Jacques Fontanille (président de l'université de Limoges) : « L'obtention d'un label a un véritable effet de levier sur la stratégie de recherche »

Propos recueillis par Philippine Arnal Publié le
Jacques Fontanille (président de l'université de Limoges) : « L'obtention d'un label a un véritable effet de levier sur la stratégie de recherche »
Jacques Fontanille // © 
Alors que le nouveau contrat d'objectifs quadriennal sur l'enseignement supérieur et la recherche a été signé avec la région Limousin, le président de l'université de Limoges, Jacques Fontanille, explique comment il a structuré la recherche et gagné la confiance des élus.

Quelles ont été les étapes pour passer de 12 à 4 instituts de recherche ?
Au début des années 90, je me suis aperçu que beaucoup réduisaient Limoges aux domaines de la céramique et de l'électronique. J'étais alors président du conseil scientifique. Notre université est pluridisciplinaire et, si nous ne faisions rien, quelques secteurs – les plus porteurs d'innovations technologiques – allaient se développer et les autres resteraient en friche. Or, cette évolution n'était pas justifiée sur le long terme.

Le passage de 12 à 8 instituts, puis de 8 à 6 a été très rapide. En deux ans, dès 1995, nous avons regroupé les différentes équipes de recherche par affinités entre chercheurs. Cela s'est fait naturellement, sans plan d'ensemble tout d'abord, puis en suivant des axes stratégiques communs. Jusqu'à ce que la situation se fige : des résistances humaines ont émergé car nous étions arrivés aux frontières des UFR. Il aura fallu deux contrats d'objectifs avec la région pour passer de 6 à 4 instituts et parvenir à mettre en collaboration les différentes unités.

Quelles ont été les solutions pour inciter au regroupement ?
Nous avons trouvé des axes de recherche communs aux équipes, chaque institut devant être porteur d'une politique spécifique. Les deux instituts spécialisés en matériaux et en électronique se sont formés rapidement et d'autant plus facilement qu'ils se sont retrouvés au cœur et à la tête de deux pôles de compétitivité régionaux. Concernant les neuf équipes de la partie SHS [sciences humaines et sociales], elles ont fini par se rassembler autour d'axes scientifiques, dans l'objectif d'obtenir le label « Maison des sciences de l'homme » et sur un seul site. Quant à la partie santé, biologie et environnement, le consensus a été plus difficile à trouver.

J'ai souhaité que le directeur de l'institut fédératif correspondant soit l'un de mes vice-présidents, et nous avons travaillé à nouer des liens avec le CHU, qui désormais participe à nos réflexions. C'est une réussite puisque cet institut a obtenu trois labels INSERM et est en passe d'être labellisé par le CNRS. Pour les équipes de recherche, l'obtention d'un label a un véritable effet de levier.

Quelles conséquences ces rassemblements ont-ils eu pour l'université ?
Cette démarche est très appréciée par le ministère. Je pense que, sans cela, les financements ne seraient pas ce qu'ils sont. Côté région, c'était la condition pour obtenir son soutien financier. En prime, nous avons gagné la confiance des élus dans la durée, car, pour le nouveau contrat d'objectifs, la région a décidé de verser une enveloppe globale à chaque institut qui décide de sa répartition.

Aujourd'hui, il y a encore trop d'équipes scientifiques en SHS et en santé et une trop grande disparité dans les thématiques traitées. À présent, nous devons faire des choix qui seront déterminés en partie selon les priorités définies dans le plan régional de développement de la formation.

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Propos recueillis par Philippine Arnal | Publié le