L'ESPCI s'inquiète d'une baisse possible de la dotation de la mairie de Paris

Laura Makary Publié le
L'ESPCI s'inquiète d'une baisse possible de la dotation de la mairie de Paris
L'ESPCI est l'une des deux écoles d'ingénieurs sous la tutelle de la mairie de Paris. // ©  Wikimedia/CC
L'ESPCI pourrait voir sa dotation de fonctionnement baisser. C'est ce que la mairie de Paris, tutelle de l'école, lui a annoncé, provoquant l'inquiétude au sein de la direction de l'établissement. Jean-François Joanny, directeur de l'ESPCI, a annoncé qu'il ne se représenterait pas à un second mandat, en signe de protestation.

L'inquiétude est de mise à l'ESPCI. En cause : la baisse annoncée de la dotation annuelle octroyée à l'établissement par sa tutelle, la mairie de Paris. Si rien n'est encore acté, la Ville annonce d'ores et déjà son intention d'alléger de 400.000 euros l'enveloppe de l'école, enveloppe dont le montant total s'élève à 13,6 millions d'euros. Cette dotation de fonctionnement finance principalement les charges courantes et la masse salariale.

En protestation, Jean-François Joanny, directeur de l'école, a adressé un courrier à ses équipes le 6 octobre 2017, qu'EducPros s'est procuré. "Ce désengagement de notre tutelle paraît d’autant plus surprenant que la maire de Paris a fait de la rénovation de l’ESPCI une opération phare de sa mandature. Une baisse de notre budget de fonctionnement ne permettrait pas de mener une politique à la hauteur des ambitions de notre école", y écrit-il. Le directeur y explique avoir envisagé de démissionner, avant de se raviser : "Après réflexion, j’ai pris la décision de ne pas démissionner maintenant pour ne pas fragiliser l’ESPCI, mais de ne pas me représenter pour un deuxième mandat".

Des projets malgré les travaux

Quelques jours après l'envoi de son courrier, Jean-François Joanny confirme son inquiétude. D'autant que son établissement se lance dans de lourds travaux de restructuration, comprenant des destructions, rénovations et constructions de bâtiments, de 2017 à 2023, pour un budget global de 176 millions d'euros.

"Ce que je souhaite, c'est que l'ESPCI aille vers des projets nouveaux et innovants. Elle doit vivre pleinement pendant la période de travaux qui s'ouvre. Il est essentiel de pouvoir engager de nouveaux chercheurs, d'assurer le bon déroulement des enseignements et une qualité constante du recrutement des élèves", insiste-t-il.

À l'issue de son mandat, fin 2018, le directeur ne se représentera donc pas. "Ma décision est claire, je ne souhaite pas être candidat à un nouveau mandat : une baisse de la subvention de la mairie de Paris ne permettra pas de mener une politique à la hauteur des ambitions de notre école", soutient-il. Le conseil scientifique de l'école dispose ainsi d'un an pour trouver un nouveau directeur, afin de le proposer à la tutelle, la mairie.

"Pas un signe de désengagement", pour la mairie

De son côté, cette dernière joue l'apaisement. "Les arbitrages ne sont pas encore rendus, mais cette hypothèse de baisse de dotation est tout à fait plausible, au vu des contraintes budgétaires qui pèsent sur la ville, confirme Marie-Christine Lemardeley, adjointe à la maire de Paris, chargée des questions liées à l'enseignement supérieur. Néanmoins, la somme de 400.000 euros ne représente que 1,5 % du budget de l'école. Je comprends que la direction de l'école soit inquiète, mais cette baisse demeure très limitée par rapport aux efforts demandés aux autres opérateurs de la ville."

Aux yeux de l'ajdointe, cette baisse de dotation n'est en aucun cas un signe de désengagement de la ville envers l'ESPCI. "Nous considérons bien entendu que c'est une école d'excellence et nous sommes très fiers des chercheurs qui y travaillent. Je rappelle que nous nous sommes engagés dans la reconstruction de l'école à hauteur de 75 millions d'euros. C'est la preuve de l'engagement total de la mairie. Et ces investissements ne sont aucunement remis en cause", ajoute-t-elle, précisant que ces 400.000 euros de baisse annoncés ont déjà fait l'objet de négociations et que ce chiffre aurait pu être plus élevé.

Les arbitrages finaux se feront en novembre, avant le vote du budget global par le Conseil de Paris en décembre 2017. L'ESPCI, de son côté, attend donc d'être fixée sur son sort, avant de voter elle-même son budget 2018 lors de son conseil d'administration en décembre.

Quid de l'EIVP ?
Autre école d'ingénieurs placée sous la tutelle de la mairie de Paris, l'EIVP (École d'ingénieurs de la Ville de Paris) pourrait également voir sa dotation de fonctionnement se réduire. "Rien n'est encore arbitré pour l'EIVP, une baisse est également possible, mais nous ne disposons d'aucun chiffre. Cela sera décidé durant le mois de novembre", tranche Marie-Christine Lemardeley.

De taille plus réduite comparée à l'ESPCI, l'EIVP dispose également de moins de ressources propres, d'après la mairie. Sollicitée par EducPros, l'école n'a pas souhaité réagir sur le sujet.

Laura Makary | Publié le