Thierry Mandon, VRP des innovations pédagogiques

Céline Authemayou Publié le
Thierry Mandon, VRP des innovations pédagogiques
Le parcours Pluripass de l'université d'Angers fait partie des neuf innovations pédagogiques retenues par Thierry Mandon. // ©  Virginie Bertereau
Après avoir multiplié les déplacements dans les universités sur le thème des innovations pédagogiques, Thierry Mandon a dressé un bilan de son tour de France, jeudi 30 mars 2017. Tenu par le devoir de réserve, le secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur s’est quand même permis de “suggérer” quelques axes politiques, afin de soutenir ces initiatives.

Toulouse, Angers, Perpignan, Grenoble, Mulhouse... Pendant plusieurs mois, Thierry Mandon a sillonné la France, à la rencontre des acteurs universitaires impliqués dans des actions d'innovation pédagogique. En véritable défenseur de la cause, le secrétaire d'État a présenté, jeudi 30 mars 2017, neuf initiatives représentatives, selon lui, de ce qui doit être fait en la matière.

"L'échec en licence représente environ 200 millions d'euros de dépenses, a rappelé Thierry Mandon. Il y a donc 200 millions disponibles pour financer des initiatives", que ce soit à destination de l'orientation des étudiants, à la création de nouveaux modèles pédagogiques ou encore au soutien des projets étudiants en la matière.

"Il faut des financements globaux"

Bien que tenu par son droit de réserve à trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le secrétaire d'État s'est tout de même permis de lancer quelques pistes de réflexion. Parmi elles, le besoin de reconnaître l'implication des enseignants-chercheurs en matière de pédagogie, dans leur plan de carrière, mais aussi la nécessité d'engager des budgets pérennes dans ce domaine. "Il faut des financements globaux et non plus des appels à projets : nous n'en sommes plus à la phase d'amorçage..."

Une remarque qui trouve un écho particulier, lorsque le CGI (Commissariat général à l'investissement) a fait de l'innovation pédagogique et de la transformation numérique des établissements l'un des axes forts de la troisième saison du PIA (Programme des investissements d'avenir). "Mais je n'ai rien vendu, j'ai seulement suggéré", a souri Thierry Mandon.

En matière d'innovation pédagogique, il faut des financements globaux et non plus des appels à projets : nous n'en sommes plus à la phase d'amorçage..."
(T. Mandon)

Les équipes, poissons-pilotes des initiatives

Programme Pluripass porté par l'université d'Angers, Cepi (Contrat enseignant pédagogie innovante) à l'université de Perpignan-Via-Domitia, initiatives pédagogiques étudiantes à Lyon 1... Les projets présentés lors de cette matinée sont déjà bien installés dans le paysage. Qu'ils s'attaquent au décrochage, à l'orientation ou au renouvellement des maquettes pédagogiques, tous ont un point commun : ils sont portés par des équipes motrices.

"Notre projet n'aurait pas pu venir d'en haut, témoigne Anne Lacroix, vice-présidente formation de l'université de Perpignan. Il a pu se mettre en place grâce au soutien fort de la présidence." Si la petite taille de l'établissement a facilité la mise en place de l'initiative – grâce à l'agilité de la structure –, elle a également compliqué le dossier : "Nous manquons de moyens, qu'ils soient humains ou financiers", concède Anne Lacroix.

Des projets POUVANt faire appel à des mécènes privés

Un constat que partagent d'autres acteurs, d'autant que certains programmes présentés ce 30 mars coûtent cher, si l'on s'en tient au ratio coût par étudiant. Le DU (diplôme universitaire) PassPro, porté par l'université de Saint-Étienne, qui s'adresse aux bacheliers professionnels, représente par exemple un investissement de 170.000 euros pour 23 étudiants.

Depuis trois ans, nous portons nos projets à bout de bras.
(C. Braconnier) 

Certains, à l'image de l'université de Haute-Alsace pour son DU "projet orientation solidaire", ont donc décidé de faire appel à des mécènes privés, EDF en l'occurrence. Même stratégie à Science po Saint-Germain. Le financement de son programme de démocratisation, d'un budget annuel de 55.000 euros se fait pour moitié via le mécénat privé, via la fondation de l'établissement.

"Depuis trois ans, nous portons nos projets à bout de bras, souligne Céline Braconnier, directrice de cet IEP à la double tutelle universitaire (Cergy-Pontoise et Versailles-Saint-Quentin). Nous savions que les budgets publics étaient restreints, mais pas à ce point-là ! Nous nous épuisons à la tâche..."

Si l'IEP a répondu à quelques appels à projet dédiés à l'innovation pédagogique, "nous ne sommes pas assez gros pour remporter le morceau. Répondre aux appels constitue un vrai métier, admet la directrice. La visite de Thierry Mandon a été pour nous une vraie reconnaissance. Mais, désormais, nous avons besoin de ressources." Un appel qui ne pourra trouver un écho qu'avec la prochaine équipe ministérielle.

Les neuf innovations pédagogiques présentées :
Orientation et accompagnement des étudiants
- Pôle réussite, université Lyon 3
- Programme de démocratisation, IEP de Saint-Germain-en-Laye
- DU Passpro, université de Saint-Étienne

Nouveaux modèles pédagogiques
- UHA 4.0, université de Haute-Alsace
- Pluripass, faculté de médecine de l'université d'Angers
- Contrat enseignant pédagogie innovante, université de Perpignan-Via-Domitia

Les étudiants, acteurs de la pédagogie
- Initiatives Pédagogiques Etudiantes, faculté de médecine, université Lyon 1
- Tutorat Paces, université de Saint-Étienne
- Projet orientation solidarité, université de Haute-Alsace (et Cnam)
 

Céline Authemayou | Publié le