Trois portraits atypiques à la tête des écoles

Un dossier de Sophie Blitman avec Laetitia Pèpe Publié le
En comparaison de ce profil de directeur d’école d’ingénieurs très cadré, nous avons dressé trois portraits de dirigeants plus atypiques.


Eric MaurincommeÉric Maurincomme, un jeune industriel à la tête de l’INSA de Lyon

Âgé de 44 ans, Éric Maurincomme est le plus jeune directeur d’école d’ingénieurs. En outre, il est lui-même diplômé de l’école qu’il dirige, comme moins de 15 % des directeurs d’écoles postbac : il y obtient, en 1988, le diplôme du département génie électrique ainsi qu’un doctorat génie biologique et médical EEA. Avant d’obtenir le Master of Sciences Electrical Engineering de l’université de Californie, alors que seuls 10 % de ses homologues ont un diplôme étranger.

Éric Maurincomme se démarque aussi de la plupart des directeurs dans la mesure où, avant de prendre la tête de l’INSA de Lyon, son profil est avant tout industriel, ce qui est le cas de moins d’un directeur d’école postbac sur cinq. En effet, s’il a débuté sa carrière au sein du laboratoire Creatis de l’INSA de Lyon, ce spécialiste de l’imagerie médicale intègre le groupe GE Healthcare comme ingénieur de recherche. Dix ans plus tard, il rejoint la multinationale belge Agfa Healthcare, d’abord comme vice-président, puis en tant que président du conseil d’administration avant de devenir responsable de la stratégie du développement, du marketing et de la communication. C’est donc après cette longue expérience dans l’industrie qu’il revient à l’INSA de Lyon, en juillet 2011, en tant que directeur.


img complete="true" src="/static/uploads/tp3/rte/RTEmagicC_JP-Hautier.jpg.jpg" alt="Jean-Paul Hautier" style="PADDING-BOTTOM: 5px; PADDING-LEFT: 5px; WIDTH: 192px; PADDING-RIGHT: 5px; FLOAT: right; HEIGHT: 148px; PADDING-TOP: 5px" title="Jean-Paul Hautier" />Jean-Paul Hautier, directeur général d’Arts et Métiers ParisTech (ENSAM) : un parcours hors du sérail des écoles d’ingénieurs

Âgé de 53 ans, Jean-Paul Hautier est l’un des rares directeurs d’école d’ingénieurs diplômé du CNAM. En particulier, son profil diffère des autres directeurs d’écoles classées A+, majoritairement issus de l’École polytechnique. Cette spécificité influe sur son parcours, qui a pu être davantage que d’autres tourné vers la technique.

Jean-Paul Hautier commence ainsi sa carrière dans un bureau d’étude où il reste trois ans, avant de rejoindre l’IUT puis l’université Lille 1. Au fil des années, il gravit les différents échelons universitaires : d’abord chef des travaux pratiques, professeur agrégé de génie électrique, docteur ès sciences, puis professeur des universités.

Après l’université, il passe quatre ans à l’École des mines de Douai, et de nouveau quatre ans au centre régional associé au CNAM avant de rejoindre l’ENSAM en 1990, au sein du Centre d’enseignement et de recherche de Lille. D’abord responsable national du département électronique, électrotechnique, automatique, il dirige ensuite le laboratoire d’électrotechnique et d’électronique de puissance de Lille.

À l’issue de ces dix années d’enseignement et de recherche, il prend davantage de responsabilités administratives : nommé directeur de la recherche de l’ENSAM en 2001, il devient, en 2006, administrateur provisoire de l’établissement qu’il dirige à partir de 2007.


Valérie CabuilValérie Cabuil, directrice de Chimie ParisTech après une carrière à l’université

À 49 ans, Valérie Cabuil semble incarner la nouvelle génération des directeurs d’écoles d’ingénieurs, même si c’est encore une exception en tant que femme dans ce milieu très masculin. Cette ancienne de l’École nationale supérieure de chimie de Strasbourg a obtenu son doctorat à l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC). Chargée de recherches au CNRS, elle devient, en 2001, professeur des universités.

Le parcours de Valérie Cabuil se caractérise par un fort investissement à la fois dans ses missions d’enseignement (elle a notamment été directrice des études du parcours Physique, Chimie, Mécanique et Électronique de L1 de sciences et technologies et responsable du parcours Sciences et Musicologie mis en place par l’UPMC et Paris-Sorbonne) et dans ses activités de recherche. Elle fait ainsi partie du petit tiers de directeurs d’écoles d’ingénieurs qui ont dirigé un laboratoire.

Valérie Cabuil a en outre exercé des responsabilités scientifiques au niveau national : chargée de mission au CNRS au département sciences chimiques, elle a aussi été membre du comité d’évaluation des programmes Blanc et Jeunes Chercheurs de l’Agence nationale de recherche, et est conseillère scientifique auprès du Haut commissaire à l’énergie atomique. Valérie Cabuil affiche par ailleurs une sensibilité en matière de développement durable, animant le réseau Eriche (Évaluer et réduire l’impact de la chimie sur l’environnement) dans le cadre du programme du CNRS « Chimie pour le développement durable ».

Directrice de l’école doctorale 388 de l’UPMC depuis 2009, c’est en 2010 qu’elle est nommée à la tête de Chimie ParisTech.


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