L’INSP (ex-ENA), créé pour diversifier les profils des hauts fonctionnaires

Amélie Petitdemange Publié le
L’INSP (ex-ENA), créé pour diversifier les profils des hauts fonctionnaires
L'INSP remplace l'ENA : des profils plus diversifiés, et un plus de pratique dans l'enseignement. // ©  Elodie Meynard
Jean Castex a inauguré l'Institut national du service public à Strasbourg, vendredi 28 janvier. Il annonce aussi la création de 400 nouvelles places en Prépa Talents pour atténuer l’élitisme dans la formation des hauts fonctionnaires.

Le Premier ministre, Jean Castex, a inauguré, vendredi dernier à Strasbourg, l'Institut national du service public. L’INSP, dirigé par Maryvonne Le Brignonen, remplace l’ENA depuis le 1er janvier.

"Nous devons aujourd’hui changer radicalement la manière dont on recrute, dont on forme, dont on sélectionne, dont on construit les parcours de nos hauts fonctionnaires", avait déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, en avril dernier.

L’objectif affiché du gouvernement est de sortir autant que possible de l’élitisme en diversifiant les profils des élèves. "Nous laisserons plus de place à la motivation et à la personnalité des candidats lors des épreuves. Sans renier la culture méritocratique, nous voulons que le recrutement soit plus le reflet de la France d’aujourd’hui", a assuré le cabinet du Premier ministre à la presse la veille de l’inauguration.

Assurer la diversité des profils des futurs hauts fonctionnaires

Le gouvernement a ainsi annoncé l’ouverture pour la rentrée prochaine de 400 nouvelles places en Prépa Talents, pour les étudiants méritants aux profils atypiques ou boursiers de l’enseignement supérieur. Elles s'ajoutent aux 1.200 places des 74 classes Prépa Talents créées à la rentrée 2021.

L’annonce de ce nouvel institut, en avril dernier, avait soulevé un certain scepticisme. L’INSP serait-il identique à l’ENA mais sous un nouveau nom ? "Non, l’INSP ne se réduit pas à un changement de logo ou à un coup de peinture sur l’ancien système", a martelé Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Cette réforme bénéficie de 5,75 millions d’euros dans le cadre de la loi de finances 2022.

La maquette pédagogique sera notamment rénovée pour donner plus d’importance aux compétences pratiques et de terrain. Des stages opérationnels seront réalisés en France et à l’étranger. Une phase de spécialisation permettra aussi de se préparer au métier de sortie.

Création d’un tronc commun aux écoles de service public

Depuis septembre dernier, un module commun à 15 écoles du service public a par ailleurs été créé. L’INSP assure le pilotage de ce tronc commun. Dispensé en ligne à 1.400 élèves, il comporte cinq thèmes : transition écologique et numérique, laïcité, rapport à la science et aux inégalités sociales. Des nouveaux enseignements sont par ailleurs en réflexion, sur la souveraineté et la conduite de projets. "Nous travaillons aussi à une expérience de terrain collective", a ajouté le cabinet d’Amélie de Montchalin.

La création de l’INSP induit la suppression de la sortie directe dans les grands corps de l’Etat pour les élèves de la "botte" (les 15 meilleurs de la promotion). Des alternatives au classement de sortie devront être mises en œuvre d’ici 2023 ou 2024.

Développer les liens entre l'INSP et l’enseignement supérieur

Le gouvernement veut par ailleurs renforcer les liens entre l’INSP et le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. Un corps professoral permanent d’enseignants chercheurs sera notamment créé au sein de l’INSP et l’institut promouvra et financera des activités de recherche dans les domaines de l’action publique.

Des partenariats seront également noués avec des universités de dimension internationale, comme la Harvard Kennedy School, la Blavatnik School of Governement d'Oxford, la Hertie School de Berlin ou le Collège de Bruges.

"Toutes ces modifications se feront dans la durée, on ne va pas changer toute la scolarité en un an", prévient le cabinet de la ministre de la Transformation publique. Les voies d’accès devraient par exemple être réformées en 2024. Une convention d’objectifs et de moyens reflétant les priorités stratégiques de l’institut sera finalisée d’ici la fin du premier semestre 2022.

Amélie Petitdemange | Publié le