S. Tran (Audencia) : "Les équipes veulent avancer, avec un nouveau projet"

Agnès Millet Publié le
S. Tran (Audencia) : "Les équipes veulent avancer, avec un nouveau projet"
Sébastien Tran, nouveau directeur d'Audencia, répond aux questions d'EducPros. // ©  Audencia
Après une année compliquée, Audencia accueille un nouveau directeur. Sébastien Tran nous explique la situation de l'école de management nantaise et propose des pistes pour la suite : une posture plus "réflexive", s'appuyant sur les fondamentaux et une clarification de l'offre.
Sébastien Tran, directeur d'Audencia
Sébastien Tran, directeur d'Audencia © Photo fournie par le témoin

En 2023, Audencia, l'école nantaise de commerce a connu une période difficile, après plusieurs articles de Médiacités, faisant état d'un management à revoir et de difficultés stratégiques. En juin 2023, Christophe Germain, directeur général, décide de laisser la main.

C'est en janvier 2024 qu'est arrivé un nouveau directeur. Sébastien Tran connaît bien le monde des écoles de management, puisqu'il a exercé des responsabilité à Excelia, l'EM Normandie, l'ISC avant d'être directeur de l'EMLV. Il nous livre son analyse et ses pistes de travail.

Vous êtes arrivé à la tête d'Audencia en janvier. Quelle école avez-vous trouvée ? Où en étaient les projets du plan Ecos 2021-2025 ?

C'est une école avec des fondamentaux solides. Audencia est résiliente : malgré une année difficile, les projets se sont poursuivis et l'école est restée en bonne position dans les classements.

Le plan stratégique touche à sa fin, avec de nombreuses actions menées. Nous avons ouvert un campus au Brésil et étoffé notre offre de parcours, notamment internationaux.

Malgré une année difficile, les projets se sont poursuivis et l'école est restée en bonne position dans les classements.

Nous avons également lancé Gaia, notre école des transitions écologiques et sociales – sujets sur lesquels nous sommes pionniers. Avec cet outil, nous proposons des cours pour notre programme Grande école (PGE) et pour nos autres cursus ainsi que des formations pour les entreprises.

Enfin, nous nous sommes implantés à Saint-Ouen à la rentrée 2023. Ce campus est le dernier gros chantier à finaliser. Nous voulons y proposer plusieurs programmes : bachelors, PGE, alternance… Nous allons aussi y lancer huit à dix MSc à la rentrée, y développer notre offre d'executive education et notre pôle entrepreneur. Paris est un relai de croissance pour nous, il permet de s'adresser à d'autres publics. Et toutes les écoles du top 10 s'y sont installées.

En avril, Laurent Métral, président du conseil d'administration de l'école, nous présentait les trois options sur la table : rester locataire du campus actuel, devenir propriétaire du projet Bauer box comme prévu ou devenir locataire de ce site. Où en êtes-vous ?

Le contexte a évolué : le marché immobilier s'est transformé, avec beaucoup d'espaces disponibles en Ile-de France. Selon nos simulations économiques, la location longue durée est la meilleure option.

Aujourd'hui, nous sommes dans des locaux temporaires et nous examinons deux options. L'option prioritaire est de rester sur notre site actuel, en réaménageant le bâtiment. Car notre but est d'avoir 6.000m² pour accueillir les 2.400 étudiants de tous nos programmes sur un seul site, pour favoriser une vie de campus.

Ce projet ne suscite-t-il pas une crainte de diluer l'identité nantaise de l'école ?

Pour moi, ce n'est pas un sujet : ce n'est pas Nantes contre Paris. Nous avons aussi des campus en Chine et au Brésil... Là est l'enjeu :  travailler notre dimension multicampus, en général.

Avant votre arrivée, l'école a été traversée par une crise. Ne vouliez-vous pas revoir l'application du plan Ecos 2025 ?

L'idée est d'aller au bout du plan Ecos 2025, qui s'achève à la fin de l'année, avec le défi de terminer notre implantation à Paris.

Alors oui, 2023 a été une année difficile. Le plan Ecos était très ambitieux avec ses quatre axes, déclinés en 60 projets sur cinq ans. Il s'agit d'une crise de croissance. Car d'un autre côté, on peut également dire que ce plan a permis à l'école de rester dans le top 8.

Mais nous avons une marge de progression sur l'organisation. Il y a eu des tensions sur les ressources internes car les équipes travaillaient sur de nombreux projets de fond, en simultané.

Il y a eu des tensions sur les ressources internes car les équipes travaillaient sur de nombreux projets de fond, en simultané.

Nous devons être davantage en mode projet, avec des indicateurs plus fins pour hiérarchiser les priorités et piloter l'ensemble. Il faut faire davantage de retours d'expérience. Nous avons déjà arrêté certains projets comme les Token for good ou le déploiement de la 5G privée sur nos campus.

Ensuite, il faudra faire le bilan d'Ecos pour penser la suite. Je voudrais réfléchir à la méthodologie pour construire le prochain plan. En sollicitant toujours les parties prenantes, mais différemment. Nous pourrions conserver quatre ou cinq axes, mais les décliner avec moins de projets. Il faut quelque chose de mesuré. L'objectif est d'aboutir pour la fin 2025.

L'objectif était de passer de 5.000 à 10.000 élèves en 2025. Vous accueillez cette année 7.200 étudiants. Atteindrez-vous votre objectif ?

A priori, nous serons à 8.000 ou 8.500 élèves. Notre objectif n'est pas de faire de la croissance pour faire de la croissance.

Un audit avait été remis, appelant à des améliorations managériales sur les difficultés de statut, de féminisation, de "baronnies". Comment vous êtes-vous emparé de ce rapport ?

Dès juillet, un directeur général adjoint [Christophe Collignon] a été nommé pour travailler sur ces questions. Pour ma part, j'ai lu tous ces rapports et je le redis : il faut mieux piloter les outils, les processus mais aussi la formation des managers. Nous déployons ces actions.

Je ne dirais pas que tout est simple à Audencia. Mais les équipes veulent avancer, avec un nouveau projet et une nouvelle direction, qui n'est pas incarnée que par le directeur général. Une partie de l'équipe de direction est nouvelle, avec l'arrivée d'une directrice finances et opérations et d'un directeur des partenariats entreprises et mécénat. Cela contribue à tourner la page.

Les équipes veulent avancer, avec un nouveau projet et une nouvelle direction, qui n'est pas incarnée que par le directeur général

Par ailleurs, cette période nous a mis dans une posture plus réflexive. Car cette crise est liée au marché très concurrentiel des écoles de commerce. En interne, les directions de l'école ont eu une prise de conscience et ont envie de travailler différemment.

Comment l'école souhaite travailler ?

Par exemple, l’école a de solides fondamentaux académiques, qui sont très peu mis en avant. Il faut peut-être le prioriser. Par exemple, nous avons organisé une première journée portes ouvertes multiprogrammes sur notre campus principal. Résultat : plus de 1.300 visiteurs !

Il y aussi eu une refonte notre site internet… Nous voulons travailler sur notre plateforme de marque et le positionnement de nos programmes. Pour moi, Audencia doit être une école, avec une offre multiple, en formation initiale et en executive education…

Repositionner SciencesCom

Une autre de mes préoccupations est de repositionner SciencesCom, notre école de communication et des médias, accessible à bac+2, qui est un peu noyée dans l'offre d'Audencia.

Or, elle fait face à une concurrence multipliée par quatre ou cinq, avec l'arrivée d'écoles post-bac sur ce segment. Nous réfléchissons à revoir la maquette et à la passer en post-bac. Il faut noter que c'est l'une des seules écoles de communication qui propose un bac+5 visé.

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