Quand les conservatoires se mettent à l’enseignement supérieur

Publié le
Quand les conservatoires se mettent à l’enseignement supérieur
Conservatoires // © 
Certains conservatoires se sont associés à des universités pour diplômer leurs élèves à un niveau bac + 3. Premier bilan deux ans après la signature des premiers partenariats avec l’accord pionnier entre PSPBB (Pôle supérieur d’enseignement artistique Paris-Boulogne-Billancourt), Paris 3 et Paris 4.

Depuis 2009, une dizaine de conservatoires et d’universités se sont associés pour proposer des parcours de licence orientés vers l’interprétation. C’est le cas notamment à Bordeaux, à Cergy-Pontoise, à Lille, à Nice, à Montpellier, à Reims, à Rouen, à Strasbourg, à Versailles… Certains partenariats fonctionnent uniquement sur un accord entre le conservatoire et l’université, d’autres sont officiellement reconnus par le ministère de la Culture. Ce qui leur permet de délivrer un diplôme national supérieur pour le spectacle vivant.

Un bac + 3 en musique classique ou en musique ancienne

Premier à s’être lancé, et sorte de laboratoire, le Pôle supérieur d’enseignement artistique Paris Boulogne-Billancourt (PSPBB) propose un diplôme en musique classique ou en musique ancienne, certifié bac + 3 et délivré grâce au concours des enseignants des CRR (conservatoire à rayonnement régional) de Boulogne-Billancourt et de Paris, ainsi qu’une licence de musicologie de l’université Paris 4-Sorbonne. En théâtre, les élèves sortent avec un diplôme de l’ESAD (École supérieure d’art dramatique) de la Ville de Paris, certifié bac + 3, et une licence d’études théâtrales de l’université Sorbonne nouvelle-Paris 3. Et à la rentrée, l’établissement pourrait proposer également un diplôme, s’il est habilité par le ministère de la Culture, en jazz et en musique actuelle.

Conservatoires et universités partenaires

Est-ce la fin de la guerre entre les conservatoires et l’université ? En tout cas, c’est une révolution, car il y a toujours eu un antagonisme fort entre les conservatoires qui forment des interprètes et les universités, plutôt versées dans la théorie, et seules habilitées à former les enseignants de musique des collèges et lycées. Cette association a peut-être permis d’enterrer la hache de guerre.

Les étudiants, en musique par exemple, sont recrutés sur concours (300 candidats pour 50 places) et suivent huit heures de cours par semaine au conservatoire de Boulogne-Billancourt ou au conservatoire régional de Paris et huit heures de cours regroupées sur une journée à l’université. “Nous en avons profité pour proposer de nouveaux cours, de l’anglais professionnel, et l’enseignement de pratiques pour gérer son stress et pour apprendre aux musiciens à bien se tenir”, explique le directeur du PSPBB. Les étudiants bénéficient aussi d’un forum des métiers, et de cours en atelier. Et grosse nouveauté : ils apprennent même à faire leur CV !

Poursuites d’études à l’étranger

L’avantage pour l’université est de pouvoir accueillir des étudiants d’un excellent niveau artistique qui avaient tendance à bouder les licences. Quant aux conservatoires, ils peuvent proposer des licences à leurs élèves inscrits en classes de perfectionnement, et ainsi leur permettre de postuler en master, dans les écoles étrangères, en particulier en Grande-Bretagne et en Allemagne notamment. “En effet, affirme Xavier Delette, directeur du PSPBB, jusqu’à présent seuls deux établissements étaient en mesure de proposer une licence, le CNSM (Conservatoire national supérieur de musique) de Paris et celui de Lyon, qui regroupent 1.200 et 400 élèves, ce qui n’est rien comparé aux 15.000 étudiants en musique en Grande-Bretagne.”

Pour quel bilan ? Bien que les cours ne soient pas regroupés au même endroit, c’est une réussite. “D’ailleurs, parmi les 12 premiers diplômés en musique tous ont poursuivi en master à l’étranger, dans les meilleures écoles, comme le Royal College of Arts de Londres”, conclut Xavier Delette.

| Publié le