Plan d'investissement "France 2030" : l'avenir ne se fera pas sans les grandes écoles

Clément Rocher Publié le
Plan d'investissement "France 2030" : l'avenir ne se fera pas sans les grandes écoles
La CGE (Conférence des grandes écoles) souhaite peser dans la mise en place du plan d'investissement France 2030 présenté en octobre 2021. // ©  Romain GAILLARD/REA
Alors que le plan d'investissement "France 2030" a été dévoilé en octobre 2021, les grandes écoles ont échangé sur leur rôle à jouer pour s'inscrire dans la mise en œuvre de ce plan. Une chose est certaine : l'enseignement supérieur sera vu comme un axe stratégique et d’attractivité des territoires.

La CGE (Conférence des grandes écoles) souhaite peser dans la mise en place du plan d'investissement France 2030. Présenté par le président de la République, Emmanuel Macron, le 12 octobre 2021, ce plan, doté de 30 milliards d’euros déployés sur 5 ans, vise à développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. Dans ce cadre, la CGE émet plusieurs propositions.

"Ces questions de souveraineté industrielle et énergétique, de réindustrialisation, d’agriculture durable et d’économie sociale et solidaire sont importantes. Cette France de 2030 ne peut pas se faire sans les grandes écoles", rappelle Laurent Champaney, président de la Conférence des grandes écoles.

Pour sa part, la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a réaffirmé la place accordée aux grandes écoles dans la mise en place de cette stratégie nationale. "Cette capacité à nous projeter et à répondre aux grands défis de demain ne peut se faire sans les grandes écoles. Elles sont proches du monde de l’entreprise et nous devons savoir de quoi elles auront besoin dans cinq ou dix ans. Se projeter dans le monde de 2030 c’est aussi être capable d’imaginer."

L'apprentissage, un vecteur d'inclusion sociale

Laurent Champaney rappelle également le rôle joué par l’apprentissage. "C'est un modèle pédagogique intéressant et un moyen d’assurer la diversité dans nos écoles. Nous apprécions les efforts du ministère sur ce sujet car nous ne pouvons pas tout attendre des entreprises."

Le plan "France 2030" dispose d’une enveloppe de 2,5 milliards pour les nouvelles formations : 500 millions seront consacrés à l’enseignement supérieur et 2 milliards pour les métiers des secteurs ciblés par France Relance. "Il est important qu’on soutienne le développement de l’apprentissage. C’est un formidable moteur d’ascension sociale", enchérit Frédérique Vidal.

Renforcer la recherche partenariale

Le président de la Conférence des grandes écoles mise aussi sur le développement de la recherche partenariale pour accélérer le transfert de l’innovation. "Il faut former nos enseignants-chercheurs à valoriser la création de connaissances."

La ministre de l’Enseignement supérieur a apporté son soutien sur les enjeux de la recherche. "Le président de la République a rappelé que si nous voulons être capables de répondre aux défis de demain, il faut qu’on s’appuie sur la recherche."

Selon elle, la question du transfert est importante : "beaucoup de choses sont découvertes en France et en Europe mais nous ne sommes pas capables de les amener sur le marché. Il faut aussi former les talents qui vont porter ces innovations."

Faire travailler ensemble territoires, grandes écoles et entreprises

Mais, pour assurer le développement économique de la France, la CGE mise aussi sur les territoires. "Il faut se rappeler la structure économique de la France : nous avons beaucoup de PME-PMI dans nos territoires et l’innovation doit aller à la rencontre des petites entreprises. Nous allons lancer des pôles universitaires d’innovation afin que laboratoires et entreprises travaillent ensemble", annonce la ministre de l'Enseignement supérieur.

La réindustrialisation se retrouve d'ailleurs au cœur des enjeux des territoires et des grandes écoles. "L’enseignement supérieur représente notre avenir : c’est un élément d’attractivité de nos territoires. Nous sommes très en avance en matière de bioéconomie et biotechnologie et nous voulons devenir une référence en matière de transition carbone et écologique", explique Patricia Durin, vice-présidente du Grand Reims et déléguée à l’Enseignement supérieur et à la recherche.

Pour répondre aux ambitions du plan d'investissement "France 2030", les collectivités mettent tout en œuvre pour favoriser l'implantation de grandes écoles sur leur territoire et développer leur attractivité auprès des jeunes. "On constate un mouvement de fuite. Quand le jeune part se former, il a du mal à revenir dans le territoire. Nous avons fait le pari d'ouvrir des formations au cœur des territoires pour que les compétences deviennent un levier de développement économique et social", affirme Olivier Faron, administrateur général du Cnam.

La transition écologique au centre des enjeux

Les grandes écoles se proposent d'apporter leur pierre à l’édifice pour construire le monde de demain en intégrant dans leur réflexion stratégique la problématique environnementale. "Un certain nombre d’institutions se sont engagées dans cette direction depuis longtemps, explique Christophe Germain, directeur général d'Audencia business school. Tout s’est accéléré avec la crise. Nous avons notamment développé un partenariat avec The Shift Project pour revoir l’ensemble de nos maquettes et créer une école de la transition écologique."

La directrice de l'Ecole Centrale de Marseille, Carole Deumié, explique que son établissement s'est lancé dans une démarche pour répondre aux enjeux de la transition écologique. "On est conscient que le monde évolue. Cela nécessite une approche pluridisciplinaire et systémique : le sujet de la transition n’est pas mono-disciplinaire. Il faut développer l’esprit d’innovation, le sens des responsabilités et l’ouverture au monde et aux autres."

L’école d’ingénieurs marseillaise montre beaucoup d’attention à la mise en place d’une démarche-compétences. "Il s’agit de bousculer les modèles de formations et de sortir des modes d’enseignement classiques. On a généré des espaces qui permettent de confronter les disciplines. Nous développons l’apprentissage de soft skills sans réduire la part de sciences. Nous sommes attachés à ce que nos étudiants acquièrent une base de savoir solide."

Caroline Renoux, fondatrice et CEO de Birdeo, évoque une pénurie de compétences aujourd’hui sur ces enjeux environnementaux. "Aujourd’hui un jeune diplômé qui sort d’une école et qui n’a pas la capacité de prendre en compte les enjeux de la transition c’est l’emmener au casse-pipe. Il y a aussi une vraie prise de conscience des entreprises. Aujourd’hui il faut être capable de démontrer ce qu’on fait."

De ce fait, les directeurs d'établissements attendent beaucoup du plan d’investissement. "Nous avons besoin d’investir beaucoup plus pour transformer notre système. Nous formons les jeunes de demain et pour cela nous avons besoin de nous transformer en profondeur", explique Carole Deumié.

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