Université du Québec à Montréal (UQAM) : le fiasco d’un partenariat public-privé

Fabienne Guimont Publié le
Université du Québec à Montréal (UQAM) : le fiasco d’un partenariat public-privé
Le chantier de l'Ilôt voyageur // © 

Le scandale immobilier dans lequel l’université du Québec à Montréal (UQAM ) est plongé depuis la rentrée 2007 a connu un nouveau rebondissement avec la publication du rapport de Renaud Lachance, le Vérificateur général du Québec. Rendu public le 4 juin 2008, ce rapport dénonce les responsables du gouffre financier créé par deux projets immobiliers lancés par l’UQAM, l’Ilôt voyageur et le Complexe des sciences. Passés d’une estimation de 270 millions de $ canadiens, ces projets mal ficelés ont coûté plus de 722 millions de $.

Une gestion "artisanale"

L’ancien recteur de l'UQAM Roch Denis, son vice-recteur aux ressources humaines et aux affaires administratives Mauro Malservisi et le directeur des investissements Nicolas Buono sont accusés d’avoir manqué de transparence sur l’information financière fournie aux instances de l’UQAM et à l’assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec concernant les projets, voire de double comptabilité. Aucune malversation financière n’est en revanche rapportée dans la passation de ces partenariats public-privé (PPP). Denis Roch a démissionné de ses fonctions en décembre 2006, les deux autres ont pris leur retraite.

Cette université jeune (42000 étudiants) s’était lancée dans une politique d’innovations avec des programmes pluridisciplinaires originaux. Les partenariats public-privé, encouragés par le gouvernement libéral de Charest, devaient permettre de soutenir ces développements. Mais les risques financiers pris dans ces contrats étaient en grande partie à la charge de l'UQAM.

La réaction du ministre de l'éducation

Les anciennes instances dirigeantes de l’université ne sont pas les seules sur le gril. Le ministère de l’éducation est aussi montré du doigt par le rapport pour n’avoir pas tiré la sonnette d’alarme alors que des informations sur les possibles dérives lui étaient transmises depuis 2005. La ministre de l’éducation, Michelle Courchesne, a indiqué que son gouvernement allait déposer un projet de loi sur la gouvernance des universités à l’automne prochain, permettant, selon elle, de contrôler davantage les universités sur leurs investissements. Saisi cet hiver de l’affaire, le ministère de l’éducation étudie avec la caisse des dépôts et placements les solutions envisageables. La direction des poursuites criminelles a été saisie du dossier. La nouvelle direction de l'université joue la transparence et en appelle à la solidarité du gouvernement pour se sortir de l'impasse financière.

Fabienne Guimont | Publié le