Les Écoles centrales à la conquête d’un nouveau continent

Céline Authemayou Publié le
Les Écoles centrales à la conquête d’un nouveau continent
Mahindra École centrale, implantée en Inde, a ouvert ses portes à la rentrée 2014. // ©  Delphine Dauvergne
Lors d’une assemblée générale organisée le 6 novembre 2015, le groupe des Écoles centrales a fait évoluer ses statuts, pour mieux structurer le développement de la marque "centrale". En ligne de mire, l’international et l’ouverture possible d’une nouvelle école au Brésil, à l’horizon 2017.

En revoyant ses statuts, le groupe des Écoles centrales se met "en ordre de marche" pour conquérir le marché mondial de l'éducation. Créée en 2006, l'association qui regroupe les cinq établissements de la marque (CentraleSupélec, Lille, Marseille, Lyon, Nantes) vient de se doter d'une gouvernance plus resserrée – de 45 à 21 membres – et pourra désormais compter sur les services d'un délégué général.

Gérard Creuzet,
jusqu'à présent à la tête du réseau international des Centrales, aura pour mission d'impulser les projets en cours et d'assurer leur concrétisation. "Ces changements ont pour but de nous rendre plus réactifs", note Franck Debouck, vice-président du groupe et directeur de Centrale Lyon.

Investir l'international d'une seule et même voix

Outre ces changements de gouvernance, les cinq directeurs ont officialisé la mise en place d'un pilotage commun pour les projets internationaux. Si Centrale Pékin, Mahindra École centrale (Inde) ou Centrale Casablanca (Maroc) avaient été principalement portés par Centrale Paris, les nouvelles créations d'écoles le seront désormais par le groupe. Premier établissement à bénéficier de ce nouvel appui : celui développé par Centrale Nantes à l'île Maurice deviendra ainsi "Mauritius école centrale" à l'horizon 2016. Le cahier des charges du projet devra être validé par le groupe.

Après l'Asie et l'Inde, le groupe entend s'attaquer à un nouveau continent : l'Amérique latine. En septembre 2015, les Centrales ont signé une lettre d'intention avec l'université brésilienne de Sao Paulo. Une étude de faisabilité est en cours et se clôturera en mars 2016. Elle permettra aux directions des écoles de se prononcer en faveur ou non de l'ouverture d'une Centrale brésilienne en 2017.

"Si nous allons au bout de ces projets, le groupe aura créé quatre écoles en quatre ans, constate Frédéric Fotiadu, directeur de Centrale Marseille. Le but est clair, nous voulons constituer un groupe de référence mondiale en matière de formation ingénieurs."

Si nous allons au bout de ces projets, le groupe aura créé quatre écoles en quatre ans.
(F. Fotiadu)

CAP sur Les écoles de spécialité

En plus de cette stratégie internationale, les écoles poursuivent leur développement en France. Des diplômes communs devraient être conçus (masters internationaux notamment) et la mutation des pédagogies numériques accélérée, pour permettre aux établissements, qu'ils soient sur le territoire métropolitain ou à l'étranger, d'échanger et de proposer des formations en réseau.

Autre dossier sur la table, celui des écoles de spécialités. Première Centrale à se lancer sur cette voie, l'école lyonnaise s'est associée en juillet 2015 à l'ENI Saint-Étienne. Cette dernière proposera des diplômes d'ingénieurs de spécialité ainsi que des diplômes intermédiaires, de niveau bac + 3.

Si d'autres Centrales réfléchissent à ce modèle, c'est à Lille qu'il semble être le plus débattu. "Cette notion de spécialité est présente chez nous depuis de nombreuses années, avec nos diplômes Iteem et IG2I, rappelle Emmanuel Duflos, directeur de l'école d'ingénieurs lilloise. Mais il est vrai qu'avec le rapprochement prévu avec l'Ensait et Chimie Lille, la question d'une école de spécialité pourrait se poser de façon pertinente. Mais à l'heure actuelle, les discussions et les réflexions doivent se poursuivre." La nouvelle école d'ingénieurs, née de ce mariage, devrait naître en 2018.

Centrale sur la voie des bachelors ingénieurs
Elles ne font pas exception à la règle : les écoles centrales réfléchissent elles aussi à la création de diplômes en ingénierie intermédiaires, de niveau bac + 3.

Alors que la CGE et la Cdefi continuent de plancher sur le sujet à travers des groupes de travail commun, Centrale Nantes devrait annoncer prochainement la création d'un Bachelor en ingénierie.

"En France, nous avons besoin d'un diplôme d'ingénieur intermédiaire, à la fois technique mais généraliste, expliquait Arnaud Poitou à EducPros en septembre 2015.  Il me semble important d'apprendre des écoles de commerce, qui proposent à la fois un cursus grande école et un autre, de type Bachelor. Le but n'est pas de présenter un diplôme phare et un de moindre qualité, mais au contraire deux produits différents, très qualitatifs."

Si la création d'un tel cursus fait consensus, restent plusieurs questions fondamentales à régler, notamment le public visé par ses formations. Certains acteurs veulent viser les bac professionnels, d'autres sont plus dubitatifs.

"Les représentants industriels sont moins catégoriques sur ce point", constate Pierre Koch, directeur de l'université technologique de Troyes et interlocuteur du Syntec au sein du groupe de travail mis en place par la CGE et la Cdefi. "Ils ont besoin de jeunes professionnels de niveau bac pro. Leur crainte est que cette population poursuivre encore plus qu'aujourd'hui leurs études."
Céline Authemayou | Publié le