Rapport de la médiatrice de l'Education nationale : 18.000 saisines en 2021 dont 33% sur les conflits liés à la vie scolaire

Clément Rocher Publié le
Rapport de la médiatrice de l'Education nationale : 18.000 saisines en 2021 dont 33% sur les conflits liés à la vie scolaire
Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur, lors de la présentation de son rapport annuel. // ©  Clément Rocher
Le rapport de la médiatrice de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur fait état de 18.000 saisines en 2021, un chiffre légèrement en baisse par rapport à l'an dernier. La médiatrice pointe plusieurs thématiques et délivre ses recommandations au sujet de la dégradation du climat scolaire, du manque de valorisation des enseignants, des lacunes de la réforme de l'entrée en master et de l'accompagnement des élèves en situation de handicap.

Le réseau des médiateurs a traité près de 18.000 saisines en 2021, selon le rapport de la médiatrice de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur présenté lundi 25 juillet. Si ce chiffre est en baisse par rapport à la période de la crise sanitaire, la tendance générale est à la hausse des saisines dans la plupart des domaines.

Doublement du nombre de saisines en dix ans

En effet, le nombre de réclamations a doublé en dix ans. "La société attend beaucoup de son école et de son université. Il y a une exigence accrue de la part des familles. La médiation est aussi de plus en plus connue", explique Catherine Becchetti-Bizot, médiatrice de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur.

La vie scolaire et universitaire au centre des saisines

En 2021, 33% des saisines des usagers concernent le domaine de la vie quotidienne dans les établissements scolaires et universitaires, soit 4.200 saisines en 2021. Les saisines concernant la vie scolaire et universitaire ont ainsi doublé en cinq ans. Les sujets portent sur des conflits parents-établissements, le non-respect du règlement intérieur ou du protocole sanitaire, des problèmes d'aménagement liés à des situations de handicap, des absences d'enseignants ou d'AESH (accompagnant d'élèves en situation de handicap). Le rapport pointe également une augmentation de 73% des saisines sur des situations de harcèlement.

L'insertion dans le cursus scolaire ou universitaire représente 30% des saisines des usagers. Mais, les saisines portant sur l'inscription sur Parcoursup sont en diminution de 35% sur cinq ans. L'articulation entre la réforme du baccalauréat et l'orientation dans le supérieur pose en revanche davantage problème aux élèves.

Même si elles ne représentent que 1,9% des saisines, les requêtes autour de l'accès au master sont aussi augmentation. "Le calendrier de campagne de recrutement en master n'est pas tout à fait harmonisé. Il y a des efforts à faire", précise la médiatrice. Elle recommandait notamment dans le rapport 2020 la conception d'une plateforme commune permettant aux candidats de disposer d'une visibilité sur les capacités d'accueil disponibles. Une plateforme annoncée pour 2023 par le ministère de l'ESR.

Valoriser les parcours des enseignants

La médiatrice a évoqué dans son rapport les problèmes liés aux modalités d'affectation des personnels qui peuvent constituer un frein à une mobilité choisie. "L'actualité montre que nous sommes en pleine crise de recrutement. Nous risquons de perdre des compétences et des expériences dont le système éducatif a besoin si nous ne repensons pas le système."

Ainsi, les questions d'affectation et de mutation représentent 17% des saisines des personnels. Elles émanent notamment de professionnels qui ont fait le choix d'une reconversion ou de contractuels qui enseignent depuis plusieurs années et qui passent le concours pour devenir titulaire de l’Éducation nationale. "Ils ont déjà acquis une expérience et développé des compétences. Mais ils sont envoyés loin de chez eux. Ils ont le sentiment qu'avoir passé le concours n'est pas une chance mais une punition."

Nous risquons de perdre des compétences et des expériences dont le système éducatif a besoin si nous ne repensons pas le système. ( C. Becchetti-Bizot, médiatrice)

"Il y a une contradiction entre le fait de vouloir recruter et attirer plus de candidats et le fait que les enseignants sont découragés au début de leur carrière. Il faut qu'on remette à plat ce système d'affectation", affirme-t-elle.

La médiatrice recommande de valoriser les parcours d'enseignants avec des profils seniors et apporter une réponse à la problématique de leur recrutement.

Améliorer l'accompagnement des jeunes en situation de handicap

Le rapport de la médiatrice s'est également penché sur l'accompagnement et les parcours des jeunes en situation de handicap. Elle relève notamment une discontinuité entre les aménagements prévus pendant la scolarité de l'élève et ceux mis en place pour les examens et les concours.

"Il faut trouver des solutions pour ces élèves et faire progresser le système éducatif. Ce n'est pas à l'élève de s'adapter aux contraintes matérielles et pédagogiques du système."

Ce n'est pas à l'élève de s'adapter aux contraintes matérielles et pédagogiques du système.

La médiation a reçu de nombreuses saisines relatives à l'accompagnement d'élèves par des AESH. Les difficultés les plus souvent signalées portent sur l'insuffisance des heures mises en place par rapport aux préconisations de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées) ou bien l'absence d'AESH qui peuvent conduire à la déscolarisation de l'élève.

La médiatrice recommande de poursuivre le renforcement des moyens alloués à l'inclusion des jeunes en situation de handicap mais aussi de rendre la profession d'AESH plus attractive, notamment en favorisant les contrats à temps plein.

Clément Rocher | Publié le