Régions et métropoles investissent pour accueillir plus d'étudiants étrangers

Juliette Chaignon Publié le
Régions et métropoles investissent pour accueillir plus d'étudiants étrangers
En 2020, les établissements du supérieur français ont accueilli 365.000 étudiants étrangers. // ©  Michael LUMBROSO/REA
Entre 2014 et 2019, la part d’étudiants étrangers a augmenté de 23% en France, d’après l’observatoire territorial de la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs de l'agence Campus France. Une dynamique portée notamment par les régions et métropoles où la répartition des étudiants demeure inégale.

La France attire de plus en plus les étudiants étrangers. En effet, après un léger recul d’attractivité en 2020, dû à la pandémie, les universités et établissements d’enseignement supérieur français ont accueilli 365.000 étudiants internationaux, d’après l’observatoire territorial de la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs de l'agence Campus France, chargée de promouvoir l’enseignement supérieur français auprès des étudiants internationaux.

IDF, AURA et Occitanie concentrent 56% des étudiants étrangers

Cette tendance à la hausse se confirme, après un bond de 23% du nombre d’étudiants étrangers entre 2014 et 2019. Trois régions françaises concentrent les inscriptions : 56% des élèves étrangers étudient en Île-de-France, en Auvergne-Rhône-Alpes ou en Occitanie.

Mais entre 2014 et 2019, plusieurs régions ont gagné en attractivité. La région Paca a connu une hausse de plus d’un tiers des mobilités entrantes. Dans la région Grand Est, l’augmentation est de 28%.

Les territoires d’outre-mer présentent eux aussi des particularités. Seul 1% des étudiants étrangers inscrits en France étudient dans une région ou un département d’outre-mer. Mais par exemple, à Mayotte et en Guyane, 32% et 25% des étudiants inscrits viennent d’un pays étranger, sans être considérés comme des étudiants internationaux. Seule la Guadeloupe connaît un recul d’attractivité, avec une perte de 27% d’étudiants internationaux en cinq ans.

Certaines villes attirent plus les étudiants étrangers que d'autres

Tandis que d'autres régions tâtonnent encore : les régions qui ont le moins progressé entre 2013 et 2019 sont la Normandie et la Bourgogne-Franche-Comté (+14%). Avec de grandes disparités au sein des régions elles-mêmes : en Normandie, la métropole de Caen a attiré 39% d’étudiants en plus, contre 6% à Rouen.

L’attractivité des établissements d’enseignement supérieur français pour les étudiants étrangers se mesure également dans les métropoles. Entre 2013 et 2019, la part d’étudiants internationaux a bondi à Cergy-Pontoise (+53%), dans le Grand Nancy (+38%), à Metz (+33%), à Bordeaux Métropole (+36%), à Nantes (+32%) et dans la communauté d’agglomération de Paris-Saclay (+90%).


Quel est le profil des étudiants étrangers en France ?
Pour l’année 2021-2022, avec 46.000 étudiants, le Maroc est le pays le plus représenté en France. Les pays d’origine les plus fréquents sont l’Algérie, la Chine, l’Italie, le Sénégal et la Tunisie.
Plus des trois quarts des étudiants étrangers sont inscrits à l’université, majoritairement inscrits en licence ou en master.

Des régions en quête de rayonnement international

Depuis 2015, les régions participent à l’élaboration du Schéma régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation (SRESRI). Dans ce cadre, beaucoup valorisent la mobilité sortante, en soutenant les jeunes Français souhaitant étudier à l’étranger.

Des dispositifs sont aussi mis en place pour l’accueil d’étudiants étrangers. En région Paca, un programme européen permet de soutenir l’accueil et l’inscription de doctorants. Avec le programme Connect Talent, doté de 3 millions d’euros en 2020, la région Pays de la Loire a pu cofinancer 60 allocations doctorales. "Les mobilités sont tout d’abord pour les étudiants et les chercheurs, l’occasion de rencontres et d’échanges fructueux. (...) C’est également une source de rayonnement à l’international pour la France et ses territoires", note l’Observatoire territorial des mobilités dans son rapport de mai 2022.

La France, sixième pays d'accueil, doit consolider son attractivité

Les étudiants étrangers apportent aussi des retombées économiques : 4,7 milliards d’euros par an directement investis dans l’économie en 2014. Et les étudiants étrangers dynamisent certaines métropoles : ils représentent près de 3% de la population dans le Grand Nancy, par exemple.

Les métropoles investissent également pour la mobilité entrante, aussi bien en matière de ressources humaines que de budget. Le Havre Seine Métropole consacre au total 480.000 euros à la mobilité entrante d'étudiants et chercheurs. "Le choix de favoriser ou non la mobilité entrante par des bourses différencie nettement les métropoles et les stratégies d’internationalisation au niveau local", relève l’Observatoire territorial des mobilités.

Les étudiants étrangers sont de plus en plus nombreux en France mais l'attractivité du pays reste à consolider. À l’échelle mondiale, la France se place sixième pays le plus attractif pour la mobilité étudiante. En Europe, la France n’est que le neuvième pays de destination des étudiants européens. Depuis 2019, une politique tarifaire différenciée a été adoptée : les étudiants étrangers non européens déboursent entre 2.770 euros (licence) et 3.770 euros (master) pour s’inscrire à l'université.

Juliette Chaignon | Publié le