Après le Brexit, des étudiants découragés à l'idée d'effectuer une mobilité au Royaume-Uni

Valentine Daléas Publié le
Après le Brexit, des étudiants découragés à l'idée d'effectuer une mobilité au Royaume-Uni
Le nombre d'étudiants en mobilité Erasmus+ au Royaume-Uni a plus que diminué de moitié depuis le Brexit. // ©  Adobe StOCK
Depuis le Brexit, le Royaume-Uni ne fait plus l'unanimité auprès des étudiants européens. Les échanges académiques sont en chute libre malgré les efforts des universités pour garder un lien avec le continent.

En 2019, près de 30.000 étudiants ont effectué un échange académique au Royaume-Uni dans le cadre du programme Erasmus+. En 2021, un an après le Brexit, ils n’étaient plus que 12.000 étudiants européens sur le sol britannique

Deux fois moins d'étudiants en à peine trois ans, ces chiffres sont sans commune mesure avec les tendances observées dans les autres pays de l’Union européenne (UE). Résultat, entre 2019 et 2021, le Royaume-Uni est passé de la troisième à la septième nation accueillant le plus d’étudiants en mobilité Erasmus+, derrière la Pologne ou le Portugal.

Un peu plus de 12.000 étudiants européens au Royaume-Uni

"Il y a une appréhension des étudiants" depuis le Brexit

La nouvelle réglementation induite par le Brexit est sans équivoque le premier frein aux mobilités. "Il y a toujours un intérêt très fort pour le Royaume-Uni. Mais il y a une appréhension des étudiants car ils savent que ça va être plus compliqué qu’avant de partir", explique Dorothée Orjol-Sousa, responsable du service des accords et de la mobilité sortante de l’université Lyon II. 

Depuis le Brexit, les étudiants souhaitant effectuer un échange de plus de six mois doivent obtenir un visa, ce qui coûte plus de 900 euros. Dans le même temps, les frais de scolarité peuvent s'élever à plus de 40.000 euros l'année mais les étudiants n’ont plus accès aux bourses Erasmus+ et doivent compter sur les dispositifs mis en place par leur établissement pour réduire les coûts.

En conséquence, les échanges d’un semestre au Royaume-Uni, qui ne nécessitent pas de visa, sont en plein essor. "Avant, on avait 70% des étudiants qui partaient à l’année, maintenant c’est du 50-50", observe Dorothée Orjol-Sousa. En Espagne, Ana Delgado, directrice du service des relations internationales de l’université de Navarre, note elle aussi que seule "une minorité d’étudiants" choisit de partir à l’année. 

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Les universités britanniques désireuses de "renforcer les partenariats"

Cependant, malgré ces difficultés, la coopération entre universités britanniques et européennes se poursuit. "Depuis le Brexit, l’attitude des universités au Royaume-Uni est très positive, observe Ana Delgado. Elles sont bien plus enclines à promouvoir les mobilités et à renforcer les partenariats." L’université de Navarre est même en train d’étendre ses accords d’échange avec le Royaume-Uni. 

De la même manière en France, Thomas Guillobez, directeur des relations internationales de Lyon II, affirme que l’université "a réussi à transformer les accords Erasmus en accords bilatéraux" et que "les partenaires étaient plutôt favorables à poursuivre la collaboration avec les étudiants français". L’université Lyon II compte 21 universités partenaires au Royaume-Uni. 

De ce fait, même si le nombre d'étudiants a été plus que divisé par deux entre 2019 et 2021 au Royaume-Uni, les étudiants français sont toujours les plus nombreux à partir en Erasmus outre-Manche. 

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L’essor des étudiants internationaux au Royaume-Uni 

Dans le même temps, d’après les données du HESA (Higher Education Student Statistics), le nombre d’étudiants internationaux a explosé au Royaume-Uni. Entre 2017 et 2021, le nombre d’étudiants chinois a augmenté de 41% : ils étaient plus de 151.000 en 2021, soit le premier contingent d’étudiants étrangers au Royaume-Uni.

Les effectifs des étudiants indiens ont eux aussi augmenté très fortement sur la période, passant de 20.000 en 2017 à 126.000 en 2021. D’autres pays du Commonwealth, comme le Nigeria, le Pakistan et le Bangladesh, font partie des pays à envoyer le plus d’étudiants au Royaume-Uni. 

Une baisse générale des mobilités en Europe

Mais ces efforts des universités ne suffisent pas à compenser la baisse des effectifs des étudiants européens observée depuis 2021 au Royaume-Uni. D'ailleurs, partout en Europe, le nombre de mobilités diminue. Les étudiants étaient plus de 335.000 à partir en échange en 2019, contre 275.000 en 2021.

"Il faut aussi prendre en compte les effets du Covid, estime Dorothée Orjol-Sousa. On a moins de demandes de mobilité et moins de départs car on a davantage d’annulations."

La responsable de la mobilité sortante déplore également les effets de "la crise financière que l’on traverse". "Beaucoup d’étudiants renoncent à une mobilité parce qu’ils pensent qu’ils ne vont pas pouvoir subvenir à leurs besoins sur place."

Valentine Daléas | Publié le