L’impensable : des enseignants à nouveau victimes d’une attaque à Arras

Ariane Despierres-Féry Publié le
L’impensable : des enseignants à nouveau victimes d’une attaque à Arras
Le lycée Gambetta d'Arras, théâtre d'un nouvel attentat contre un enseignant. // ©  Ludovic MARIN/POOL-REA
EDITO. L’horreur, à nouveau. Comment imaginer que trois ans presque jour pour jour après l’assassinat du professeur d’histoire Samuel Paty, un enseignant serait à nouveau assassiné ?

Ce vendredi 13 octobre à Arras, Dominique Bernard, un enseignant de lettres a perdu la vie, tandis qu’un autre professeur d’EPS et le proviseur adjoint de la cité scolaire Gambetta-Carnot d’Arras (Pas-de-Calais) ont été grièvement blessés lors d’une attaque au couteau.  

Samuel Paty, Agnès Lassalle, Dominique Bernard, l’effroyable liste continue de s’allonger

Le choc, l’effroi, l’inacceptable pour la communauté éducative, mais aussi pour toute la France. Difficile en ce 13 octobre 2023 de ne pas faire le lien avec la commémoration de l’assassinat de Samuel Paty mais aussi la situation de crise au Moyen-Orient et le flot de haine qui se déverse depuis une semaine sur les réseaux sociaux. Difficile aussi de ne pas penser à Agnès Lassalle, professeure d’espagnol assassinée elle aussi sur son lieu de travail, dans sa classe, en février dernier.

Le courage des enseignants et du proviseur adjoint du lycée Gambetta pour arrêter l’assaillant et protéger les élèves doit être souligné. Il est le symbole du sens du devoir, de la mission de service public, de l’engagement infaillible des personnels de l’éducation Nationale au côté de nos enfants, de notre jeunesse. 

Défendre notre bien le plus précieux

Car au travers de cet attentat, ce sont bien les professeurs, l’éducation, la connaissance, et au-delà la démocratie qui sont attaqués. Tous les jours, la communauté éducative forme, éveille, enrichit, inspire nos enfants. Leur offrant ce qu’il y a de plus précieux : le pouvoir de réfléchir, de comprendre, d’apprendre, de forger son esprit critique, de devenir. 

Ce drame doit retentir comme une nouvelle alarme face à la solitude et la vulnérabilité de nos professeurs. Ne les abandonnons pas !  

L’école n’est plus un sanctuaire

L’éducation nationale, ce joyau de la République française est à nouveau mis à mal. Il faut plus que jamais la protéger, protéger l’école, ce lieu du savoir, de la transmission, de l’apprentissage et de l’avenir. Protéger ces serviteurs de la République. 

Protéger les enseignants, écrire cette phrase est un non-sens tant il semble inconcevable que ces membres indispensables de notre société puissent être les cibles répétées d’attaques mortelles.  

Sécuriser et soigner l’école

Il faudra pourtant se pencher sérieusement et très rapidement sur la question car la répétition des attaques change la donne. Alors même que le plan Vigipirate est encore en place dans les établissements scolaires, que faire de plus ? Les PPMS (Plans particuliers de mise en sécurité) ne seront certes pas suffisants, mais ils auront permis aujourd’hui à Arras de mettre à l’abri les élèves, tandis que trois adultes essayaient de faire reculer l’assaillant. 

Autre sujet à traiter aussi rapidement que profondément : quelle sera l’ampleur du traumatisme chez les enseignants comme les élèves, face à la répétition de l’innommable ? Quelle prise en charge immédiate et sur le moyen terme ?  

Et surtout, quelles actions pour permettre la résilience et la reconstruction de notre école ? Si le consensus ne peut que se faire autour de l'appel d'Emmanuel Macron à "ne pas céder à la terreur", il semble impératif de mettre en œuvre rapidement des actions pour permettre la résilience et la reconstruction de notre école. 

Ariane Despierres-Féry | Publié le