Un réseau européen des observatoires régionaux de l’emploi et de la formation en construction

Marie-Anne Nourry, à Marseille Publié le
Un réseau européen des observatoires régionaux de l’emploi et de la formation en construction
Christian Ostermann, DR // © 
L'European Day 2010*, le colloque européen des observatoires régionaux de l’emploi et de la formation, s’est tenu à Marseille les 6 et 7 octobre 2010. Les participants ont échangé sur leurs pratiques et sur la standardisation à venir de leurs données. L’ambition est la mise en place d’un réseau européen pour le pilotage régional du marché du travail.

On dénombre 360 OREF (observatoires régionaux de l’emploi et de la formation) dans l’Union européenne. « Ce qui signifie 360 modèles différents », insiste Alfons Schmid, directeur de l’IWAK (Institut für Wirtschaft, Arbeit und Kultur). Ils produisent, de manière continue, des données et des analyses apportant une connaissance pointue du marché du travail régional.

À ce jour, l’hétérogénéité des méthodes utilisées pour la collecte des données rend difficiles les comparaisons interrégionales et transnationales. « Certains le font, mais les résultats sont tronqués », soutient Pascale Gérard, vice-présidente déléguée à la formation professionnelle et à l’apprentissage au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui a accueilli la manifestation.

Un réseau pour standardiser les données

Dans le contexte de construction européenne, il est indispensable pour les OREF de pouvoir échanger sur les pratiques, les méthodes, les données. Un réseau reliant l’ensemble des observatoires devrait permettre de progresser vers une standardisation des données. « Ou du moins vers une convergence. Il faut être flexible et s’adapter aux spécificités de chaque pays », estime Pascale Gérard.

Le Réseau européen pour le pilotage régional du marché du travail, à l’initiative de cette rencontre, est décidé à mettre son expérience et ses compétences au service des OREF. Pour avancer, il ne manque plus qu’une décision politique. « Il faut que la Commission européenne (CE) s’implique et nous apporte son soutien », confirme Frédéric Wacheux, directeur du Céreq (Centre d’études et de recherches sur les qualifications). Pour Christiane Westphal, coordinatrice pour l’emploi des jeunes à la CE, « il est encore trop tôt pour se prononcer sur un éventuel soutien de la Commission européenne ». Mais elle est convaincue que celle-ci a « un intérêt certain à s’investir ».

Avec des références communes, il sera possible de faire des comparaisons pertinentes « pour une plus grande transparence de la mobilité professionnelle en Europe ». En outre, cette mise en réseau favorisera l’échange de bonnes pratiques. « Je crois au benchmark. Ça ne sert à rien de réinventer la poudre, si ça a déjà été fait ailleurs », souligne Frédéric Wacheux, impatient de lancer des enquêtes à l’échelle européenne.

Une vision régionale pour une meilleure vision globale

Les régions deviennent des acteurs essentiels du développement économique et notamment de l’insertion des jeunes diplômés. Selon Philippe Serizier, représentant de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) , « les actions nationales sont inefficaces si elles n’ont pas de point de vue local ». En particulier dans ce contexte de crise structurelle. Les préoccupations de terrain figurent également au cœur des priorités de l’OCDE, qui travaille actuellement sur un programme de développement économique et de création d'emplois au niveau local.

Confronter les expériences

« Que se passe-t-il ailleurs ? Voilà une question que se posent les régions », poursuit le directeur du Céreq. Il est indispensable de pouvoir recueillir des éléments fiables qui pourront être accessibles à tous. Luc Chevalier, directeur d’un observatoire, le CREFOR Haute-Normandie, abonde dans ce sens : « Les OREF ont des problématiques communes et il existe déjà un réseau national qui mutualise nos besoins. Or, il est essentiel de pouvoir aussi échanger avec nos homologues étrangers, notamment sur les questions de mobilité. » Il prend pour exemple les observatoires lorrains, dont le travail serait grandement facilité s’ils pouvaient travailler en réseau avec leurs voisins allemands.

Pour Frédéric Wacheux, « cette rencontre jette les bases d’un travail de longue haleine, qui va contribuer, à son niveau, à la construction européenne ». Prochaine étape en octobre 2011 au Luxembourg, pour le deuxième volet de cet European Day.


* Cette rencontre au nom prometteur, European Day 2010, a été organisée par le Céreq et le laboratoire de recherche allemand IWAK , tous deux membres du Réseau européen pour le pilotage régional du marché du travail.

Marie-Anne Nourry, à Marseille | Publié le