Grade de licence : les bac + 3 en quête de reconnaissance

Sarah Masson Publié le
Grade de licence : les bac + 3 en quête de reconnaissance
Les étudiants inscrits en premier cycle à l'université Paris-Dauphine obtiendront désormais un diplôme d’établissement pour l’ensemble du cursus. // © 
Paris Sciences et Lettres et l’université Paris-Dauphine viennent d’obtenir le grade de licence pour leurs diplômes de premier cycle. Dans un contexte de reconfiguration des formations à bac + 3, un mouvement vers plus de reconnaissance s'engage.

À l’université, la réforme de la licence a en partie redéfini le cadre de ce diplôme. Les autres établissements s’intéressent désormais au grade de licence. Le grade, c’est d’abord la reconnaissance officielle de l’État, pour un bac + 3 qui n’a pas valeur de diplôme national.

Il concerne donc potentiellement tous les diplômes de premier cycle, hors universités, qui souhaitent s’inscrire dans le schéma LMD. Tout récemment,  le Cypes (Cycle pluridisciplinaire d’études supérieures) de Paris Sciences et Lettres (PSL), et les licences de Paris-Dauphine [membre de PSL] l’ont obtenu.

Qu’est-ce que ce grade apporte aux établissements concernés ? "C’est une mise en conformité par rapport à l’enseignement universitaire français", indique Thierry Coulhon, président de PSL. Le Cypes est une formation en trois ans pour une soixantaine d'étudiants triés sur le volet. Créé en 2012, il n’avait pas jusque-là de reconnaissance officielle de l’État. 

Dauphine : sortir du diplôme national

À l’université Paris-Dauphine, l’obtention du grade de licence supprime de fait le statut de diplôme national. Les licences de Dauphine deviennent donc des diplômes d’établissement. "Cette reconnaissance du grade de licence a pour mérite de rétablir de la cohérence, explique Sabine Mage, vice-présidente en charge de la formation et de la vie étudiante. Nos deux premières années de formation étaient déjà des diplômes d’établissement. Désormais, les étudiants inscrits en premier cycle obtiendront un diplôme d’établissement pour l’ensemble du cursus."

L’intérêt pour Dauphine ? Pouvoir continuer à sélectionner ses étudiants. Quid de la valeur du diplôme ? "Cela ne change rien du tout pour les étudiants, assure Sabine Mage. La seule différence, c’est que nous avons la liberté de proposer des intitulés qui ne sont pas dans la nomenclature nationale." Les frais universitaires en revanche sont plus élevés : 530 euros par an (contre 184 euros en licence classique à l’université).

Une demande encore minoritaire

Ailleurs dans le monde du supérieur, la demande du grade de licence reste encore relativement minoritaire. Aujourd’hui, outre la licence générale et professionnelle, le Saint Grade est aujourd’hui délivré au diplôme de pilote d’avion de l’Enac (École nationale de l’aviation civile), au diplôme d’études en architecture, au DCG (diplôme de comptabilité-gestion) et au diplôme d’État d’infirmier. D’autres formations de santé sont en cours d’intégration dans le système LMD (les diplômes d’État d’ergothérapeute, de pédicure-podologue…).

Dans son rapport remis au premier ministre début septembre, la députée PS du Pas-de-Calais, Brigitte Bourguignon, propose également que les diplômes du travail social  (éducateur spécialisé, médiateur familial, auxiliaire de vie sociale…) soient reconnus au grade de licence.

L’obtention de ce "nouveau" grade va-t-elle pour autant créer une brèche dans laquelle certaines écoles en mal de reconnaissance pourraient s’engouffrer ? Dans l’absolu, ce visa peut être conféré à tout établissement, sans distinction public/privé. La commission Chanut a par exemple été missionnée par le ministère pour engager une réflexion autour de l’obtention de ce grade. Pour autant, "nous n’avons pas un afflux inimaginable de demandes", précise le ministère.

Plus largement, une réflexion est menée par la CPU, la CGE et la Cdefi et les employeurs sur les débouchés du premier cycle. "C’est une question qui travaille l’enseignement supérieur français depuis assez longtemps, confirme Thierry Coulhon. Paris Sciences et Lettres réfléchit à la création d’un cycle 'Undergrade' dans les années à venir."

Du côté des écoles d’ingénieurs, la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles française d’écoles d’ingénieurs) suggère la création d’un diplôme d’assistant-ingénieur à Bac + 3. À l’origine de cette proposition, "une demande forte de la part du monde de l’entreprise de diplômés de niveau management intermédiaire, explique François Cansell, président de la CDEFI. Avec ce diplôme à bac + 3, nous souhaitons cibler préférentiellement les bacs pro, qui aujourd’hui ont du mal à trouver leur place dans l’enseignement supérieur, Notre objectif est de redynamiser les filières technologiques et de leur offrir des débouchés intéressants." Les premières expérimentations verront le jour à la rentrée 2016.

 

 

Sarah Masson | Publié le