Témoignage

Les étudiants se préparent à passer leurs partiels confinés

Par Pauline Bluteau, publié le 27 avril 2020
Durée de lecture : 
7 min

À l’annonce de la fermeture des universités, l’Etudiant avait demandé à cinq étudiants de raconter leurs premiers jours de confinement. Six semaines plus tard, la crise sanitaire est toujours d’actualité. Cassandre, les Bastien, Leïla et Lucien doivent maintenant préparer leurs partiels de fin d’année à distance.

Jeux vidéo, sport, confection de brioche, temps passé en famille… Depuis six semaines, les étudiants essaient de s’occuper comme ils peuvent. Chacun a trouvé son rythme et s’organise à sa manière pour suivre les cours à distance. "J’ai acheté une imprimante et ça m’a changé la vie", s’exclame Cassandre, en master 1 droit du numérique à l’université de Caen (14). Si certains ont eu l’impression d’être en vacances au début du confinement, tous se sont vite remis au travail pour finir l’année du mieux possible et mettre toutes les chances de leur côté pour la rentrée prochaine.

Fini les vacances, place aux révisions

Depuis début avril, les déclarations du ministère de l’Enseignement supérieur se sont succédé annonçant la fermeture des établissements jusqu’à la rentrée prochaine et donnant des précisions sur l’organisation des examens de fin d’année. Des éléments qui ont su rassurer les étudiants. "C’était très long, on ne savait pas où on allait, pourquoi on travaillait, personne ne donnait d’informations, explique Lucien en deuxième année de prépa PT (physique-technologie) à Vannes (56). Là, on a pu se remettre au travail sereinement." L’étudiant doit passer son concours pour entrer en école d’ingénieurs la dernière semaine de juin, en présentiel.

À l’inverse, Bastien, Cassandre et Leïla préparent leurs partiels de mai à distance. "Personnellement, confinement ou non, ça ne me change pas vraiment de d’habitude : je reste chez moi et je révise toute la journée", assure Cassandre. De son côté, Leïla, en deuxième année de licence de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) à l’UPEM (université Paris-Est-Marne-la-Vallée), a confectionné un planning de révisions avec ses copines : "C’est important de s’astreindre à un calendrier. À plusieurs, on peut s’aider sur des notions qu’on n’a pas comprises, donc on se met en visio et on révise ensemble." Mais pour Bastien, en première année de licence LEA (langues étrangères appliquées) à l’université de Rouen (76), l’organisation est plus difficile à trouver. L’étudiant avoue être "perdu" et ne s’estime pas correctement guidé dans ses révisions. "On est dans le flou, donc j’ai du mal à savoir sur quoi je dois travailler."

Des partiels adaptés en raison de la crise sanitaire

Et pour cause, les informations arrivent au compte-gouttes. Car les modalités d’évaluation ont souvent été réinventées, crise sanitaire oblige. C’est le cas pour l'autre Bastien, en troisième année de licence de géographie et aménagement à l’université de Saint-Etienne (42). L’étudiant doit rendre toutes les semaines plusieurs rapports qui remplacent sa semaine initiale d’examens de fin d’année. "Cela demande un travail plus soutenu que d’habitude puisqu’il faut faire des recherches en plus des cours, mais je préfère ce rythme car on est libre de s’organiser comme on le souhaite."

Leïla, de son côté, devra se connecter à une plateforme en ligne pour répondre à des QCM ou faire une rédaction dans un temps imparti. "Les profs nous ont dit qu’ils seraient plus exigeants et qu’ils mettraient des sujets plus difficiles parce qu’ils ont peur qu’on triche, et c’est légitime, mais pour nous, le côté anxiogène est amplifié…" Côté pratique, toutes les notes obtenues dans l’année seront prises en compte pour l’évaluation finale. "Pour certains sports comme l’athlétisme, on aura tous 10/20 parce qu’on n’a pas pu être évalués."

Des examens plus stressants que d’habitude ?

Pour Bastien, l’étudiant en LEA, la triche apparaît presque comme inévitable. Grâce à ses cours ou à ses camarades, il estime qu’il ne sera pas difficile de s’en sortir. "Ce qui m’inquiète, c’est plutôt de savoir si on devra être présent à une heure précise, comment on va faire si on n’a pas le matériel ou si la connexion Internet est mauvaise ?"

L’université de Caen semble justement avoir trouvé la solution : Cassandre a déjà deux oraux et devra répondre à l’écrit à des sujets très transversaux. "Je ne vois pas comment on peut tricher. En deux heures, on n’aura pas le temps d’aller chercher dans nos cours de début d’année, explique l’étudiante en droit. En revanche, les oraux me stressent un peu parce qu’on n’aura pas de temps de préparation."

Quant à Lucien, difficile de savoir si les nouvelles modalités du concours qu’il prépare depuis deux ans seront à son avantage ou non.

Pendant les vacances scolaires, l’étudiant en prépa a conservé un rythme de travail régulier avec des camarades de classe. Les professeurs leur laissent aussi plus de temps pour se préparer en autonomie.Une nécessité selon lui : "C’est parfois difficile de rester concentré quand on a des frères et sœurs qui profitent pleinement de leurs vacances…" En juin, l’étudiant passera uniquement des épreuves écrites. "J’essaie de le prendre ça comme une chance. Je me dis qu’on a plus de temps pour réviser au moins. Mais c’est dommage de ne pas pouvoir s’exprimer à l’oral, j’aurais peut-être pu gagner des points", explique-t-il.

Quoi qu’il en soit, pour tous les étudiants, déconfinement ou non, la fin de l’année universitaire approche à toute allure, pour leur plus grand plaisir.