Plan sciences : les associations de professeurs pointent les contradictions de Luc Chatel

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Après les annonces de Luc Chatel sur l'anglais en maternelle et les rythmes scolaires, le ministre de l'Education nationale poursuit avec son plan sciences. Les  associations de professeurs dénoncent des mesures contradictoires avec la réforme du lycée. 

Problème : sachant que le score moyen en mathématiques des élèves français chute de 14 points entre 2003 et 2009 (enquête PISA 2009). Sachant qu’ils obtiennent un score en sciences qui stagne et se révèle tout aussi moyen. Sachant enfin que 50 % des lycéens de la voie générale s’orientent en première S alors que près d’un bachelier sur cinq issu de cette série ne poursuit pas d’études de sciences juste après le bac. Comment redonner aux élèves le goût pour les carrières scientifiques et relever le niveau pour rendre la France plus compétitive dans la recherche et l’innovation ?    

Une « nouvelle ambition »...


Lundi 31 janvier 2011, Luc Chatel, le ministre de l’Éducation nationale, a présenté son plan « Une nouvelle ambition pour les sciences et les technologies à l’école » au Palais de la Découverte à Paris. Un plan financé par des « redéploiements internes ». Pas de révolution de l’enseignement prévue pour la rentrée 2011.

Concernant le lycée (lire l’encadré pour le primaire et le collège),  Luc Chatel a plutôt annoncé des mesures périscolaires : l’amplification des stages en entreprise pour les enseignants, des rencontres avec des ingénieurs et des techniciens dans les établissements « au moins une fois par trimestre », des partenariats avec des associations pour attirer les filles… Le ministre a surtout rappelé le rôle de l’accompagnement personnalisé (pour découvrir les métiers scientifiques et techniques) et, d’une manière générale, dela réforme du lycée . Une réforme qui vise « à rééquilibrer les séries » et redonner à la série S, « devenue généraliste », son poids scientifique.

…ou un écran de fumée ?


Les associations de professeurs crient aux effets d’annonce et aux contradictions. « Dans le cadre de la réforme du lycée, les SVT perdent une demi-heure en seconde et une heure en première par semaine. Rien ne change en terminale. D’autre part, alors que l’enseignement était expérimental, on perd les cours en groupes restreints », critique Jean Ulysse, membre du bureau national de l’APBG (Association des professeurs de biologie et de géologie). En première S, il faudra également compter avec une heure et demie hebdomadaire en moins en sciences physiques et une heure en moins en mathématiques (qui gagnent toutefois une demi-heure en terminale). 

Même son de cloche du côté des professeurs de mathématiques. « Ce plan sciences est un écran de fumée qui masque la diminution des heures de sciences dans le cadre de la réforme du lycée. Sans compter que les élèves qui se dirigent vers la série littéraire [les mêmes qui se destinent le plus au métier de professeur des écoles selon le ministre, NDLR] – pourront arrêter les maths dès la fin de seconde », déplore Eric Barbazo, président de l’APMEP (Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public). Et de conclure : « Ce n’est pas comme cela que l’on va concurrencer les élèves indiens et chinois ».

Au primaire et au collège : rien de nouveau (ou presque) sous Luc Chatel

En présentant son plan sciences, Luc Chatel a reparlé des 15 minutes quotidiennes de calcul mental en primaire. Une mesure déjà au Journal officiel en 2007, sous Gilles de Robien . Le ministre a également rappelé l’instauration d’une épreuve écrite de mathématiques au concours de professeur des écoles (ce qui était déjà le cas en 2010-2011). En revanche, il a annoncé une vraie nouveauté : la création de modules de formation à l’enseignement des sciences et des mathématiques pour les enseignants stagiaires. En outre, il est prévu de nommer deux inspecteurs de l’éducation nationale dans chaque département pour piloter ces projets et de renforcer la pratique des échecs, « qui développent le raisonnement logique ».

Pour le collège
, Luc Chatel a notamment annoncé l’extension de l’enseignement transdisciplinaire (un seul enseignant pour le trio sciences physiques-SVT-technologie) en 6e et 5e. Jusqu’ici expérimenté dans 50 collèges, ce modèle sera transposé à la rentrée 2011 dans tous les établissements Réseau ambition réussite et CLAIR (soit 400 collèges). Et cela dans le prolongement de la philosophie de l’opération « La main à la pâte » . Chaque collège sera par ailleurs amené à mener un projet collectif scientifique.

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