Universités-entreprises : une fondation innove en Andalousie

De notre correspondant en Espagne, Armand Chauvel Publié le
Universités-entreprises : une fondation innove en Andalousie
Le campus de l'université d'Almeria // © 
Les universités essaient de plus en plus de développer leurs ressources propres. En France, une trentaine de fondations universitaires devraient voir le jour avant février 2009. Zoom chez nos voisins, dans le sud de l’Espagne, où la fondation CTA (Corporacion Tecnologica de Andalucia), créée à l’initiative du gouvernement régional andalou en 2005, est en train de transformer les relations universités-entreprises.

Pour stimuler l'innovation sur son territoire, la communauté autonome d'Andalousie a misé sur la forme juridique de formation. Elle crée en 2005 la fondation CTA (Corporacion technologica de Andalucia), la corporation technologique de l'Andalousie, avec un apport initial de 44 M€. Son objectif : mettre en relation des porteurs de projets et des chercheurs spécialisés.

Un tiers du financement va aux universités

« En quelques années, le nombre de chercheurs universitaires impliqués dans des projets conduits par des entreprises est passé d’une centaine à plus d’un millier, assure Joaquin Moya-Angeler, président de la fondation et du conseil social de l’université d’Almeria. Notre vocation n’est pas initialement de donner de l’argent pour faire de la R&D, mais de financer des projets d’entreprises économiquement viables où l’input des centres d’investigation est, au minimum, de 15% ». Grâce à ce modèle unique, qui fait des émules dans d’autres communautés autonomes espagnoles mais aussi à l’étranger, un tiers des 151,5 M€ injectés à ce jour par la CTA dans 160 projets sont retombés dans l’escarcelle d’universités de la région sous forme de programmes de recherche.

Trois types de membres pour la fondation

En trois ans, la fondation est parvenue à agréger 122 entreprises, essentiellement des PME de secteurs tels que l’agroalimentaire, l’aéronautique ou les biotechnologies. Ces dernières ont apporté 62 M€. Ces sociétés se divisent en membres « numéraires » (apport à la fondation de 1 M € sur 4 ans), « collaborateurs » (240.000  € sur 4 ans) ou « associés » (60.000 € sur 4 ans). Les universités participent à la fondation sous forme de groupes de recherche appliquée dans les secteurs où les entreprises sont les plus demandeuses. Celles-ci n’ont pas à être membres de la fondation pour obtenir un financement, mais elles le deviennent souvent a posteriori.

Inciter les acteurs privés à investir dans la recherche

Biomedal, biotech spécialisée dans les instruments de labo pour la production et la purification de protéines qui collabore souvent avec les universités Hispalense et Pablo de Olavide de Séville, est l’un des membres « collaborateurs » de la CTA. Elle a obtenu récemment un financement afin de développer une bandelette réactive à la présence de gluten dans les aliments. « Encore trop peu d’agents privés sont disposés à investir dans la recherche, surtout à long terme, d’où la pertinence de cette initiative », estime son directeur général, Angel Cebolla.

En Espagne, l’investissement en R&D s’est élevé en 2006 à 11,8 Milliards € (1,2 % du PIB contre une moyenne européenne de 2 %) dont 47,1% étaient d’origine privée selon l’INE, l’Institut National de Statistiques. Avec la CTA, l’Andalousie veut inverser cette tendance et son modèle n’est pas étranger à la décision prise par le gouvernement central de Madrid à l’issue des dernières législatives de transférer la tutelle des universités du ministère de l’éducation à celui de la science et de l’innovation.

De notre correspondant en Espagne, Armand Chauvel | Publié le