Spécial Québec : la lutte contre le plagiat à l'UQAM

De notre envoyée spéciale au Québec, Sandrine Chesnel Publié le
Mieux lutter contre le plagiat : tel est l’objectif de la nouvelle procédure mise en place par l’UQAM (université du Québec à Montréal) depuis la rentrée 2009. Suite de notre série de reportages dans l'enseignement supérieur québécois.

Le constat est le même dans tous les établissements d’enseignement supérieur : professeurs et responsables d’établissements déplorent depuis quelques années une montée en puissance du plagiat chez les étudiants. De plus en plus d’entre eux se laissent séduire par les avantages du copié-collé pour « rédiger » devoirs, mémoires, et autres thèses - parfois sans même réellement avoir conscience de faire quelque chose de répréhensible. Problème : les professeurs qui supposent un cas de plagiat sont souvent assez désarmés pour instruire l’affaire. Il leur faut d’abord établir le plagiat, convoquer l’étudiant, entendre sa défense, choisir une sanction adéquate… Autant d’étapes nécessaires mais chronophages qui font que bien souvent les professeurs doivent se limiter à un avertissement oral assorti d’une mauvaise note.

Une règlementation anti-plagiat à l'UQAM

A l’UQAM , on a décidé de prendre le problème a bras le corps. Depuis la rentrée 2009, l’université du Québec à Montréal met en application une nouvelle procédure susceptible de fluidifier le traitement des cas de plagiat. « Avant cette nouvelle réglementation, tout reposait sur les épaules du professeur, explique Claude Labrecque, coordonnateur de la faculté de communication (l'équivalent d'un secrétaire général dans une université française). C’était une position gênante pour les enseignants, qui en conséquence avaient tendance à ne pas trop sanctionner les étudiants fautifs ». Un logiciel de gestion des plaintes des professeurs a donc été mis en place : l’enseignant qui soupçonne un élève d’avoir commis un copié collé abusif pour tel ou tel travail, n’a plus qu’à signaler le problème via ce logiciel, en précisant le nom de l’étudiant et le contexte.

« Sa responsabilité s’arrête là, explique Claude Labrecque. Ensuite c’est moi qui mène l’enquête et qui avertit l’étudiant pour qu’il me donne sa version des faits par écrit ». Le professeur est ensuite auditionné et le coordonnateur transmet le dossier au président du conseil de discipline, qui décidera de la sanction. Sanctions qui sont devenues plus sévères dans la nouvelle réglementation : « Au minimum, c’est l’échec au cours, précise Claude Labrecque, ce qui dans le cas des cours obligatoires oblige l’élève à repasser le cours l’année suivante. Au pire, c’est l’exclusion définitive de la fac avec mention dans le dossier scolaire ».

Les nouvelles astuces du plagiat étudiant

Si l’UQAM s’attend à ce que cette nouvelle facilité de procédure entraîne une hausse des plaintes de professeurs dans les deux ans à venir, ses promoteurs espèrent aussi que le phénomène de plagiat, mieux cerné, se fera moins fréquent. « Le problème c’est que les étudiants sont très malins, souligne non sans humour Claude Labrecque. Ainsi nos collègues des universités américaines  notent une tendance des étudiants pilleurs à se replier sur les monographies de vieux livres qui ne sont pas sur le Net, pour réduire les risques de se faire prendre ! ». De quoi relancer les ventes des bouquinistes d’universités !


L’UQAM en chiffres
40000 étudiants + 15000 étudiants inscrits à l’université à distance
2527 étudiants étrangers dont 44% de français

De notre envoyée spéciale au Québec, Sandrine Chesnel | Publié le