Après le remaniement, les chantiers en cours pour le ministère de l’Éducation nationale

Marine Ilario Publié le
Après le remaniement, les chantiers en cours pour le ministère de l’Éducation nationale
Gabriel Attal veut "coacher" de très près Amélie Oudéa-Castera dans ses nouvelles fonctions de ministre de l'Education nationale. // ©  Stephane Lemouton/pool-REA
Nommé Premier ministre le 9 janvier dernier, Gabriel Attal quitte le ministère de l’Éducation nationale après seulement cinq mois et demi à cette fonction. Au sein du nouveau gouvernement, quelles sont les mesures dont devra se saisir Amélie Oudéa-Castéra ? EducPros fait le point.

Si son passage au ministère de l’Éducation nationale peut être qualifié d’express, Gabriel Attal, nommé Premier ministre le 9 janvier, a tout de même lancé de nombreux chantiers pour l’école, le collège et le lycée.

Après le remaniement ministériel, le 11 janvier, c’est Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques (JO) qui récupère le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et voit donc son portefeuille élargi sur ces sujets. Des thèmes de grande ampleur, si bien que de nombreux syndicats ont déjà émis quelques réserves sur cette nomination.

"Sérieusement comment penser qu'il sera possible de traiter l'Education et les Jeux olympiques ? C'est quoi le truc : ministre de l'éducation la première mi-temps et ministre des sports la deuxième ?" s’inquiétait Sophie Vénétitay, secrétaire général du Snes-FSU sur X. Pour la CGT Educ’action, "l'Éduc nat méritait vraiment mieux qu'une ministre qui sera totalement tournée vers les JO cette année".

Une nouvelle ministre qui va devoir faire ses preuves car si quelques mesures ont effectivement été mises en place, de nombreuses décisions restent à concrétiser.

En moins de six mois, des mesures déjà en place

En quelques mois à la tête du ministère de l’Éducation nationale, Gabriel Attal a lancé de nombreux chantiers dans des domaines variés. Certains sont dorénavant actés et en place dans les établissements.

Dès sa prise de fonction en tant que ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal annonçait la modification du calendrier des épreuves du bac et acté le report des épreuves de spécialité du mois de mars au mois de juin. Une mesure très attendue par les enseignants et les parents d’élèves après les difficultés que les épreuves au mois de mars avaient fait ressurgir.

Il a aussi décrété, dans une note de service, le 31 août, l’interdiction des abayas et qamis dans les établissements scolaires. À côté de cette interdiction, l’ancien ministre de l’Éducation nationale a prévu une expérimentation nationale sur le port de l’uniforme à l’école. Expérimentation confirmée par Emmanuel Macron lors de son allocution, le 16 janvier dans 100 établissements et qui pourrait se généraliser d'ici à 2026.

Sur le sujet du harcèlement scolaire, un décret, publié en août dernier, prévoit la possibilité de changer d’établissement les élèves harceleurs. Autres mesures à venir : la création de brigades anti-harcèlement dans les académies et des cours d’empathie qui devraient être généralisés à l’ensemble des écoles primaires à la rentrée 2024.

Avec le plan "choc des savoirs", les dossiers ouverts pour Amélie Oudéa-Castéra

Au-delà de ces mesures déjà lancées, Gabriel Attal annonçait le 5 décembre dernier, pléthore de mesures pour le collège et le lycée dans un plan "choc des savoirs" pour élever le niveau scolaire des élèves.

Création de groupes de niveau, réforme du brevet, création de prépa-lycée, cours de soutien en effectif réduit en lycée professionnel, usage de l’IA en maths et en français en seconde, etc. Qu’elles interviennent dès la rentrée 2024 ou en 2025, ces mesures ne sont pas encore officiellement actées.

Autant de chantiers dont doit se saisir la nouvelle ministre de l'Education nationale Amélie Oudéa-Castéra. Ce lundi 15 janvier, elle a rencontré des organisations syndicales. Des rencontres "tendues" selon la FSU (fédération syndicale unitaire) après les propos polémiques de la ministre sur la scolarisation de ses enfants.

Des groupes de niveaux au collège

L’ancien ministre de l’Éducation nationale a annoncé la fin du collège "uniforme" avec la création des groupes de niveaux en français et en maths au collège dès la rentrée 2024, en 6e et en 5e.

Quelques jours plus tard, il a précisé que 830 postes seront créés pour assurer la mise en place de ce nouveau dispositif. Cette mesure ne fait pas l’unanimité dans la communauté éducative où des craintes se posent sur une école à deux vitesses, où les élèves les plus faibles sont stigmatisés.

Gabriel Attal a aussi annoncé une réforme du brevet. Concrètement, les notes à l’examen compteront pour 60% de la note finale et le contrôle continu pour 40% (contre 50-50 aujourd’hui) et le brevet deviendra obligatoire pour passer au lycée dès la session 2025.

Prépas lycée et intelligence artificielle

Sans ce précieux sésame, les élèves intègreront une "prépa lycée" pendant un an (à partir de la rentrée 2025). Pour mettre en place cette mesure, le budget 2024 a été revu actant la création de 574 postes dans le secondaire. Des postes qui devront aussi permettre le renforcement des cours de maths, de français et d'histoire-géographie en lycée professionnel.

Et d'autres dossiers seront encore sur la table de la ministre : annoncée pour la rentrée 2024, une intelligence artificielle nommée "MIA" (modules interactifs adaptatifs) devrait être déployée en classe de seconde pour proposer des exercices à la maison en maths et en français tout en suivant la progression des élèves. Une expérimentation devrait débuter en ce début d’année dans quelques académies test.

Réforme de la formation des enseignants

Pour améliorer l’attractivité du métier d’enseignant empreint à une forte crise de recrutement, Gabriel Attal prévoyait une réforme de la formation des enseignants.

Parmi les hypothèses étudiées, celle d’un recrutement après un bac+3 et non plus un niveau master. Sur ce point, il devait faire des annonces en ce mois de janvier.

Marine Ilario | Publié le