PIA 4 : investir dans le supérieur pour accompagner la transformation industrielle de la France

Sara Saidi Publié le
PIA 4 : investir dans le supérieur pour accompagner la transformation industrielle de la France
Le 12 octobre 2021, Emmanuel Macron présentait le plan France 2030 au Palais de l'Elysée. // ©  Pool/Reuters
Le 4e Programme d’investissements d’avenir (PIA), a été intégré dans le plan France 2030 piloté par le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI). Objectif : développer la compétitivité industrielle de la France et les technologies d’avenir en soutenant, grâce à des investissements massifs, l’éducation, la recherche, la formation et l’industrie. EducPros fait le point sur la place de l'innovation, de la recherche et de l'enseignement supérieur dans cette stratégie.

"La France doit redevenir une grande nation qui choisit son destin et qui apporte sa contribution au monde pour mieux vivre face à ces défis", déclarait le président de la République à l’occasion de la présentation du plan France 2030 le 12 octobre 2021.

France 2030 : un accent marqué sur les énergies renouvelables et la transition écologique

Emmanuel Macron présentait ainsi dix objectifs visant à développer la compétitivité industrielle et les technologiques dites d’avenir. Emergence de petits réacteurs nucléaires, production du premier avion bas-carbone, construction de deux millions de véhicules électriques et de 20 bio-médicaments, investir dans le champ des fonds marins… France 2030 met surtout l’accent sur les énergies renouvelables et la transition écologique. Le plan mobilise en tout 54 milliards d'euros et intègre le 4e Programme d’investissements d’avenir (PIA 4).

Jusqu’à présent "les PIA avaient pour objectif de révéler les capacités de recherche et de développement dans notre pays et de les accompagner au niveau de la recherche vers une forme de prototypage (…) mais sans franchir cette limite vers l’industrialisation. Avec France 2030, c’est clairement toute la chaîne de valeur de la formation jusqu’à l’industrialisation qui nous intéresse autour de cette dizaine d’objets définis par le président de la République", explique Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement en charge de France 2030.

Stratégies d’accélération industrielle

Le PIA 4 reste un outil d’investissement - 20 milliards d’euros sur cinq ans - dont l’objectif est de soutenir l’innovation, la recherche et l’enseignement supérieur. Une partie de cette somme - 7,5 milliards - est mobilisée pour donner de la visibilité aux organismes d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation.

Avec France 2030, c’est clairement toute la chaîne de valeur de la formation jusqu’à l’industrialisation qui nous intéresse. (B. Bonnell, SGPI)

Les 12,5 milliards d’euros restant sont dédiés à des investissements exceptionnels dans des secteurs clés : ce sont les stratégies nationales d’accélération pour l’innovation et l’industrialisation. "Lors de la révolution industrielle, l’État a accompagné l’industrie privée dans la transformation industrielle du pays (…) de la même manière, aujourd’hui, l’Etat appuie le monde de la recherche pour qu’elle participe avec un risque moins important à un changement de la société", analyse Bruno Bonnell.

On compte dans le programme une vingtaine de stratégies d’accélération : Décarbonation, intelligence artificielle, ville durable, produits biosourcés et carburants durables…. chacune d’elles "donne lieu à des actions concrètes qui sont déclinées à travers des appels à manifestation d’intérêt (AMI) ou des appels à projets (AAP)", précise le site d’écologie.gouv.fr. Le but de France 2030 étant de soutenir ces innovations à toutes les étapes, de la recherche à l’industrialisation.

2,5 milliards d'euros pour former aux métiers d'avenir

Le secrétariat général pour l’investissement insiste également sur l’importance donnée à la formation : "Notre objectif c’est de former probablement plusieurs centaines de milliers de personnes dans les dix années à venir à des métiers radicalement nouveaux", indique Bruno Bonnell.

Ainsi dans le cadre de France 2030, 2,5 milliards d’euros sont spécifiquement dédiés à la formation dans des métiers d’avenir : "On est conscient que si on n’a pas les femmes et les hommes pour accompagner cette transformation dans des métiers ou des qualifications qui évoluent, on ratera notre coup", ajoute-t-il.

Si on n’a pas les femmes et les hommes pour accompagner cette transformation dans des métiers ou des qualifications qui évoluent, on ratera notre coup. (B. Bonnell)

L’appel à manifestation d’intérêt (AMI) compétences et métiers d’avenir a donc pour objectif, dans un premier temps, de poser un diagnostic sur les formations existantes et celles qu’il faudrait développer. Puis, "il s’agira d’ accompagner et de soutenir la mise en place de ces formations innovantes", explique Claire Bordes, directrice adjointe du programme centres d'excellence au SGPI. La finalité, selon elle, est d’avoir un vivier déjà formé et constitué qui va du technicien supérieur jusqu’au doctorant et qui "s’adresse bien à l’ensemble des besoins de l’économie de demain".

Et pour s’assurer la viabilité des projets proposés, un jury indépendant mandaté par l’État et constitué de personnalités internationales et d’experts nationaux déterminera la faisabilité et la cohérence de chacun des projets. En effet, explique Claire Bordes, "on recherche une pérennisation des propositions, car, dans le volet formation on finance pendant les trois premières années, après il faut que ça puisse continuer sans le financement du PIA".

Mise en concurrence ou émulation ?

Pour Bruno Bonnell, ces appels à projets permettent une véritable réflexion de la part des universités et les poussent à "donner le meilleur d’elles-mêmes". Ainsi, plutôt que de parler de mise en concurrence des universités, il préfère parler "d’émulation". Pour Claire Bordes, il s’agit surtout de permettre aux universités de développer leur particularités au sein de leur territoire, en fonction de leur signature, de leur stratégie, de leur vivier d’étudiants.

Bruno Bonnell défend ainsi le développement des universités d’excellence "dont la taille et la puissance de compétition internationale vont nous amener plus de connaissance et de performance dans la formation. Vous parlez d’universités mastodontes, mais c’est en fait des universités à l’échelle de la concurrence internationale", déclare-t-il.

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