Victor Gomez Friaz (Ecole des ponts) : «L’évidence du bénéfice des stages mérite d’être mise en question.»

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier Publié le
Victor Gomez Friaz (Ecole des ponts) : «L’évidence du bénéfice des stages mérite d’être mise en question.»
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Plus de 300 enseignants-chercheurs, dont une soixantaine d’étrangers, sont attendus lundi 21 et mardi 22 juin au colloque sur les stages dans les formations d’ingénieurs organisé par l’Ecole des ponts ParisTech, à Marne-la-Vallée. Cette manifestation prend la suite du colloque international sur la « gouvernance des stages » préparé par l’université Paris-Est les 17 et 18 juin 2010. Deux manifestations qui préfigurent la constitution d’un réseau de recherche international sur les stages en entreprise. Victor Gomez Friaz, directeur adjoint de l’enseignement à l’Ecole des ponts, fait le point sur ces initiatives et leurs enjeux.

Pourquoi faire des stages dans les formations d’ingénieurs un sujet de colloque ?
La France est pionnière sur la question des stages et la place qu’elle leur accorde dans la formation d’ingénieurs. Beaucoup de pays ont envie d’ajouter des stages dans leur cursus. En Italie ou en Espagne, par exemple, ces expériences n’existent quasiment pas. Malgré tout, il faut se poser la question de l’efficacité pédagogique de ces séjours en entreprises. L’évidence de leur bénéfice mérite d’être mise en question. Le suivi pédagogique des stages doit être amélioré d’une manière générale et la coordination entre l’entreprise et l’école doit faire l’objet d’une attention particulière. Ces expériences doivent servir l’insertion professionnelle des étudiants mais aussi leur orientation.

Les formations d’ingénieurs françaises ont-elles été trop loin dans la place qu’elles ont accordée à ces expériences en entreprise ?
Ce n’est pas qu’une question de quantité mais aussi de qualité. Il faut trouver le juste équilibre entre cours et stages. Je ne suis pas favorable, par exemple, au fait de délivrer des ECTS pour une année de césure. Cela pourrait conduire à une dévalorisation du diplôme français d’ingénieur qui serait alors considéré comme pas assez académique.

Une trentaine de communications vont être présentées tout au long de ces deux jours. Quelles sont les expériences qui vous ont le plus marqué ?
Je suis impressionné par la formalisation pédagogique autour des compétences au Canada et en Belgique. Ils ont mis au point de véritables référentiels, à la fois nuancés et précis, qui mettent en avant les compétences concrètes apprises lors des stages mais aussi la manière de  les repérer. Ils sont à la fois très en pointe sur la préparation en amont des étudiants et sur l’observation des stages dans les entreprises.

Ce colloque lance un réseau international de recherche sur les stages. Quels seront ses objectifs ?
Nous souhaitons inscrire dans la durée un travail d’observation et de réflexion autour des stages. Baptisé RESTAG (Réseau d’étude des stages et de leur gouvernance) en français et RENIG (Research network on internships and their governance) en anglais, ce réseau d’enseignants-chercheurs fédère une trentaine de membres fondateurs de différents pays européens (France, Belgique, Canada, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni, Italie…). L’objectif est d’associer des chercheurs de différentes disciplines (juristes, sociologues, économistes, chercheurs en sciences de l’éducation…), des praticiens des stages et des acteurs sociaux. Trois axes de travail ont été fixés : le partage d’expériences à travers un observatoire, le suivi et le recensement des études sur le sujet et la mutualisation des terrains d’enquête. Une journée d’échanges est d’ores et déjà prévue le lundi 20 juin 2011 à Créteil.

 Les actes du colloque "Les stages dans les formations d'ingénieurs : quelle efficacité pédagogique ?"

Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier | Publié le