbourg. Un peu plus au Sud, "IMT Aura" (Auvergne-Rhône-Alpes), bâti autour d'un axe métropolitain Lyon-Saint-Étienne-Clermont, regroupera, autour de Mines Saint-Étienne, Télécom Saint-Étienne, Sigma Clermont "et un nouveau campus sur le Grand Lyon", est-il précisé laconiquement le plan stratégique.

Ce dernier précise que "d'autres régions pourront donner lieu à une organisation des écoles de l'IMT et écoles associées ou affiliées et à la mise sur pied de programmes de soutien aux activités économiques". Un appel du pied à peine voilé à d'autres établissements, potentiellement intéressés par une place dans le cercle de l'Institut.

Doubles diplômes et école africaine

Dernier pilier de ce plan stratégique : un développement international de l'ensemble de l'IMT. Pour améliorer ses scores en doubles diplômes, l'Institut souhaite signer une dizaine de conventions, permettant ainsi à tous les élèves de ses écoles internes de profiter de ces nouveaux accords. "L'objectif est d'assurer des flux suffisants à nos étudiants, dont seulement 3 à 10 % partent en double diplôme. Il est plus simple de passer un accord avec un établissement comme Georgia Tech quand on a le poids de notre établissement que pour chaque école séparément", souligne Philippe Jamet.

Autre projet international : la création de formations, "sans doute en partenariat", au Sénégal, d'ici à 2020. L'IMT souhaite "une école en cinq ans conduisant à un diplôme ingénieur-manager sur des thématiques à la fois porteuses en Afrique et pour lesquelles les écoles ont une compétence reconnue".

Avec son plan stratégique, l'IMT mise gros pour les cinq années à venir. Ne reste plus à l'Institut et à ses huit écoles qu'à faire leurs preuves.


Quel avenir pour le rapprochement entre Télécom ParisTech et SudParis ?

Lancées dans une fusion en septembre 2016, les deux écoles Télécom avaient finalement décidé d'arrêter leur étude de faisabilité, et donc le processus de fusion, en mars 2017.

"Le projet a été interrompu, parce que les écoles avaient déjà trop de transformations à absorber. Télécom ParisTech, la direction de l'IMT et une partie de SudParis déménageront à Saclay en 2019. En étant sur le même site, il sera difficile d'expliquer à nos partenaires pourquoi Télécom ParisTech et SudParis demeurent deux structures différentes. Mon pronostic est qu'une fois les établissements installés sur le plateau de Saclay, le sujet reviendra progressivement sur la table, de façon sereine", déclare Philippe Jamet à ce sujet.

Autre rapprochement évoqué en février 2017, les discussions entre IMT Atlantique et l'Ensta Bretagne se poursuivent. "Pour le moment, c'est une simple alliance. Nous nous réunissons avec nos deux tutelles pour décider de la forme – et du fond – que prendra ce projet", ajoute le directeur de l'Institut.

Laura Makary | Publié le