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Remaniement : les réformes de Sylvie Retailleau au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

Amélie Petitdemange Publié le
Remaniement : les réformes de Sylvie Retailleau au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Sylvie Retailleau, ministre de l'Enseignement supérieur // ©  Ministère de l'Enseignement supérieur
Maintenue à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche lors du remaniement du 11 janvier, Sylvie Retailleau continuera de travailler sur les projets entamés depuis le début de son mandat. Parmi eux, le deuxième volet de la réforme des bourses, attendu notamment par les associations étudiantes.

Nommée le 20 mai 2022 et maintenue lors des deux derniers remaniements, Sylvie Retailleau conserve son portefeuille de ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Elle pourra donc poursuivre son action, selon les priorités déjà définies.

La réforme des bourses sur critères sociaux

Parmi les réformes déjà lancées, certaines sont encore en cours, notamment la révision du système des bourses. Grand chantier de son mandat, cette réforme a finalement été scindée en deux.

La première partie a été mise en place en septembre 2023. Une révision du barème a mené à une augmentation du nombre de boursiers, avec 35.000 étudiants supplémentaires cette année, et au basculement à l’échelon supérieur pour 140.000 boursiers. Le montant des bourses a, par ailleurs, augmenté de 37 euros pour tous les bénéficiaires.

Mais l'autre volet de la réforme est annoncé pour la rentrée 2025. L'objectif principal sera de supprimer les effets de seuil. En effet, certains étudiants voient leur bourse diminuer d’un montant supérieur à l’augmentation des revenus de leurs parents.

Dans le cadre de cette réforme des voix s'élèvent pour demander une allocation d'autonomie pour tous les étudiants. C'est le cas du syndicat Union étudiante qui milite pour la mise en place d’un "revenu d’autonomie de 1.158 euros par mois". Cette allocation est aussi soutenue par une partie de la classe politique ainsi que par plusieurs présidents d’université.

Lutte contre la précarité étudiante

La ministre de l'Enseignement supérieur est aussi attendue dans la lutte contre la précarité étudiante alors que "87.000 étudiants ont commencé leur année sans logement [...] et alors que les files alimentaires ne désemplissent pas", selon l'Union étudiante.

Certaines mesures pour lutter contre la précarité étudiante, lancées par l'ex-ministre Frédérique Vidal, ont déjà été prolongées par Sylvie Retailleau. C'est, par exemple, le cas du repas Crous à 1 euro pour les boursiers et du gel du loyer des résidences Crous et des frais de scolarité universitaires.

Côté logement, la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a rappelé la feuille de route du gouvernement avec la construction de 35.000 nouveaux logements étudiants pour l'horizon 2027 et la rénovation de résidences vétustes. Ceux-ci viennent s’ajouter aux 60.000 promis par Emmanuel Macron lors de son premier quinquennat, dont seulement la moitié a aujourd’hui vu le jour, notamment à cause des retards apportés par la crise sanitaire. Une goutte d'eau pour l'Union étudiante qui réclame la création de "150.000 logements Crous ou à caractère social dans l’urgence, avec un objectif de 600.000 pour l’horizon 2035".

Mais, les associations étudiantes demandent au gouvernement d'aller plus loin. L'Union étudiante demande ainsi l’extension du système de bourses aux étudiants étrangers, le gel des loyers et des charges et l’investissement de cinq milliards d’euros pour la rénovation des passoires énergétiques.

Création de la plateforme "Mon master"

Réforme d'envergure menée par Sylvie Retailleau, la plateforme "Mon Master" a vu le jour en février 2023 et continue d'évoluer. Cet outil en ligne centralise, avec un calendrier commun, fixé au niveau national, toutes les candidatures en master, qui devaient auparavant être faites, une par une, auprès des universités.

Cette année, "156.000 candidats ont pu recevoir une proposition d'admission", soit près de 10.000 étudiants de plus que l’an dernier, soulignait la ministre lors de sa conférence de rentrée, en septembre dernier.

Pour sa deuxième année de fonctionnement, ce Parcoursup pour l'entrée en master connaîtra des modifications : en 2024, le processus intègrera une phase complémentaire, qui ouvrira fin juillet. En espérant que cela suffira à répondre aux critiques émises par les communautés.

Là encore, les associations étudiantes demandent aussi l'ouverture de places en master, notamment dans les filières en tension. "Des places s’ouvriront selon les besoins dans les filières, car l'une de nos missions c'est aussi l'insertion, en formant des citoyens capables de s’adapter à différents métiers", précisait Sylvie Retailleau à l'Etudiant dans une interview publiée le 18 décembre dernier.

Simplifier la Loi de programmation de la recherche et rendre le doctorat plus attractif

Sylvie Retailleau a pris la suite sur le dossier de la Loi de programmation de la recherche (LPR), lancée par sa prédécesseuse Frédérique Vidal. Elle a annoncé vouloir simplifier cette loi. Ainsi, l'une des mesures de la LPR est de créer une voie d’accès temporaire au corps des professeurs des universités. Ce dispositif est simplifié par Sylvie Retailleau, puisque le Conseil académique (CAC) ne devra plus examiner les dossiers en amont de leur transmission au Conseil national des universités (CNU).

Autre changement impulsé par la ministre : la revalorisation des doctorants, qui doit concerner les nouveaux contrats doctoraux, est finalement étendue. Le salaire de tous les doctorants a ainsi augmenté de 16% au 1er janvier 2023 par rapport à 2020. La rémunération brute minimale de tous les doctorants contractuels s'élève désormais à 2.044,12 euros.

Par ailleurs, la ministre attend également les résultats, au printemps, d'une mission visant à mieux valoriser le diplôme du doctorat.

Des évolutions des ministères de la Santé et de la Culture qui mécontentent syndicats et professionnels

Le remaniement a modifié le portefeuille de certains ministères qui exercent leur tutelle sur des établissements de l'enseignement supérieur. Ainsi, le Travail et la Santé sont regroupés sous un seul ministère, confié à Catherine Vautrin, présidente de la Communauté urbaine du Grand Reims et ex-vice-présidente de l'Assemblée nationale. Une nomination qui fait grincer les syndicats étudiants. "Emmanuel Macron se voulait pourtant rassurant : lutte contre les déserts médicaux, recrutement de personnel soignant, accès aux médicaments pour toutes et tous, prévention efficiente... La réponse donnée par la fusion de plusieurs ministères est choquante et aberrante face à la crise du système de santé", ont réagi la Fage et l'ANEPF (Association nationale des étudiants en pharmacie de France).

La nomination de Rachida Dati, maire Les Républicains (LR) du 7e arrondissement de Paris, comme ministre de la Culture, interroge également le monde de la culture. L’ex-garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy n’est pas perçue comme maîtrisant les dossiers culturels. Du côté de l'enseignement supérieur, elle devra se positionner dans un contexte de crise budgétaire des écoles d’art territoriales publiques.

Amélie Petitdemange | Publié le