Violence à l’école : davantage de formation pour les enseignants

Isabelle Maradan Publié le
Les personnels des collèges et des lycées se sentent insuffisamment formés face à la violence scolaire, selon une enquête rendue publique le 26 février 2013. La formation apparaît pourtant comme l’un des principaux leviers pour prévenir et lutter contre la violence à l’école.

"On n'a pas le droit de louper la formation ou de refaire comme avant la réforme. Il faut transmettre aux futurs enseignants des gestes professionnels concernant la gestion de la classe et des conflits", a lancé Eric Debarbieux, délégué ministériel, le 26 février 2013 venu présenté une enquête de victimation et de climat scolaire réalisée auprès de 20.000 personnels du second degré.

Insatisfaction en matière de formation

Parmi les dimensions testées dans l'enquête, c'est effectivement la formation des personnels qui recueille le niveau d'insatisfaction le plus élevé. Autour de 70% des auxiliaires de vie scolaire et des assistants d'éducation s'estiment pas ou mal formés. Les trois quarts des enseignants exerçant depuis la masterisation pensent ne pas avoir été formés. Et ceux qui les ont précédés sont tout de même 60% à le penser. Seuls les personnels de direction, les CPE (conseillers principaux d'éducation) et les personnels du social et de la santé s'estiment très majoritairement bien formés.

Le climat scolaire au programme des ESPÉ

A l'heure de la réforme de la formation des personnels, la délégation ministérielle a listé les mesures devant être prises pour mieux structurer l'offre de formation en matière de prévention des violences en milieux scolaires. Dès la rentrée 2013, des modules spécifiques sur les problématiques liées au climat scolaire seront inclus dans la formation initiale dispensée dans les ESPÉ (Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation). Des modules de ce type pourront également être proposés dans le cadre de la formation continue, toujours dans les ESPÉ.

Des formations interprofessionnelles autour des questions de climat scolaire et de prévention du harcèlement entre pairs devraient également voir le jour dans les académies à la prochaine rentrée. Des guides de formation consacrés à l'amélioration du climat scolaire seront disponibles sur le site Eduscol au printemps 2013 pour le premier degré et à l'automne pour le second degré. D'autres guides thématiques (harcèlement, cyberviolence,...) seront produits par la suite.

De la formation continue au niveau national et dans les académies

Pour 2014, une formation portant sur les plans de gestion de crise et une autre sur le harcèlement devraient être proposées dans le cadre du plan national de formation. Les assistants de prévention et de sécurité ainsi que les équipes mobiles de sécurité, personnels spécifiquement dédiés à la prévention des violences à l'Ecole, devraient pouvoir accéder à un ensemble des sessions de formations continues du plan national et des plans académiques de formation.

Mobiliser les partenaires de l'Ecole compétents

Pour développer les stages d'écoles et d'établissements et l'accompagnement des équipes éducatives sur ces thématiques, le délégué ministériel compte s'appuyer à la fois sur les ressources internes à l'Education nationale et sur la mobilisation de tous les partenaires de l'Ecole. Il prévoit notamment de mobiliser des associations d'éducation populaire expertes dans la gestion des conflits et des collectivités territoriales ayant mis en place des dispositifs d'appui aux établissements. Une approche globale incluant tous les acteurs de l'éducation afin de réduire la violence en augmentant la cohérence.

Harcèlement entre adultes à l’école : un facteur de décrochage professionnel

Cette enquête auprès des personnels du second degré confirme ce qu’une précédente enquête de victimation en Seine-Saint-Denis avait déjà mis en lumière pour le premier degré : le harcèlement à l’école existe aussi entre collègues.

Depuis la rentrée scolaire 2013, près de 20% des répondants à cette enquête disent avoir été mis à l’écart par une partie des membres du personnel. 22,9 % d’entre eux disent avoir été harcelés à un moment de leur carrière (le harcèlement sexuel restant évoqué à la marge par 0,1% des répondants).

Dans la grande majorité des cas, il s’agit d’un harcèlement entre collègues et les victimes ne se sentent généralement pas ou peu soutenues. Plus de la moitié des personnels qui se disent harcelés envisagent souvent ou très souvent de quitter le métier.

Lire l'intégralité de l'enquête

Ecouter la chronique d'Emmanuel Davidenkoff sur France Info

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