Après la fermeture de l'école d'art de Valenciennes, bientôt une nouvelle formation en design dans les Hauts-de-France ?

Caroline Celle Publié le
Après la fermeture de l'école d'art de Valenciennes, bientôt une nouvelle formation en design dans les Hauts-de-France ?
Une nouvelle formation en design pourrait voir le jour dans la région Hauts-de-France. // ©  jjfarq/Adobe Stock
Faute de budget, l’École d’art et de design de Valenciennes doit fermer ses portes en 2025. Résultat : l'enseignement en design n’existera plus dans les Hauts-de-France. Une réflexion est en cours sur la création d’une nouvelle formation pour compenser cette perte, mais le projet reste flou.

Après la fermeture de l’École d’art et de design (Ésad) de Valenciennes, une nouvelle formation publique en design pourrait peut-être voir le jour dans les Hauts-de-France pour compenser cette perte.

Selon la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de la région, l’idée est sur la table depuis l’automne 2022. Mais elle pourrait ne jamais se concrétiser, en raison de la difficulté à financer les écoles d’art territoriales.

Fermeture de l'école d'art de Valenciennes en 2025

Ces établissements publics ont la particularité d’être sous la tutelle de l’État et des collectivités territoriales. Ils sont financés en très grande partie par ces collectivités, et dépendent donc de choix budgétaires à l’échelle locale.

L’Ésad de Valenciennes en a subi les conséquences : en dix ans, les subventions de la ville et de la métropole de Valenciennes sont passées de 1,4 million d’euros à 350.000 euros.

En raison de son instabilité financière, l’école devra donc fermer ses portes en 2025. Son accréditation, accordée par les ministères de la Culture et de l’Enseignement supérieur, ne sera pas renouvelée au-delà de cette date.

Problème : l’Ésad de Valenciennes a la spécificité d’enseigner le design d’objet, dans une région où toutes les autres écoles enseignent le design graphique.

"Le département design de l’école travaille sur les volumes avec des ateliers de fabrication, étaye Stéphane Dwernicki, directeur de l’établissement de janvier à octobre 2023. Nous sommes précurseurs dans le design éco-social, un design éthique et respectueux de l’environnement."

Une réflexion pour maintenir une formation en design depuis l’automne 2022

Consciente des spécificités de l’école de Valenciennes, la DRAC des Hauts-de-France a engagé à l’automne 2022 une réflexion pour maintenir une offre complète d’enseignement du design dans les écoles territoriales.

"Une concertation régionale a été lancée avec les écoles d’art publiques territoriales des Hauts-de-France, indique la DRAC à EducPros. Nous n’en sommes qu’à la première phase de la concertation. Si une entente est possible, les écoles devront, dans un second temps, dialoguer avec les collectivités territoriales sur la question du financement. Nous pourrons alors servir d’intermédiaire dans ce dialogue."

La concertation régionale de la DRAC inclut l’Ésad de Valenciennes, l’École supérieure d’art et de design d’Amiens, l’École supérieure d'art et de communication de Cambrai, et l’École supérieure d’art de Dunkerque-Tourcoing.

Mais le projet reste vague car ces établissements n’ont pas encore eu de réunion avec la DRAC, et aucune date n’est encore fixée, selon les directeurs des écoles, contactés par EducPros.

La démarche de la DRAC est concomitante avec une autre démarche du ministère de la Culture, à l’échelle nationale. En août 2023, Pierre Oudart, directeur général de l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille-Méditerranée, a remis un rapport à l’État, qui abordait le fonctionnement et le financement de ces écoles, très dépendantes des collectivités territoriales.

"Le rapport préconise d’établir une cartographie plus fine des formations supérieures d’art et de design pour identifier les besoins dans chaque région, poursuit la DRAC des Hauts-de-France. Il nous porte donc aussi à considérer les spécificités de l’Ésad de Valenciennes, qui vont manquer à l’offre de formations régionales après sa fermeture."

Un projet impossible à financer ?

"La DRAC fait ce qu’elle peut pour maintenir un enseignement en design d’objets mais j’ai peur que ce ne soit qu’un vœu pieux, regrette Stéphane Dwernicki. L’école de Dunkerque-Tourcoing pourrait, par exemple, accueillir un nouveau département de design mais cela me semble difficile, car il s’agit déjà d’un petit établissement. Ouvrir une formation, adapter les locaux, cela demande des investissements. Et les financeurs sont de petites municipalités, qui ne pourront sans doute pas augmenter leur participation budgétaire."

De son côté, l’Association nationale des écoles supérieures d’art (Andéa) qui fédère les 45 écoles publiques en France, se garde de commenter la situation. "L'Andéa n'est pas partie prenante dans les éventuelles négociations en cours entre la DRAC et les écoles territoriales, mais elle est prête à apporter son concours et son expertise si cela apparaît utile, explique Cédric Loire, co-président de l’Andéa et enseignant en école d’art. Dans le cas de Valenciennes, l'État ne peut pas compenser la contribution de la collectivité territoriale, mais dans ces circonstances, nous attendons qu'il joue pleinement son rôle de tutelle et défende les diplômes nationaux délivrés par les écoles territoriales au même titre que les écoles nationales."

Une situation toujours instable

Selon l’Andéa, la dotation du ministère de la Culture aux écoles d'art territoriales n’a pas été réévaluée depuis dix ans, ce qui équivaut à une baisse de 14% à euros constants.

"Les écoles supérieures d'art connaissent aujourd'hui une situation budgétaire tendue, poursuit Cédric Loire. Après nos alertes, le ministère de la culture a débloqué au printemps dernier une enveloppe de deux millions d'euros supplémentaires : c'est bien, mais il faut engager des actions plus structurelles sur le moyen et long termes pour préserver l'enseignement de ces écoles."

Caroline Celle | Publié le