A. de Navailles (Kedge) : "Pour développer nos activités, il faut se projeter à l'international"

Agnès Millet Publié le
A. de Navailles (Kedge) : "Pour développer nos activités, il faut se projeter à l'international"
Kedge a inauguré son campus parisien en février 2023. // ©  photo fournie par l'établissement
Après l'inauguration du campus parisien de Kedge, en février, Alexandre de Navailles, son directeur évoque pour EducPros les ambitions de l'école de commerce, avec en ligne de mire une croissance à l'international en Chine, en Afrique ou encore en Inde.

Vous êtes à la direction de Kedge BS depuis 2020. Comment l'école se porte aujourd'hui ?

L'année 2022-2023 a été une belle année pour Kedge. Nous continuons notre développement, dans une trajectoire ascendante et favorable. Le programme grande école (PGE) se place 10e au Sigem, une position que nous souhaitons conforter.

Alexandre de Navailles
Alexandre de Navailles © Photo fournie par le témoin

En parallèle, nous avons ouvert de nouveaux programmes. Au total, nous avons aujourd'hui 15.000 étudiants dont 11.500 en formation initiale.

Après la finalisation des travaux du campus marseillais, vous avez inauguré votre campus parisien qui s'est étendu de 3.000 à plus de 6.000 m². Quel est votre objectif de croissance ?

Aujourd'hui, il est logique d'être à Paris pour une école de management. Tout le monde y est. Il y a un an, nous proposions des mastères spécialisés et de la formation continue. Depuis la rentrée, nous y avons développé notre bachelor qui y accueille 90 étudiants.

Nous avons encore un bon potentiel de développement dans notre campus de Paris, où nous pourrons passer de 1.000 à 2.200 étudiants d'ici 2025. La croissance sera portée par nos formations post-bac d'autant que 50% des candidats au concours Sésame sont franciliens. Cela nous permet de répondre aux attentes des familles.

Nous avons encore un bon potentiel de développement dans notre campus de Paris, où nous pourrons passer de 1.000 à 2.200 étudiants d'ici 2025.

Nous envisageons aussi d'y ouvrir d'autres bachelors et d'autres mastères spécialisés en lien avec nos expertises (management des arts et management du vin mais aussi supply chain, achat, DD, finance) et peut-être d'y proposer notre PGE. Ce campus est aussi une porte d'entrée pour les internationaux qui sont au nombre de 2.500 à Kedge.


Doubler le chiffre d'affaires de l'Executive Education
Dans son plan stratégique 2025, Kedge prévoit de doubler le chiffre d'affaires de la formation continue, passant de 10 à 20% du budget. "Il y a une demande croissante pour former les cadres et les dirigeants des entreprises de taille intermédiaire. Nous proposons des formations executive sur nos campus bordelais et marseillais. Mais ce type de formation est particulièrement adapté au contexte parisien où nous pourrons les développer", précise Alexandre de Navailles.

Avec de tels effectifs et ces ambitions, Kedge peut-elle rester une école à taille humaine ?

Oui, car nos effectifs se répartissent sur plusieurs campus. Le site de Bordeaux compte 6.500 étudiants et ils sont 5.000 à Marseille et 500 à Toulon. Nous en avons aussi 2.500 qui étudient à l'international. Excepté Paris, nous n'avons pas l'intention d'augmenter significativement ces chiffres.

Autre atout pour rester proche des élèves : nous avons les effectifs de professeurs qui correspondent aux effectifs étudiants et près de 700 collaborateurs, au total. Nous comptons aussi sur le fait que les étudiants s'organisent, notamment via leurs délégués. Et nous faisons beaucoup de coaching avec les étudiants.

En 2022, après Bayonne, Bastia et Avignon, vous annonciez un quatrième campus associé, en Nouvelle-Aquitaine. Est-ce une volonté de s'implanter au plus près des territoires ?

L'offre de formation d'enseignement supérieur dans le commerce est essentiellement concentrée dans les métropoles. Mais il y a une demande des familles et des entreprises des territoires. Nous travaillons toujours sur ce projet d'un campus associé en Nouvelle-Aquitaine, qui pourrait ouvrir à l'horizon de la rentrée 2024. Par la suite, d'autres villes pourraient être concernées mais nous n'avons pas de cible, de chiffres… Ce sont les territoires qui nous sollicitent.

Ce sont les territoires qui nous sollicitent.

Ces projets sont complexes à monter. Ces campus associés délivrent le même bachelor, visé, que nos campus en propre. Il nous faut respecter les règles du ministère (ouverture, accompagnement des étudiants, cours), que nous imposons à nos campus associés qui appartiennent aux CCI.

Les chambres de commerce mènent le recrutement étudiant, mobilisent leurs professeurs – et les nôtres y enseignent aussi. Car la formation suit nos règlements, nos maquettes pédagogiques et nos examens. In fine, les étudiants, qui payent les mêmes frais de scolarité que sur nos campus propres, sont diplômés de Kedge. Tout cela demande une logistique.

Avez-vous des projets dans le domaine de l'entrepreneuriat ?

L'entrepreneuriat est un vrai marqueur pour Kedge et c'est un point différenciant. Nous avons 300 projets cette année, en pré-incubation, incubation et en accélération et des espaces dédiés dans chaque campus. Nous nous démarquons par la qualité des équipes, qui proposent des cours à distance et en présentiel.

Nous avons aussi nos deux écoles entrepreneuriales pour des jeunes issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) ou de milieu rural. Ces bacheliers arrivent avec un projet, incubé pendant trois ans. En parallèle, ils suivent des cours pour valider notre bachelor, dans des promotions de 15 à 20 personnes. Les frais de scolarité, ainsi que leurs frais de vie, sont payés par la Fondation.

L'entrepreneuriat est un vrai marqueur pour Kedge et c'est un point différenciant.

Nous avons fait la troisième rentrée à Marseille et la deuxième à Bordeaux. Le modèle fonctionne bien et nous allons l'ouvrir en Seine-Saint-Denis en 2023 ou 2024 – nous sommes en train de rassembler les financements.

Au total, nous accompagnons près de 80 jeunes et nous monterons jusqu'à 100 ou 120. Pour savoir quel pourcentage d'entre eux valideront le bachelor, il faut attendre la sortie de la première promotion, en juin 2023. Nous ferons l'état des lieux l'an prochain.

L'école se déploie fortement à l'international et, tout d'abord, en Chine (Shanghai et Suzhou). Un développement que vous souhaitez accélérer ?

La Chine s'ouvre à nouveau depuis quelques mois. Nous avons accueilli un peu plus de 200 étudiants chinois cette année sur nos sites français. C'est une bonne nouvelle.

Nous avons confirmé notre volonté de rester en Chine. Car il y a de la place pour l'enseignement supérieur français.

Nous nous sommes bien sûr interrogés sur notre stratégie et nous avons confirmé notre volonté de rester en Chine. Car il y a de la place pour l'enseignement supérieur français. De plus, nous avons la chance d'avoir des équipes sur place et de très bonnes relations, solides, avec nos partenaires chinois. Nous travaillons à développer ces activités, par exemple, en formation continue.

Les campus sénégalais et ivoirien vont-ils se développer ? Avez-vous d'autres projets de développement comme vous l'annonciez en 2021 ?

Nous voulons développer nos sites de Dakar (Sénégal) et Abidjan (Côte d'Ivoire). Le premier accueille 700 élèves en formation initiale et autant en formation continue. Le deuxième, ouvert il y un an de demi, accueille 200 étudiants. Il vise les mêmes effectifs que le campus sénégalais.

Il y a un potentiel de développement et nous nous focalisons sur ces deux projets. Il y a beaucoup de pays en Afrique où la situation s'est complexifiée. Au Maghreb, nous développons des partenariats de formation continue avec l'Université Mohammed VI, à Casablanca (Maroc).

Oui, nous avons envie de nous déployer à l'international car le marché français va arriver à un plateau démographique en 2030.

En revanche, nous avons mis de côté le projet d'ouvrir des programmes dans un pays anglo-saxon. Nous avons beaucoup à faire dans les pays déjà cités. L'Europe est saturée car l'offre est déjà énorme. Le potentiel pour se développer est plus complexe.

Par ailleurs, vous venez de monter un premier projet en Inde…

En Inde, nous avons ouvert notre International BBA à la rentrée 2022, avec un partenaire. On peut aller plus loin. Il existe un vrai marché : la demande est forte et l'offre pas nécessairement ajustée.

Mais oui, nous avons envie de nous déployer à l'international car le marché français va arriver à un plateau démographique en 2030. Donc si l'on veut continuer à développer nos activités, il faut que l'on se projette à l'international.

Agnès Millet | Publié le