François Germinet (SGPI) : "De la maternelle au doctorat, nous devons travailler à l'attractivité des sciences"

Malika Butzbach Publié le
François Germinet (SGPI) : "De la maternelle au doctorat, nous devons travailler à l'attractivité des sciences"
François Germinet // ©  Tristan Reynaud/Sipa
Au sein du secrétariat général pour l'investissement (SGPI), chargé de déployer le programme France 2030, le pôle "Connaissance" travaille sur un large champ d'action, de la formation à la recherche en passant par la culture. Son directeur, François Germinet, ancien président de CY Cergy Université, explique à EducPros ses priorités.

Vous avez été nommé le 16 janvier à la tête du pôle "Connaissance" du secrétariat général pour l'investissement (SGPI). Quels sont vos champs d'action ?

Le SGPI s'est transformé pour s'organiser en six pôles. La grande majorité sont thématiques et concernent le développement économique via le financement d'entreprises. Le pôle Connaissance est, quant à lui, transversal.

Cette organisation simplifie les choses pour travailler ensemble : il est plus facile d'être mis en relation de manière bilatérale, par exemple avec l'Agence de l'innovation en santé ou encore le pôle Souveraineté numérique.

Le champ d'action du pôle "Connaissance" va de la maternelle au doctorat.

Le pôle "Connaissance" porte bien son nom car son champ d'action va de la maternelle au doctorat. Nous accompagnons la production de connaissances mais aussi leur diffusion : cela va donc de la recherche à son application dans les start-up par exemple, via le transfert de technologies. Le pôle concerne également la formation, qu'elle soit initiale ou tout au long de la vie. Enfin, la culture, à travers les industries culturelles et créatrices, est également un de nos champs d'action.

Quels sont les grands axes de France 2030 et comment votre pôle y contribue ?

France 2030 est tournée vers l'innovation, la recherche, la formation et l'industrialisation à travers dix objectifs listés par le président de la République. Ces objectifs se classent en trois grands axes : mieux produire, mieux vivre et mieux comprendre le monde.

Pour les atteindre, plusieurs leviers existent. Dans notre cas, il s'agit du développement de compétences à tous les niveaux de qualification ainsi que l'accélération de l'écosystème de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Former davantage de personnes

Pour atteindre les objectifs de France 2030, l'acquisition des compétences nécessaires est aussi importante que la maîtrise de certaines technologies clés ou le besoin de certains métaux rares. Il faut former davantage de personnes, jeunes ou en reconversion professionnelle, à l'industrie, d'où l'appel à manifestation d'intérêt "Compétences et Métiers d'Avenir".

 Notre objectif est fixé à un million de diplômés d'ici 2030. Après cette échéance, nous visons 400.000 apprenants par an au sein des formations que nous aurons financées.

Quelles sont vos actions à destination des élèves et étudiants, notamment pour la formation initiale ?

Nous devons travailler sur l'attractivité des sciences et des technologies alors que dans ces filières, les effectifs diminuent. Cela s'explique par deux phénomènes : la baisse des naissances dans notre pays et l'effritement de l'appétence des jeunes pour ces questions scientifiques et techniques.

Concrètement, comment redonner de l'attractivité à ces filières ?

Dès lors, nous agissons sur trois niveaux :

  • Dans le secondaire, voir dès le primaire, il faut développer l'appétence des élèves pour les filières scientifiques et technologiques. Cela peut se faire en passant par la sensibilisation aux enjeux derrière ces connaissances, comme le climat ou la biodiversité.

  • Pour le bac-3/bac+3, nous travaillons à la revalorisation des voies professionnelle et technologique, notamment par l'évolution de la carte des formations et le développement des campus des métiers et qualifications. On l'a vu avec les dernières annonces sur le lycée professionnel mais cela concerne aussi les BTS ou encore les diplômes bac+1.

  • Concernant le niveau bac+5 et après, il nous faut amener des jeunes à des masters ou doctorats d'excellence sur les sujets des nouvelles industries. Pour cela, il va falloir améliorer l'attractivité de nos établissements à l'international.

Le SGPI pilote l'une enveloppe de 54 milliards d'euros de France 2030. Comment s'assurer que les projets retenus et accompagnés demeurent après l'arrêt des financements publics ?

Pour l'enseignement supérieur, nous finançons des projets de transformation, que celle-ci soit institutionnelle ou qualitative. Le financement s'arrête donc une fois que la transformation est effective.

Pour les projets qui reposent sur la modification de l'offre de formation, comme la création de cursus et de places, les projets proposés doivent prévoir un modèle économique pérenne, par exemple via l'apprentissage ou la formation continue. C'est une condition sine qua non pour être retenu.

France 2030 n'a pas vocation à financer les dépenses récurrentes des laboratoires

Concernant la recherche, les programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) créent un appel d'air pour les doctorants et post-doctorants. À la fin des financements prévus, la loi de programmation de la recherche (LPR), qui sera montée en puissance, pourra prendre la relève. France 2030 n'a pas vocation à financer les dépenses récurrentes des laboratoires et des établissements du supérieur.

France 2030 veut répondre aux défis de demain, notamment ceux liés à l'environnement. Sur ce sujet, comment travaillez-vous ?

Pour répondre aux enjeux de développement durable, le législatif est important mais l'incitatif a également ses vertus. Au sein du SPGI, les projets que nous examinons doivent systématiquement prendre en compte ces enjeux.

 Dans la vague 3 de l'appel à projet ExcellencES, de nombreux établissements se sont transformés en intégrant la dimension de la transition écologique. Pour la recherche, les PEPR ont tous une dimension verte.

 Enfin, pour la seconde saison des appels à manifestation d'intérêts "Compétences et Métiers d'Avenir", le cahier des charges exigera une prise en compte des enjeux écologiques dans les formations.

Malika Butzbach | Publié le