Parcoursup : la phase principale au régime sec

Erwin Canard, Laura Taillandier Publié le
Parcoursup : la phase principale au régime sec
Frédérique Vidal annonce des ajustements pour la procédure Parcoursup. // ©  stephane-audras-rea-original
Une phase principale resserrée, une hiérarchisation des propositions qui ne dit pas son nom, une mobilité favorisée des candidats... La ministre de l'Enseignement supérieur a profité de la conférence de presse de rentrée pour dresser les contours du nouveau Parcoursup et les chantiers de l'année universitaire qui s'ouvre.

Le premier changement de Parcoursup est acté. Le calendrier va être modifié pour se rapprocher de celui de son prédécesseur, APB : l'an prochain, la phase principale s'achèvera fin juillet "au plus tard" au lieu du 5 septembre, a annoncé Frédérique Vidal ce 25 septembre, lors de la conférence de rentrée du ministère de l'Enseignement supérieur.

Pas de changement du calendrier en amont

En revanche, si des doutes subsistaient sur le calendrier du début de la procédure, un projet d’arrêté qu’EducPros s’est procuré semble les dissiper. Ce texte, qui sera étudié en Commission spécialisée des lycées le 26 septembre et en Conseil supérieur de l’éducation le 10 octobre, modifie le calendrier du futur baccalauréat pour le mettre en conformité avec Parcoursup.

Celui-ci devrait donc être aménagé pour permettre la prise en compte de certaines épreuves dans Parcoursup. Les épreuves terminales (les spécialités et la philosophie notamment) seraient organisées au second trimestre. Les épreuves communes de contrôle continu pourront, elles, avoir lieu au cours du troisième trimestre.

Jusque-là, le ministère de l’Éducation nationale prévoyait que ces épreuves terminales, prises en compte dans Parcoursup, aient lieu au retour des vacances de printemps. Ce projet d’arrêté les avance donc au deuxième trimestre afin que le début de la procédure d’admission dans l’enseignement supérieur ne soit pas repoussée en avril voire en mai, ce qui était une possibilité jusque-là. Pour en savoir plus, il faudra attendre cet automne, et la publication du calendrier détaillé et définitif de la nouvelle procédure Parcoursup.

Vers une anonymisation des candidatures ?

En tout état de cause, "les inscriptions se feront dans les mêmes délais", précise Frédérique Vidal. "Mais si cette année, un candidat pouvait s'inscrire et conserver ses vœux en attente, cela n'a pas été satisfaisant et nous allons le corriger."

Autre changement : les futurs bacheliers "qui ont une idée très claire de leur projet pourront, après les résultats du baccalauréat, définir par avance la réponse qu'ils apporteront à celles qui leur seraient faites [par les établissements]". En quelque sorte, une "réponse automatique" que l'étudiant pourra cocher, évoque l'entourage de la ministre. Et qui ressemble fort à la proposition de la Conférence des présidents d'université de hiérarchiser les réponses reçues par le candidat. Pour le ministère, il s'agit surtout "d'améliorer le confort" du candidat pour qu'il n'ait plus à se connecter tous les jours.

En revanche, Frédérique Vidal n'arbitre pas la question de la réduction des délais de réponse. "Il n'y a pour l'instant pas d'analyse consensuelle. Nous verrons après les vacances d'automne. Pour la prochaine procédure, le rang du dernier appelé sur liste d'attente sera bien précisé sur la plate-forme, de même que le taux de remplissage sera inscrit plus tôt que cette année."

Priorité 2018 : améliorer la mobilité des candidats

Les quotas de bacheliers hors académie devraient être revus à la hausse. Cette modification s'accompagnera d'un travail sur la mobilité des candidats "qui se prépare et s'anticipe" afin qu'elle devienne "une possibilité pour tous". Ainsi, l'Arpe (l'aide à la recherche d'un premier emploi) disparaît au profit d'un fonds d'aide à la mobilité doté "d'une trentaine de millions d'euros". "L'objectif est que nous puissions présenter ce dispositif d'aide à la mobilité au plus tôt aux étudiants, dès l'élaboration de leur projet", explique le ministère de l'Enseignement supérieur.

Frédérique Vidal suggère également l'idée d'une anonymisation des candidatures sur la procédure Parcoursup pour "restaurer la confiance en l'équité et l'ouverture de notre système d'enseignement". Un "engagement fort" que le ministère souhaiterait voir concrétisé au plus vite pour pallier les critiques et craintes de discrimination mises en avant par certains acteurs.

La ministre souhaite également lancer un travail sur les filières courtes et professionnalisantes. "Le succès des BTS et DUT a eu comme effet de rendre plus difficile l'accès à ces formations aux bacheliers technologiques et professionnels. Ce chantier suppose de généraliser l'expérimentation de l'accès en STS et d'intégrer au dispositif les classes passerelles", poursuit Frédérique Vidal.

Et en parallèle, la ministre compte bien travailler avec les IUT et les universités sur l'offre de formation professionnalisante pour proposer de nouveaux parcours. Une réunion de travail le 18 octobre permettra de lancer ce chantier en lien avec les collectivités territoriales, notamment en Île-de-France.

Le ministère souhaite enfin améliorer la clarté de l'offre de l'information sur la plate-forme, "où il devient toujours plus difficile de se repérer dans la jungle des cursus privés ou publics, les diplômes, les différents types de reconnaissance (...). Il m'est intolérable que des familles se serrent la ceinture pour financer des formations parfois douteuses. Nous devons être capables de rendre identifiables les formations dispensées par un établissement solide, qui seront toutes présentes sur Parcoursup, comme le prévoit la loi".

Un objectif qui ne sera pas atteint à la prochaine rentrée alors que la majorité des écoles d'ingénieurs et de commerce postbac hors Parcoursup ont sollicité une demande de dérogation pour janvier 2020.

Erwin Canard, Laura Taillandier | Publié le