Laurent Champaney, directeur des Arts et Métiers et président de la Conférence des grandes écoles (CGE), rappelle d'entrée de jeu le contexte : chaque année, 20.000 ingénieurs manquent aux entreprises en France. Par ailleurs, la loi Industrie Verte, adoptée en juillet 2023, fixe un objectif de formation annuel de 50.000 ingénieurs d’ici 2027.
Face à ces enjeux, l'école souhaite créer de nouvelles implantations et élargir son offre de formations. Son objectif : passer de 2.000 à 3.000 diplômés par an, d'ici quatre ans.
"Nous avons toujours cherché à répondre au besoin en compétences de l'industrie, au sens le plus large du terme, explique Laurent Champaney. Nous avons construit notre stratégie en fonction des besoins des industriels, dans une volonté de former plus, tout en maintenant notre savoir-faire."
Un campus Arts et Métiers à Rabat en 2024
Le Maroc continue d'attirer les établissements d'enseignement supérieur français. Arts et Métiers ne fait pas exception. L'école ouvre un campus à Rabat, en 2024, en collaboration avec le ministère de l'Industrie et du Commerce du Maroc.
En attendant la fin de la construction du campus et l'accréditation du diplôme d'ingénieurs par la CTI, la première promotion d'une douzaine d’étudiants a débuté son cursus sur le campus de Metz, ce mois-ci. L'objectif est d'atteindre les 100 diplômés par an.
La quinzaine d'étudiants en bachelor rejoindront, quant à eux, le campus de Technopolis-Salé de l'université Mohammed VI Polytechnique, à la rentrée prochaine. À terme, le campus aura une capacité d'accueil de 1.000 étudiants.
Un nouveau site au Havre en 2027
Arts et Métiers renforce également son maillage territorial dans l'Hexagone. Déjà implantée dans 11 villes en France, l'école va ouvrir un campus au Havre, pour la rentrée 2027.
Sollicités par la Région Normandie, "nous avons fait un état des lieux des thématiques et des besoins en compétences sur ce territoire. Il y a des besoins sur des sujets tels que la décarbonation du transport maritime, la production des énergies vertes, la logistique portuaire…", précise Laurent Champaney. D'ici dix ans, l'école souhaite diplômer, chaque année, 125 ingénieurs du PGE et 100 élèves de bachelors.
Le campus a été pensé avec l'université du Havre, dans le cadre du Contrat plan État-Région. Le bâtiment accueillera les formations d'Arts et Métiers ainsi que celles de l'IUT, permettant la mutualisation des plateformes technologiques.
Une formation en partenariat avec l'ISTP, à Saint-Etienne
L'école d'ingénieurs renforce aussi son offre de partenariats académiques. Déjà associée à AgroParisTech, l'Enac ou encore l'École navale, Arts et Métiers met en place un partenariat "structurant" avec l'ISTP, institut de formation en alternance d’ingénieurs de spécialité, situé à Saint-Étienne.
Déjà 18 apprentis ont effectué leur rentrée en parcours d’ingénieur de spécialité "mécanique et mécatronique" en alternance. L'école d'ingénieurs indique, là encore, qu'il s'agit d'une formation qui répond aux attentes des acteurs économiques et industriels locaux.
D'ici 2027, 60 élèves seront diplômés, chaque année. Selon l'ISTP, ce partenariat s'accompagnera d'une collaboration scientifique : des travaux communs de recherche sont prévus.
Développer l'employabilité avec la formation continue
La recherche de nouveaux profils passe aussi par la formation continue. Créée en 2021, AM Talents opère l'offre de formation continue et la formation en alternance de l'école. Aujourd'hui, le chiffre d'affaires de la formation continue atteint déjà 2,2 millions d'euros par an. L'objectif d'ici à 2027 est de 5 millions d’euros.
En 2023, cette filiale a lancé de nombreux programmes, dont 14 mastères spécialisés. Arts et Métiers ambitionne d'être identifiée sur la formation continue autour de trois thématiques : "technologies, outils et digital au service de la performance industrielle", "mise en œuvre de la transition environnementale" et "culture et management industriel".
Deux diplômes sur la thématique de l'intelligence artificielle ont ainsi vu le jour : un diplôme d’établissement sur l'IA frugal, à distance "AI tech ready" et une spécialisation postgraduate "Industrie digitale et IA" en partenariat avec Data ScienceTech Institute.
L'école a également lancé un partenariat avec l'Escca, une école de commerce, pour ouvrir à la rentrée 2024 un MBA "Business and Technology" en ligne.
