Faire de l'IP Paris "une institution de sciences et de technologie de niveau mondial", le défi de T. Coulhon

Clément Rocher Publié le
Faire de l'IP Paris "une institution de sciences et de technologie de niveau mondial", le défi de T. Coulhon
L'IP Paris rassemble cinq écoles d’ingénieurs : l'École polytechnique, ENSAE Paris, ENSTA Paris, Télécom Paris et Télécom SudParis. // ©  Romain GAILLARD/REA
Favorable à plus de coopération entre les écoles de l'Institut polytechnique de Paris, Thierry Coulhon, son président par intérim, est chargé de mettre en place une nouvelle organisation "plus intégrée". La prochaine arrivée de l’École nationale des Ponts et Chaussées pourrait renforcer l'EPE, presque cinq ans après sa création.

"Mon seul travail, c’est d’animer le collectif, faire vivre la formation, la recherche, l’innovation", assure Thierry Coulhon, président par intérim du conseil d’administration de l’IP Paris (Institut polytechnique de Paris), depuis septembre 2023.

Le 30 janvier dernier, l’ancien président du Hcéres a dressé un point d’étape sur l'orientation qu’il souhaite donner à l’institut. L'EPE (établissement public expérimental) d’envergure qui rassemble cinq écoles d’ingénieurs - l'École polytechnique, ENSAE Paris, ENSTA Paris, Télécom Paris et Télécom SudParis - est aujourd'hui dans une phase d'organisation transitoire.

Suivant la lettre de mission que lui a adressée Élisabeth Borne, alors Première ministre, en novembre 2023, Thierry Coulhon doit mettre en place "une nouvelle configuration d'IP Paris" au premier trimestre 2024. Presque cinq ans après son lancement, c'est une "nouvelle étape" qui verra l'IP Paris "passer de l'état d’établissement d’animation et de coopération" à celui d'un établissement "plus intégré".

Une gouvernance distincte de Polytechnique

La gouvernance de l’établissement évolue. Suivant la lettre de mission, ce changement est nécessaire pour la nouvelle étape. "L'IP Paris doit disposer d'une organisation dédiée, sans affaiblir le lien stratégique avec l’École polytechnique."

Alors que son prédécesseur Eric Labaye occupait la fonction de président de l'IP Paris et de directeur général de l’École polytechnique, Thierry Coulhon occupera uniquement la fonction de président exécutif à l'IP Paris. De plus, une même personne assurera une présidence non exécutive des conseils d'administration de l’École polytechnique et d’IP Paris.

"C’est souvent le modèle international. La présidence exécutive est là pour s’assurer des grandes orientations." Après la période transitoire, Thierry Coulhon, prendra ainsi la direction exécutive de l’IP Paris, pour en faire "une institution de sciences et de technologie de niveau mondial" sur le plan de la formation, de la recherche et l’innovation.

Pas de fusion des écoles membres de l'IP Paris

Thierry Coulhon écarte tout projet de fusion entre les cinq écoles membres de l’établissement. "Il est important d’avoir des structures internes. Il faut s’appuyer sur leur force pour construire un ensemble plus efficace. Cela réaffirme une ambition extrêmement forte : si l’IP Paris va à l’international sans les écoles, ce serait une coquille vide."

Une force du collectif qui permettrait, selon lui, de se positionner sur deux axes stratégiques : l’attractivité internationale et les recompositions scientifiques des écoles. "On parle de capacité à recruter des chercheurs sur des thèmes nouveaux. Il faut avoir une force de frappe sur l’IA." Déjà bien engagée sur ce domaine d'excellence, la Graduate School de l’IP Paris centralise les programmes de master, les doctorats et les PhD tracks.

L'intégration des Ponts et Chaussées en bonne voie

Le paysage universitaire du plateau de Saclay va prochainement connaître quelques bouleversements avec l'intégration de l’École nationale des Ponts et Chaussées comme école membre d'IP Paris. "Un des chantiers, c’est d’assurer la bonne intégration des Ponts et Chaussées, confirme Thierry Coulhon. Si l’IP Paris veut aller du côté du développement durable, cette école d’ingénieurs est un apport important."

Si la date de l’intégration de l’école de l'Est parisien n’est pas encore déterminée, quelques points sont encore à l’ordre du jour, notamment sur la relation qu’entretiennent les Ponts avec l’université Gustave Eiffel. "Le rattachement des Ponts, ce sera à l’IP Paris. Mais on peut avoir des liens construits avec d’autres institutions, nuance-t-il. On est en train de discuter sur les écoles doctorales, les équipes de recherche, pour voir les ajustements à faire."

D'autres chantiers doivent être lancés pour fixer le nouveau fonctionnement et les nouveaux périmètres de l'institut. La lettre de mission de novembre 2023 prévoit la publication des nouveaux décrets statutaires pour avril 2024.

Développer les CPES et ne pas exclure la mise en place de quotas de filles

Parmi les défis, l’IP Paris cherche à développer son ouverture sociale, notamment avec le lancement du Centre égalité des chances, en juin 2023. "Nous allons faire un état des lieux complet de la situation. Nous allons monter en puissance sur les actions de diffusion et de mentorat. Il nous parait important d’évaluer l’impact des politiques mises en œuvre, regarder les modes de recrutement", explique Thierry Coulhon.

Le président par intérim pointe notamment le développement de filières qui permettrait de diversifier les voies de recrutement, comme les CPES (cycles pluridisciplinaires d’études supérieures), des parcours susceptibles d’attirer davantage de filles et de boursiers. En janvier 2023, l’IP Paris avait conclu un partenariat avec l’académie de Versailles, l’université Paris-Saclay, l’École normale supérieure Paris-Saclay et HEC Paris pour l’ouverture d'un CPES sciences des données, santé et société.

Par ailleurs, la féminisation des écoles demeure un sujet d’importance. "En matière de féminisation, à l’École polytechnique, la proportion est encore trop basse, réagit Thierry Coulhon, qui n'exclut pas l'idée d'avoir un quota de jeunes femmes. Je pense qu’il faut se fixer un but et s’acharner à améliorer la situation. La diversification des recrutements est une des voies."

Clément Rocher | Publié le