SPECIAL Orléans. Youssoufi Touré, président de l’université d’Orléans : " Une université de taille moyenne, c’est une université à taille humaine"

Propos recueillis par Sophie Blitman Publié le
SPECIAL Orléans. Youssoufi Touré, président de l’université d’Orléans : " Une université de taille moyenne, c’est une université à taille humaine"
Youssoufi Toure - Président Université Orléans // © 
À l’occasion du Salon de l’Etudiant d’Orléans (les 4 et 5 février 2011) , EducPros donne la parole aux acteurs de l’enseignement supérieur orléanais. Youssoufi Touré , président de l’université d’Orléans, également président du PRES (pôle de recherche et d’enseignement supérieur) Centre - Val de Loire Université, affiche sa volonté de renforcer la visibilité du potentiel de recherche mais aussi de l’offre de formation de son établissement et, plus largement, de sa région. Tout en mettant en avant la qualité de vie offerte par une ville moyenne, à une centaine de kilomètres de Paris.

Votre établissement est devenu autonome le 1er janvier 2010. Fort de ces responsabilités et compétences élargies, quels sont les premiers chantiers que vous comptez ouvrir ?

D’une manière générale, nous souhaitons améliorer la qualité de l’accueil, de l’information et du suivi des étudiants comme du personnel. Cela signifie notamment mettre à plat la politique sociale indemnitaire afin de faire en sorte que ce soit nous qui décidions, par exemple, de l’augmentation des primes ou des fonctions qui ouvrent à une indemnité.

Côté étudiants, nous allons investir dans la vie quotidienne car être étudiant, ce n’est pas que suivre des cours ! Outre un soutien financier accru aux initiatives étudiantes dans ce domaine, nous voulons permettre une meilleure communication, via notamment l’installation de nouveaux écrans à plasma qui diffuseront les informations des associations et syndicats.

D’autre part, nous travaillons pour rendre l’offre de formation plus lisible, en mettant en avant les compétences et les métiers plutôt que les intitulés de diplômes ; parallèlement, nous voulons développer le pôle avenir, et notamment l’espace emploi entreprise qui accompagne les étudiants. Nous assumons que l’insertion professionnelle est l’une de nos priorités.

Pour autant, nous n’oublions pas la recherche : nous voulons également donner une meilleure visibilité à notre potentiel scientifique. Cela passe par la restructuration de l’université en cinq instituts thématiques pluridisciplinaires. Leur mise en marche est prévue pour janvier 2012, en association avec le CNRS dont le campus d’Orléans, créé en 1967, est l’un des plus anciens et des plus grands de France.

La proximité avec Paris n’est-elle pas un handicap pour une université de taille moyenne comme la vôtre ?

Une université de taille moyenne, c’est une université à taille humaine. Et je dirais plutôt que c’est un atout pour Paris d’avoir non loin une université dont les racines remontent à 706 ans ! Les étudiants, eux, peuvent apprendre les mêmes choses à Orléans qu’à Paris, en bénéficiant d’une qualité de vie bien supérieure. Quant à la recherche, nous n’avons aucun complexe vis-à-vis de la capitale : les dimensions sont bien sûr différentes, mais nous avons un réel potentiel et participons à la capacité scientifique de la nation.

Quelle place espérez-vous occuper dans les appels à projets des investissements d’avenir ?

Nous faisons d’ores et déjà partie de deux réseaux d'Equipex (équipements d’excellence). Les projets dont nous sommes porteurs n’ont pas été retenus, mais nous avons été classés 61e sur 375. L’Etat en a financé 52 ; cela signifie que nous avons toutes nos chances pour la deuxième vague ! Par ailleurs, nous attendons beaucoup des Labex (laboratoires d’excellence), car nous avons quelques pépites. A condition que l’Etat ne regarde pas que les mastodontes. Outre la dizaine de projets auxquels nous participons, nous en avons six en tant que porteurs. Si nous ne recevons pas de financement, c’est que nous n’avons pas la taille critique. Ce ne serait pas un problème d’excellence, mais un problème d’argent.

Quels sont précisément les objectifs de ce PRES Centre - Val de Loire Université que vous avez créé en mars 2010 et que vous présidez ?

Le Centre connaît un déficit du nombre d’étudiants : pour des raisons démographiques, mais aussi sociologiques liées à l’histoire de notre région agricole, les jeunes ne poursuivent pas leurs études après le baccalauréat. D’après l’Insee, 70% des employés de la région Centre ont au maximum un bac +3.

Dans ce contexte, l’objectif principal du PRES est de faire connaître l’offre de formation et, plus largement, l’offre de vie étudiante. Il faut mieux informer les jeunes et ce, dès le collège et le lycée. Tous les acteurs régionaux de l’enseignement supérieur en ont aujourd’hui conscience. C’est pourquoi nous allons construire un plan global de communication au niveau du PRES, passant de la compétition entre nos établissements à la compétitivité de l’ensemble.
En effet, cette coordination pour faire connaître notre offre de formation n’est pas encore très développée, contrairement aux échanges qui existaient déjà au niveau de la recherche, dans le cadre de l’association Pôle Universités Centre Val de Loire, créée en 2004.

Ainsi, nous voulons élever le niveau de formation global de la région. Car si nous visons l’excellence, nous avons également un rôle sociétal. D’où notre exigence vis-à-vis de l’Etat, non en ce qui concerne les moyens financiers, qui ne manquent pas, mais sur le plan des moyens humains : il faut ouvrir des postes. Pour l’instant, ce que nous avons « gagné », c’est le gel du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Ce n’est pas suffisant. L’Etat doit continuer à investir dans le potentiel humain : ce n’est pas un coût, mais un retour sur investissement, et même un investissement d’avenir.

L’université d’Orléans en bref

* 16 000 étudiants
* 1 500 chercheurs ou enseignants-chercheurs, dont un petit millier sur le campus CNRS
* 800 personnels techniques
* 3e université la plus ancienne de France, après la Sorbonne et l’université de Montpellier
* Membre du PRES Centre - Val de Loire Université qui rassemble les universités d’Orléans et de Tours, l’Ecole supérieure de commerce et de management (ESCEM) de Tours-Poitiers, l’Ecole nationale d’ingénieurs du Val de Loire (ENIVL), l’Ecole nationale supérieure de la nature et du paysage (ENSNP) l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs de Bourges (ENSIB) ainsi que les deux hôpitaux de Tours et d’Orléans. Soit un total de plus de 40 000 étudiants et de 9 000 enseignants-chercheurs.

Propos recueillis par Sophie Blitman | Publié le